PRISONER'S T1

20.

"La folie, cest de refaire la même chose et den attendre un résultat différent." A.E

Lui

Espace communs Rikers Island, 13h04

Wagner me retient depuis une bonne dizaine de minutes. Il m'a d'abord félicité pour mon calme face à l'enfoiré de tout à l'heure, puis là il me parle de ma conditionnelle. Il m'a expliqué que c'est lui qui avait refusé de faire passer ma demande devant le juge, apparemment il a fait ça car mon comportement était selon lui trop "instable".

-La brigade chargée du meurtre du détenu de votre aile m'a demandée de vous annoncer que vous êtes innocenté. Et donc par ailleurs, vous pouvez refaire une demande de liberté conditionnelle. J'appuierai votre demande.

-Innocenté ?

-Oui. Ça vous étonne ?

-Pas du tout. Je suis juste surpris qu'on ai cru un détenu plutôt qu'un garde, c'est rare.

-Hum.. Oui. Je ne peux rien vous dire de plus.

-Ouais je connais la chanson.

Il me regarde d'un air froid, je fais la même.

-On va vous raccompagnez en cellule.

-Bien. Si vous recroisez Poliakof dites-lui qu'il y a un blessé dans la cellule 408. Elle est partie trop vite j'ai pas eu le temps de lui dire.

-Mademoiselle Poliakof ne travaille pas aujourd'hui.

Il se fout de ma gueule ?

-Donc vous pouvez me dire ce qu'elle faisait là si elle ne travaille pas ?

Je le vois hésiter tout en restant impassible.

-Eh bien, je lui ai demandé de venir assister les gardes pour les portes ouvertes.

Je le fixe.

-Mais si ce qui vous inquiète est votre pauvre petite égratignure sur la joue, ne vous inquiétez surtout pas je vais vous envoyez Marilyn.

-C'est qui ça ?

-"Ça" comme vous dites est l'infirmière qui remplace Mlle Poliakof pour aujourd'hui.

Il interpelle un garde et lui demande de me remettre en cellule.

Il prend un air satisfait puis me sourit avec un sourire qui respire l'hypocrisie, et me fait un salut de la main. Quel petit fils de pute.

J'étais à deux minutes de la cellule quand je croise le regard du garde que j'avais envoyé à l'hosto. Donc il a repris du service, fais chier. Il ne semble pas se souvenir de moi. Tant mieux, il faut que ça dure jusqu'à ce que je sois en liberté.

Je rentre en cellule et croise le regard d'Emir. On continue de se parler comme avant, mais j'ai du mal à lui refaire totalement confiance. Même si ça partait d'une bonne intention, il m'a menti donc rien ne l'empêche de mentir pour des choses plus importantes.

Beaucoup en aurait rien à foutre mais, moi, je n'accorde pas ma confiance si facilement. Les gens qui en abusent la perdent définitivement. Mais bon, Emir en n'est pas à ce stade.

Je monte dans mon lit et m'allonge pour fixer le plafond. Au bout de quelques secondes, je sens le regard persistant d'Emir posé sur moi. Je le regarde discrètement avec seulement ma vision périphérique et j'arrive à apercevoir un léger sourire sur son visage. Pourquoi il me regarde comme ça?

-T'es un sacré numéro quand même. M'interpelle Emir.

-Pourquoi ?

-Bah je sais pas, tu me dis que tout roule mais tu me fais quand même la gueule.