Chapitre 26

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Toutes les options se bousculaient dans ma tête. J'avais la boule au ventre en pensant à ce que mon oncle aurait encore pu faire après ça.
Il me fallait une solution rapide, et j'avais trouvé la mienne. Elle n'était risquée que pour moi, ça avait facilité mon choix.

Un soir, j'ai profité du rituel soin de peau de Li pour m'éclipser. J'ai demandé à Simon de ne rien lui dire, prétextant avoir quelque chose d'important à faire.
Je me suis rendu sur mon ancien lieu de travail, sachant parfaitement que mon oncle y serait encore à ce moment là. Je n'étais pas vraiment prêt pour ce qui allait pouvoir se passer, mais je voulais en finir avec cette histoire.
Je suis monté jusqu'à son bureau. Il était bien là.

- Qu'est ce que tu veux ?
- Bonjour tonton, moi aussi je suis content de te voir.
- Tu es venu pour me menacer ?
- Non, je suis là pour négocier.
- Tu te crois encore en position de négocier ?
- Tu sais aussi bien que moi que je le suis toujours. Si on faisait une petite promenade par ce beau temps pour apaiser les tensions ? On pourrait en discuter tranquillement.
- Je préfère te prévenir que je ne suis pas d'humeur à ce qu'on se paye ma tête.
- Ça tombe bien, moi non plus.

Il m'a suivi à l'extérieur et nous avons discuté, marchant le long des chemins contournant les entreprises de la zone.
Je connaissais bien cet endroit, puisque je m'y promenais chaque jour pendant ma pause déjeuner quand je travaillais encore là-bas.
Ça me rendait malade de me tenir à côté de lui, alors que ma seule envie était de lui couper son jouet préféré. Je voulais le détruire comme il avait détruit l'homme de ma vie.

- Tu sais que je n'ai pas les moyens de te faire une rupture de contrat avec tes conditions ? Je dois en plus trouver quelqu'un pour te remplacer. Tout serait tellement plus simple si tu revenais et qu'on oubliait tous les deux cet incident.
- Un incident ? Tu es sérieux ?
- Il est vivant ton mec non ? Qu'est ce que tu veux de plus ?

J'avais envie de lui démolir le portrait, mais ce n'était pas le moment de craquer. Je me suis contenté de le laisser parler jusqu'à un endroit où j'avais l'habitude de me poser pour déjeuner les beaux jours, près de la route.
Je suis passé devant lui, me retournant pour lui faire face, le forçant à s'arrêter.

- Je ne te pardonnerai jamais, tu le sais ça ?
- Que veux tu que je fasses alors ?
- Tu ne peux plus rien faire. Je ne garderai pas ça pour moi. Je ne peux plus supporter ça.
- Tu veux dire que tu vas me dénoncer ?
- Je vais commencer par annoncer à ma mère que son frère est un violeur pédophile. Qu'il m'a menacé, et qu'il a tenté de me tuer par dessus le marché.
J'irais ensuite porter plainte, parce qu'il faut bien que quelqu'un dénonce tes horreurs.
- Tu vas détruire notre famille pour un mec insignifiant ?
- Tu as fait ça tout seul. En fait non, pas tout seul. On verra plus tard qui étaient tes amis avec qui tu t'es éclaté ce jour là.
- Je ne peux pas te laisser faire. Je t'avais prévenu.

Je n'ai pas eu le temps de répondre. Il s'est jeté sur moi et j'ai senti quelque chose de tranchant me transpercer le ventre. Je n'ai pas tout de suite réalisé. Ce n'est que lorsque mes jambes ont lâché et que je me suis retrouvé à moitié couché sur le chemin de graviers blancs, tenant dans ma main le couteau à saucissons que mon oncle avait laissé, encore planté dans ma chair.
Je n'imaginais pas me faire poignarder un jour avec ce couteau que je lui avais moi-même offert pour ses 50 ans.
J'avais mal et je me sentais impuissant. Je l'ai regardé frotter sa main pleine de mon sang sur sa chemise.

- Regarde ce que tu m'as fait faire.
- Je ne t'ai forcé à rien. Contrairement à toi je n'ai besoin de forcer personne à faire quoi que ce soit.
- Je suis désolé que ça se soit passé comme ça. Je n'ai pas le choix.
- Tu es foutu, même si je disparais. Tu as oublié les caméras.

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