PRISONER'S T1

5.

Lui

Putain ! Fait chier, à cause de l'autre enfoiré, j'ai 4 jours d'isolement !
Quand je repense à ses remarques et sa tête à la fin, j'ai qu'une envie, c'est de rire. Mais pour l'instant, je vais juste me faire chier pendant 4 jours.

4 jours, sans pouvoir passer à l'infirmerie, à cette remarque, j'esquisse un sourire. Cette blonde, je sais plus son nom, mais elle m'intrigue. Sa façon de rougir et de parler avec moi..
Je l'avais dit, les 4 jours vont être longs.

**
Elle

Esme m'a prévenue qu'elle faisait une sortie avec son pseudo-mec-là, je dis pseudo parce qu'elle n'arrête pas de me répéter que ce n'est rien de sérieux, pour au final imaginer sa vie future avec lui.

Je pousse un long soupir face à cette pensée. Moi, pendant ce temps-là, je vais aller faire les magasins pour m'acheter des tenues parce qu'honnêtement, je n'ai plus rien à me mettre et ça m'énerve de devoir m'habiller H24 pareil. Donc, je prends mes clés et let's go !

Je mets environ 15 minutes avant d'arriver au plus grand centre commercial de la ville. Je commence par le magasin qui fait l'angle de l'allée, et je remarque un petit jean mom bleu qui me plaît plutôt bien et un petit pull basique pour aller avec tout. Je file les essayer !
Au bout de 5 minutes, j'entends quelqu'un me parler à travers le rideau de la cabine. Une voix que je reconnais entre mille. Álvaro, mon ex.
Douche froide.

-Salut Ana.. je t'ai vu tout à l'heure rentrer dans ce magasin et je me suis dit que ce serait l'occasion de passer te dire bonjour. Dit-il comme si c'était normal.

-Anastasia.

-Quoi?

-Pour toi, c'est Anastasia et non Ana.

-Détends-toi ma douce, c'est pareil. Dit-il sur la rigolade

Mais moi, je ne rigole pas, il m'a laissé du jour au lendemain sans nouvelles, je le pensais en danger, personne ne savait où il était, jusqu'au jour où j'ai appris qu'il était juste parti se "ressourcer", comme il aime bien le dire. Ensuite, il est revenu comme une fleur pour me dire que je ne lui correspondais plus, et que je devais le laisser tranquille et quitter son appartement.
Parce que oui, pendant 3 ans, c'était son appartement et non le nôtre.

Au début, je n'ai pas compris, puis, il ne faut pas être une lumière pour savoir qu'il m'avait trompé. J'étais dévastée, puis je suis passée à autre chose quelques mois après. Et quand tout allait bien dans ma vie, il s'est pointé, encore une fois, comme une fleur. Il disait qu'il regrettait, qu'il m'aimait toujours et bla-bla-bla.. Je ne l'ai pas cru, logique, et je lui ai dit d'aller se faire voir.

Depuis, je le croise souvent, mais trop souvent. La dernière fois, il était en bas de chez moi, car je cite "oh t'habites ici maintenant, moi, je viens chercher mon pain dans le coin". Laissez-moi rire, on n'a pas de boulangerie dans le coin, et il n'avait pas de pain non plus. Et après, je n'ai fait que de le croiser en bas de chez moi, puis dans les lieux publics comme aujourd'hui au centre commercial. Et ça commence à m'énerver sérieusement, ça fait 6 mois que ça dure. À répétition, je craque.

Donc je lui réponds:

-Non, ce n'est pas rien, qu'est-ce que tu me veux ? Dis-je sur un ton méprisant.

-Pourquoi t'es agressive comme ça ? Détends-toi, on est entre bons amis.

Bon amis, quand est-ce qu'il faut rire ?

-Je suis agressive pour toi là ? Pourtant, je suis très calme.

-Aller arrête 2 secondes, tu me parles froidement et tu m'évites le plus possible.

-T'es étonné ? Pour de vrai ? Demandais-je avec un rire moqueur incontrôlé, puis je reprends:

-Parce que moi non.

-Je comprends pas ce que je t'ai fait.

-Réfléchis comme un grand tu sauras trouver. Maintenant, pars d'ici, je dois me changer.

-Bon très bien, on se reverra ..

-J'en doute pas une seule seconde. Dis-je sarcastiquement.

Il me regarde une dernière fois, puis disparaît.
Après cette altercation, je n'avais plus du tout la tête à faire du shopping donc je suis rentrée chez moi avec seulement les 2 articles que j'avais essayé.

**
Mercredi 9h

Hier, c'était journée tranquille, je n'ai presque eu aucun blessés, sauf certains que je soupçonne d'avoir inventé un mal de tête, et je ne sais quoi d'autres de farfelu pour venir voir à quoi ressemblait "la nouvelle infirmière".
Elisa était redevenue la gentille infirmière de lundi matin, j'ai donc évité de lui poser des questions sur les détenus et autre pour ne pas réveiller la "elle étrange".

Aujourd'hui, j'arrive au niveau du bureau de garde de Ben et je ne le vois pas, dommage j'aurais bien aimé le saluer. J'allais continuer ma route, quand je vois Liam me sourire de loin, je vais donc le saluer :

-Coucou ! Dis-je joyeusement

-Salut, ma belle.

Je vois son sourire mesquin sur le côté, car il sait que je n'aime pas qu'il m'appelle comme ça.

-Ben n'est pas là ? Demandais-je curieuse.

-Nope, il est en jour de repos aujourd'hui, c'est moi qui le remplace à son poste.

-Ça marche, bon à plus tard je vais bosser moi ! Lui lançais-je de façon à le piquer, car à part faire des rubik's cube toute la journée, il ne fait rien.

J'arrive dans le cabinet et je suis seule, Elisa ne sera pas là aujourd'hui, car elle a un empêchement selon le mail qu'elle m'a envoyé. Ça devrait le faire.
Il doit être 10h05 quand ça tambourine à la porte, mauvaise habitude. Je vais ouvrir agacée, et lance :

-C'est pourquoi ?

Un garde fixe ma poitrine et je ne peux m'empêcher de lui dire:

-Les yeux, c'est en haut.

-Hum oui, hum hum .. faut que vous veniez faire un soin en cellule d'isolement, il n'arrête pas de nous dire que sa blessure lui fait trop mal. Me dit-il semi gêné et semi blasé.

-J'arrive, laisse-moi 2 secondes le temps que j'attrape ma trousse de secours.

Je suis guidée par le garde jusqu'en cellule d'isolement et c'est là que je le vois, assis dans la pénombre à même le sol, torse-nu, et se tenant la tête.

Il ne m'a pas vu arriver et il sort un:

-Putain, mais elle fout quoi l'infirmerie à 2 balles-là !! Dites-lui de bouger plus vite. Dit-il en colère.

-L'infirmière à 2 balles est arrivée. Je signale ma présence avec cette phrase catastrophique.

-Grouille-toi.

-Je ne suis pas à ton service.

-Pas encore.

Je lève les yeux au ciel, c'est fou à quel point ils sont confiants ces détenus.

Je rentre dans sa cellule et les gardes s'en vont un peu plus loin, mais restent tout de même dans la grande pièce.

-Qu'est-ce que tu as ? Demandais-je

-J'ai mal là.

Il prend ma main et touche sa tête avec.
Ses yeux fixent les miens.

-Je ne peux rien faire à part te passer un Doliprane.

Il rigole doucement.

-Qu'est-ce qu'il te fait rire comme ça ? Demandais-je.

-Rien, faut croire que l'autre con avait raison, t'es bonne qu'à donner des Doliprane.

-Ça va m'arracher la bouche de te dire ça, mais là oui, oui, je ne peux faire que ça.

-Ah bon ?
Il sourit malicieusement, je n'aime pas ça.

-Oui.

-Je pense que tu peux m'aider en faisant autre chose..

Je rêve, de quoi il me parle ?

-Pardon ? Demandai-je froidement.

-T'énerves pas chérie, juste un massage à la tête suffira.

Il me dit ça comme si c'était banal, et que ça lui était dû.

-Non. Je ne te masserais pas la tête, tu prends ce Doliprane et je m'en vais. Dis-je froidement.

Aucune réponse, juste son regard qui me fixe, sa lueur change, son regard devient froid. Il prend le doliprane et je commence à ranger mes affaires.

-Je repasser-

-Ta gueule.

Pardon ? J'ai dû mal comprendre.

-Comment tu m'as parlé ?

-J'ai dit ta gueule, maintenant dégage.

Je suis abasourdie, il est devenu froid et distant en moins de quelques secondes. Je reste le regarder quelques secondes, de longues secondes, trop longtemps car il me dit:

-T'as pas compris un truc ? Tu veux que je te l'explique en Russe Anastasia ?

Il insiste bien sur chaque syllabe de mon prénom. Il me fixe droit dans les yeux avec un regard froid.

-Essaye un peu pour voir. T'as une grande bouche, mais très peu d'action de ta part.

Il m'attrape par la nuque et me rapproche de lui.

-Joue pas à la dure avec moi.

-Joue pas au con.

Je me détache et me lève.

Après ça, j'appelle un garde pour qu'il vienne ouvrir, je suis dos à lui, mais je peux ressentir son regard sur moi. Avant de disparaître pour de bon, je le regarde une dernière fois, et croise son regard sombre qui ne m'avait pas lâché. Il faut croire qu'il n'avait pas si mal que ça.

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5

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