cave noyée

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j'ai l'impression de ne plus exister. mon coeur bat comme un pendule arrêté. mon souffle réchauffe l'espace environnant au lieu de guider. mes sentiments s'évadent et mon cerveau bousille.

incapable d'aligner deux pensées constructives.

incapable de me lever et de bouger.

incapable de manger.

j'ai peur de cette passivité qui me mange petit à petit. j'ai peur de cette difficulté à me concentrer et à rester motivée. j'ai peur d'échouer.

alors je ferme les yeux, je glisse sous ma couette et j'oublie le monde. j'oublie le monde et ses soucis, j'oublie les gens et leurs malheurs et j'oublie qui je suis et pourquoi je vis. je me surprends à rêver de ma mort et de tous ses péchés. je me surprends à crier à l'aide en silence pour m'aider. la pièce est noire et sombre et l'oiseau est mouillé. il peine à voler. il s'est laissé abattre sur le dos de ma main et des gouttes d'humidité tombent du plafond. il fait noir dans cette cave. les murs, d'abord peints en blanc, tournent au vert à cause de la mousse qui se forme sur les coins. leur surface n'est ni lisse, ni douce. je ne vois que picots qui me transperceraient la peau et qui réanimeraient mes maux. les ampoules jaunâtres clignotent dans le coin gauche juste devant moi. l'eau coulant de mon visage dérange mes cils.

l'escalier pour sortir du bunker me paraît loin. je ne vois quasi rien. il fait noir dans cette cave et mes pieds nus baignent dans l'eau glacée. mes habits sont trempés. l'oiseau est tout mouillé. il va bientôt geler.

je le serre contre ma peau de toutes mes forces mais, rien à faire, je suis blafarde et mon coeur ne bat plus. mes joues se sont creusées avec le temps et aucune énergie n'émane de mon corps.

l'escalier... je le vois grâce au seul rayon de lumière du soleil. il apparaît encore un instant, puis les lumières s'éteignent. je suis dans le noir.

suis-je réellement mouillée ? est-ce que ce sont les larmes qui font croire à mon cerveau que je vais me noyer ?

l'espace se remplit d'eau. l'escalier est trop loin. le petit oiseau est mort et je n'ai aucun chagrin. j'aimerais qu'on me laisse sortir car l'eau atteint mon cou. je n'ai aucune force de me lever alors que l'eau continue de monter. j'ai froid. c'est glacé.

alors que la dernière bulle d'air sort de mes poumons, une pensée éclaire mon esprit : qui m'a enfermé ici ?

15 janvier 2023, 15:55

Mes pensées ne s'éteignent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant