Chapitre 6

166 15 0
                                        

C'était presque un déchirement pour moi de reprendre le travail. J'avais envie de rester avec lui, mais je n'avais pas le choix.
Les deux premiers jours se sont déroulés sans encombre, j'étais content de le retrouver après le boulot.
Quand je suis arrivé devant ma porte le mercredi soir, quelque chose clochait. Elle était entrouverte.
Je me suis dépêché de rentrer pour voir le peu que j'avais, éparpillé un peu partout dans le loft et mes meubles entassés les uns sur les autres. Je me fichais de tout ça, il n'y avait qu'une chose qui m'inquiétait, en dehors de mon chat bien sûr.
J'ai vérifié la salle de bain, il n'y était pas. Toutes les fenêtres étaient fermées. Il n'y avait aucune trace de lui.

Je ne savais pas quoi faire, jusqu'à ce que je trouve Gribouille, s'appliquant à gratter le canapé. Il n'avait jamais fait ça avant alors je n'ai pas cherché plus loin. J'ai débarrassé tout ce qui avait été entassé dessus et j'ai relevé délicatement l'assise en priant pour ne pas retrouver des morceaux de cadavre.
Je ne savais pas comment il avait eu cette idée mais il était bien là, dans le coffre du canapé. Je me demande encore comment il pouvait respirer là-dessous.

- Tu vas bien ? Qu'est ce qui s'est passé ?
- C'est encore à cause de moi.
- Qu'est ce que tu racontes ?
- Je l'ai entendu frapper la porte. Je savais qu'il allait finir par la défoncer alors je me suis planqué.
- C'était ton père ?
- Oui, je suis désolé.
- Le principal c'est que tu es là, qu'il ne t'a pas trouvé.
- Je t'avais bien dit que tu ne savais pas où tu mettais les pieds.
- Je ne le laisserai pas gagner.
- Tu es suicidaire ?
- Tu n'as pas de passeport j'imagine ?
- Un passeport ? Qu'est ce que j'en ferais ?
- On va t'en faire un.
- Tu veux me renvoyer dans mon pays ? Je suis né ici, il va falloir trouver autre chose.
- Très drôle, bien sûr que non. C'est juste au cas où.

Je savais très bien pourquoi je voulais qu'il ait un passeport. Je trouvais juste que ce n'était pas le bon moment pour lui en parler.
On a rangé les dégâts après la visite des gendarmes et je suis allé porter plainte. Ce con n'aurait pas été assez débile pour donner la raison de sa petite visite. On avait son nom, et ses empreintes, impossible de nier. J'avais besoin de gagner un peu de temps.

On a eu la paix pendant un peu plus d'un mois avant qu'il ne vienne s'en prendre à ma voiture. J'avais envie de le tuer, clairement. Li s'en voulait. Il disait qu'il me rembourserait les dégâts quand il trouverait un boulot. Evidemment je n'aurais jamais accepté, ce n'était pas de sa faute.

~~~
Ça allait faire deux mois que mon frère était à l'hôpital, et toujours aucune évolution. Je gardais espoir mais j'avais peur. Ma plus grosse crainte était qu'il ne se réveille jamais.
Je suis allé le voir seul, un soir. Je ne savais pas s'il pouvait m'entendre, mais j'avais besoin de lui parler. Je lui ai demandé pardon, pour ne pas l'avoir écouté, ne pas avoir cherché à comprendre. Je l'ai supplié de se battre et de revenir. J'avais le moral au plus bas ce soir là, et je ne m'attendais pas à l'accueil glacial auquel j'allais avoir droit en rentrant chez moi.
Li était assis sur le fauteuil, il boudait. C'était la première fois que je le voyais comme ça depuis qu'il vivait avec moi.

- Qu'est ce qui ne va pas ?
- Tu n'as pas une petite idée ?
- Non, je ne vois pas.

Il a pointé du doigt l'ordinateur allumé sur le lit. J'ai regardé la page ouverte. Il avait lu mes mails.

- C'est une blague j'espère ?
- C'était déjà ouvert quand j'ai allumé l'ordinateur.
- Et tu n'as pas fermé la page, plutôt que de fouiner ?
- Ça change quelque chose ?
- Pour moi oui.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu allais partir ? Ça t'aurait évité de te faire détruire ton loft et ta voiture.
- Je n'en reviens pas...
- C'est toi qui dit ça ?

Je n'ai même pas pris la peine de répondre. J'ai sorti le plus gros livre de ma bibliothèque et lui ai tendu.

- Tu crois vraiment que j'ai envie de lire là ?
- Ouvre le, tête de mule.

Tout est écritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant