Chapitre 29

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Trois heures avaient été suffisantes pour faire un peu de ménage et tout entasser dans l'appartement. J'ai eu largement le temps de retourner au loft pour récupérer quelques bricoles et raccompagner Simon, après avoir rendu le camion.
J'étais un peu triste de laisser mon frère seul, mais j'étais aussi très heureux de pouvoir démarrer une nouvelle vie avec Li.
J'étais resté encore un petit moment. Je voulais être sûr que ça irait pour lui.

- Je n'arrive pas à croire que je vais devoir vivre seul ici. Le loft va être vide sans toi. Même ton mec va finir par me manquer.
- Tu finiras par être trop content d'avoir la paix surtout.
- Je suis moins sûr. Tu m'autorises à faire venir des amis de temps en temps non ?
- Tu peux faire ce que tu veux. J'aimerais juste que tu restes prudent. Tu ne dois laisser entrer que des gens en qui tu as confiance et toujours fermer la porte derrière toi.
- Je sais, je sais. Je n'inviterai que quelques amis. Peut-être une fille aussi...
- Un fille ? Tu as quelque chose à me dire ?
- Disons que j'ai peut-être rencontré quelqu'un. Elle a eu des problèmes avec ses anciennes relations, parce qu'elle a quelques réticences, un peu comme moi. On a beaucoup parlé. Elle est passionnante... et jolie.
- Je vois, je vois.
- Je t'interdis de te moquer.
- Ce n'est pas ce que je fais. Je suis content pour toi.
- Je ne sais pas pourquoi mais, avec elle, je me suis senti tout de suite à l'aise. Je lui ai raconté des choses que je n'aurais jamais osé dire à personne d'autre que toi. Elle ne m'a pas jugé. Elle m'a regardé et elle a dit « c'est un homme comme toi qu'il me faut ». Je ne peux pas être sûr à cent pour cent qu'elle était sérieuse, mais ça m'a fait du bien.
- Alors ça ne coûte rien de tenter ta chance, d'apprendre à mieux la connaître.
- Elle a quelques années de plus que moi, mais elle est bien mieux que les filles de mon âge. Cinq ans c'est raisonnable non ?
- Ça a a l'air de poser un problème ?
- Ça m'en posait un à moi, au début. Je me demandais ce que tu faisais avec un mec aussi jeune. Le fait de savoir ce qu'il faisait était déjà compliqué, savoir qu'il avait mon âge n'arrangeait rien. Maintenant je comprends que ce n'est pas si grave. Je vois surtout que tu es heureux, c'est tout ce qui compte pour moi.
- On peut encore être jugé mais, à quarante ans, personne ne verra rien. L'écart reste le même pourtant. Ce n'est pas la différence d'âge qui dérange dans notre cas, c'est juste l'âge qu'il a. Je peux passer pour un pervers aux yeux de certaines personnes, ou pour un Sugar Daddy, qui sait ? Le fait de faire plus vieux que mon âge ne m'aide pas. Ça peut prendre des années, mais ça ne m'arrêtera pas. Ne laisse jamais les autres gâcher ton bonheur petit frère, la mentalité de cette société ne fait que régresser. C'est un jeu sans fin.
- Ça prendra plus longtemps pour toi que pour moi. Ton mec est asiatique, il vieillit moins vite que le reste du monde. Si on ajoute la crème de jour et de nuit avec laquelle il se tartine, tu seras ridé avant qu'il ne fasse ton âge.
- Tu fais de l'humour maintenant ?
- C'est pour me rassurer.
- Tout se passera bien si tu acceptes d'être heureux. C'est ce que je fais et tu devrais en faire autant.
- Je te le promets.

Je l'ai charrié encore un peu avant de reprendre la route pour mon nouvel appartement, au volant de ma magnifique voiture. Oui, moi je la trouve magnifique.
J'avais quelques petites choses à arranger avant d'aller chercher Li après les cours. J'avais insisté pour le faire, au moins le premier jour.

Je l'ai regardé sortir de l'établissement. Il discutait avec deux personnes, il avait l'air plutôt bien.
Quand il m'a vu, son visage s'est illuminé d'un grand sourire. Il a salué les deux étudiants avant de marcher rapidement vers moi et monter dans la voiture.
Il m'a directement embrassé et j'avoue que je ne m'y attendais pas. Il se fichait d'être vu. Evidemment, ça me rendait heureux. Moi qui pensait qu'il allait vouloir être discret dans ce nouvel environnement, j'étais agréablement surpris.
Je suis plutôt du genre à ne vivre que pour ceux que j'aime, le regard des autres m'importe peu, mais j'avais l'habitude d'être presque caché dans ma relation avec Luis. Même si Li n'avait jamais été particulièrement discret en public, j'imaginais qu'il le serait pour son nouveau départ. Je n'avais jamais été aussi fier de me tromper.
Il était excité comme une puce. Visiblement, son premier jour s'était bien passé.

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