Chapitre 17

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A notre retour, Simon était endormi sur le canapé. Le pauvre n'avait probablement pas fermé l'œil la nuit précédente. Je m'en voulais de l'avoir un peu bousculé. Il n'a jamais été mauvais, il voulait juste me protéger à sa façon.

Li est allé prendre une douche et j'en ai profité pour m'asseoir à côté de mon frère. Je me suis senti coupable de voir son visage si triste. Il s'est réveillé lorsque je l'ai bousculé sans le vouloir.

- Désolé, je ne voulais pas te réveiller.
- Tu es enfin rentré...
- Pourquoi tu t'es mis dans cet état ? Regarde toi.
- Il va bien ?
- Ça aurait pu mal tourner, mais il va bien.
- Il m'en veut ?
- Tu sais très bien comment il est, il t'a défendu.
- Et toi ?
- Tu es mon petit frère, je ne pourrai jamais t'en vouloir longtemps. Tout le monde va bien, c'est tout ce qui compte.
- Si tu le dis.
- Tu as mangé ?
- Pas depuis que tu es parti.
- Tu te moques de moi ?

Li est sorti de la salle de bain et Simon s'est jeté sur le frigo pour préparer le repas. Il s'est excusé encore et encore. C'était plutôt comique.

Le week-end s'est bien passé, Li avait l'air d'aller mieux physiquement et psychologiquement.

Le lundi suivant, mon frère m'a appelé au travail, en pleine journée. Ça recommençait.

- Tu ne m'appelles jamais au travail, tout va bien ?
- Je ne sais pas vraiment, Li est trop bizarre aujourd'hui, il me fait peur.
- Qu'est ce qu'il a ?
- Il avait l'air d'aller bien ce matin, jusqu'à ce qu'il se mette à pleurer, d'un coup. Il feuilletait un truc et a changé de comportement. Il s'est recroquevillé sous ta couette. Il ne bouge plus. Tu sais comment je suis dans ce genre de situation, je suis complètement perdu. J'ai fait à manger pour nous deux, mais il n'a rien touché. Qu'est ce que je dois faire ?
- Je rentre dans moins de trois heures, laisse le s'il ne veut pas manger ni parler. Je m'en occuperai en rentrant. Garde juste un œil sur lui s'il te plait, le temps de savoir ce qu'il a. Ne le laisse surtout pas sortir seul.
- Je vais essayer, mais il me fout vraiment la trouille.
- Merci petit frère.

Je me suis dépêché de finir mon dossier pour partir un peu plus tôt. Je n'arrivais pas à me concentrer de toute façon.
Simon s'est éclipsé dès mon retour. Il m'a fait comprendre qu'il avait attrapé le cafard et que je pouvais l'appeler quand le problème serait réglé.

Je me suis tout de suite assis sur le lit où Li était toujours, emballé dans la couette comme un rouleau de printemps. Il n'y avait que la tête qui dépassait. Il était endormi mais s'est réveillé quand j'ai passé ma main dans ses cheveux.
Quand il m'a vu, il est sorti de sa cachette et s'est jeté sur moi, me serrant dans ses bras comme s'il ne m'avait pas vu depuis des jours.

- Trésor, qu'est ce qui ne va pas ?

Il s'est mis à pleurer mais n'a pas répondu. Il ne m'a pas lâché pour autant.

- Tu m'inquiètes là. Tu peux tout me dire, tu le sais.

Il s'est détaché de moi pour me tendre un dossier qu'il avait caché sous le matelas. Je l'ai pris pour le feuilleter.

C'était le dossier médical de sa mère. Elle était atteinte de la maladie de Huntington pour laquelle elle était suivie depuis ses vingt neuf ans. C'est une maladie neurodégénérative génétique et incurable. Il était noté qu'elle souffrait de troubles moteurs, de la mémoire, de l'attention et du langage. Elle était dépressive et pouvait parfois être agressive.
Apparemment, elle aurait mis fin à ses jours suite à un épisode psychotique. Elle a bon dos cette maladie.
Il était également noté qu'elle avait refusé de faire passer les tests à ses enfants. Elle disait avoir trop peur des résultats en sachant qu'il y a cinquante pour cent de chance qu'ils soient porteurs du gène.
Je me demandais quelle partie de ce dossier avait pu mettre Li dans cet état. C'était délicat.
J'ai levé la tête vers lui, espérant l'entendre me le dire.

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