confusion

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les larmes glissent le long de mes joues. que dois-je faire, maman ? dis-moi ce que je dois faire et je le ferai. tu ne m'écoutes même pas. tu réponds à ce que tu entends et pas à ce que j'ai dit. à cause de toi, je suis confuse et dans tous mes états. je pleure sur mes feuilles et ça semble ne pas vouloir s'arrêter.

est-ce un mélange de colère, de tristesse, de rage, de désenchantement, de désillusion et de déception ? tout à fait. un début de dépression ? peut-être.

que sommes-nous maman ? selon toi tout va bien. selon moi tout va mal. n'y a-t-il pas un problème clair ? tu te contredis, maman. tu me dis que tu es fière de moi et que je suis parfaite mais ça sonne faux. ça sonne faux parce que tu résonnes comme moi : on est les mêmes. tu sais juste qu'il est bien d'encourager les autres de temps en temps. simple convention.

mais à côté de ça, tu me fais des crises de jalousie. tu me fais choisir entre l'amour et la famille, tu me fais sentir comme une moins que rien, une ratée. tu me blâmes dès que tu le peux.

et c'est ça qui me fait pleurer. tu ne me causes plus, nous n'avons plus de discussions divertissantes. tout n'est que blâme et blâme, « tu aurais pu » et « tu aurais dû ». je n'en peux plus maman. dès que je te vois mon ego baisse un peu plus.

je me suis surprise à vouloir frapper dans un mur et à m'ensanglanter les doigts comme au bon vieux temps. mais qu'est-ce que le temps ? est-ce ça la désillusion ? ai-je cru en une amélioration de la situation alors qu'elle s'empire ?

j'en peux plus, maman. j'en peux plus. il n'y a aucun choix que je fais qui te plaît, aucune décision que je prends que tu aimes, aucune action que je fais que tu approuves.

tu devrais faire plus de sport.
– regarde, maman ! j'ai passé mon blocus à changer mon physique !

si tu continues de maigrir je te mets une perfusion.
– regarde, maman ! je reprends du poids !

le sport ce n'est pas important. tu devrais prendre soin de ta santé mentale.
– regarde, maman ! je passe du temps avec mes amis, j'aime Simon et je passe du temps chez lui. il me donne de l'attention.

ne veux-tu pas devenir médecin ? si tu avais travaillé tu aurais réussi cet examen d'entrée !
– regarde, maman ! je suis forte dans d'autres études aussi ! j'ai tout réussi en première session avec une grande distinction !

si tu arrêtes le piano, ça prouve seulement que tu n'as pas de discipline et que tu es incapable de terminer quelque chose que tu as commencé.
– regarde, maman ! j'ai continué le piano contre mon gré pour te prouver que je te mérite !

tes études sont petites et faciles en même temps. arrête de voir ton copain : tu aurais pû annuler avec lui samedi passé pour me voir mais ça ne t'a même pas traversé l'esprit !
– regarde, maman ! ce week-end-ci j'aurai annulé pour toi. seulement parfois, je pense que tu ne le mérites pas...

puis tu dis vouloir mourir, et ça me brise le coeur en morceaux. je ne veux pas que tu partes, maman, alors je fais des efforts pour être près de toi. malgré cela, quand est-ce que ce sera assez ? moi aussi je souffre – sûrement moins que toi – mais je meurs à petit feu.

on raconte toujours que les nuages sont de gros matelas sur lesquels on peut flotter autour du monde. j'aurais une vue splendide de là-haut.

3 novembre 2022, 22:27

Mes pensées ne s'éteignent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant