Révisions

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Quand le train siffle à son passage et que doucement se faufile ton visage entre mes bras, j'ai la sensation d'une première gorgée d'eau après un long périple dans le désert, où le sable me brûlait les pieds et où le soleil convoitait ma peau. Si la douceur d'une vague me libère les esprits, les dunes, au contraire, me semblent sans fin. Lorsqu'un bout de la falaise se brise et que je dois le remonter, j'entame une ascension perpétuelle où je ressens tes abréviations. Serait-ce irréfléchi que de se laisser tomber dans l'oubli ?
Les sensations sont une danse colorée qui ne s'arrête de mûrir, les fruits d'une saison me rappellent la passion de l'horizon, quand bien même celui-ci se profile sous le sol, le feu reste et brûle dans mon cœur pour cet étrange personnage empli de saveur.
Que sont deux printemps lorsqu'un arbre doit grandir ? Lorsqu'un papillon doit mourrir ? Tout me paraît arbitraire – même le temps – car l'éternel ne recommence. Puis si, tel le sablier, ma vie file entre les mailles en verre d'un récipient transparent, les perceptions vaporeuses finissent par revenir.
Je ne sais à quel point il est possible d'aimer. Le vase finit-il par se remplir ? Si, lorsque je lance un cailloux dans un puit, on n'entend pas le fond, cela veut-il dire que mon âme n'a pas de limite ? Que l'amour qui déborde de moi ne cessera jamais ? Comme une fontaine de jouvence, le grenier est un trésor caché qui l'hiver gèle les doigts et l'été brûle les mois, tout comme la nuit cache les rois.
Non, je ne pense pas qu'il existe un fond à mon bocal de poissons. Je pense aimer infiniment sans qu'à un instant cet amour ne s'arrête. On dit souvent que l'amour est sur un petit nuage pendant un an, mais cette semaine, l'année a duré 730 jours et des nuits pacotilles.
Quand la hotte est allumée et que les pensées s'abattent sur nous, quand on se sent oppressé par ce bruit soudain qui crée un sentiment d'asphyxie, doit-on éteindre tout ?
Je souhaite ne jamais avoir de papier sous la main afin de ne pas t'enterrer sous une pile d'arbres. L'encre fertiliserait ton sol et l'amour qui y est déversé composterait ton esprit.

Rappelez-vous ce que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux

Non, non, ne te rappelle-toi de rien. Oublie les horreurs d'un autre monde que l'on ne connaît pas. Qu'est-ce que la réalité, de toute façon ? Elle n'existe que si on la crée. Alors, prenons-nous la main,

Et dansons,

Car une ballade qui ne s'arrête pas, où nos pied fatiguent et nos cœurs s'emballent, c'est comme si je te chantais l'élégie de la passion. Le hiboux nocturne nous éclairerait le chemin. C'est la fugue d'une vie, vois-tu. Allons, n'aies pas peur. Prenons-nous la main.

Et dansons.

8 mais 2023, 22:17

Mes pensées ne s'éteignent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant