Tout est écrit

Chapitre 14

Les jours passaient. Je cherchais activement un petit nid douillet à bon prix, et j'avais peut-être trouvé ce qu'il me fallait. J'étais sûr de pouvoir faire un petit emprunt à la banque. J'en avais bientôt fini avec le premier et je m'étais déjà renseigné. Il n'était pas question de payer un loyer. Je ne voulais pas vendre mon loft, mais je ne comptais plus y rester. J'allais laisser mon petit frère l'occuper jusqu'à ce qu'il finisse ses études. Je voulais qu'il soit à l'abri jusqu'à ce qu'il puisse s'assumer seul financièrement. Il ne voulait pas retourner chez nos parents et je le comprenais.

Tout allait bien, mais c'était trop beau pour durer.
Li était toujours là quand je rentrais du travail, mais pas ce soir là. Il n'y avait que Simon.

- Salut petit frère, tu es tout seul ?
- Je suis désolé, je n'ai rien pu faire. Il a reçu un coup de fil et il est parti sans rien dire.
- C'était quand ?
- En début d'après midi, ça doit faire quatre ou cinq heures.
- Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?
- Je ne pensais pas qu'il le fallait, il est majeur et vacciné.
- Merde...

J'ai essayé de l'appeler encore et encore. Ça sonnait, mais il ne répondait pas. J'étais inquiet, c'était la première fois qu'il faisait ça. Il ne partait jamais sans dire où il allait et, par-dessus tout, il répondait toujours à mes appels.
Je ne savais pas où chercher et j'étais trop angoissé pour prendre la voiture sans risquer l'accident.
Je l'ai attendu, sans bouger mes fesses du fauteuil. J'étais trop barbouillé pour manger et trop mal pour dormir.
J'ai essayé de le joindre plusieurs fois et lui ai même laissé un message. Toujours rien.
Simon dormait déjà lorsque mon téléphone a sonné. Je ne connaissais pas le numéro mais j'ai répondu. C'était la sœur de Li, elle était inquiète pour lui. Elle m'avait dit l'avoir poussé à appeler quelqu'un pour venir le chercher parce qu'il faisait nuit, mais qu'il avait refusé.
Je lui ai demandé où il était. Elle m'a répondu qu'il rentrait à pied et m'a donné l'adresse d'où il était parti. Elle m'a précisé qu'il n'était pas en état de le faire et m'a supplié d'aller le chercher. Comme s'il était nécessaire de me le demander.
Je l'ai remerciée et j'ai raccroché.

Je suis sorti prendre ma voiture et j'ai laissé le GPS me guider. Cette adresse me disait quelque chose, mais ce n'était pas le problème à ce moment là.
Je me suis contenté de rouler en regardant autour de moi. Des dizaines de questions se bousculaient dans ma tête, mais je n'avais qu'une priorité : le retrouver.
Plus les kilomètres passaient, plus j'étais inquiet de ne pas le voir. Je n'ai pas lâché, et je l'ai aperçu. Il était assis dans la rue, contre un mur, mal en point.
Je me suis arrêté et j'ai couru vers lui. Il avait l'air à bout de force. Il ouvrait à peine les yeux. Il avait clairement pris des coups.

- Sacha... je suis désolé.
- Ne dis pas ça, regarde toi.

Je l'ai aidé à se relever et à monter dans la voiture avant de le ramener à la maison. J'étais en colère. Pas contre lui.
Je n'y comprenais rien et je ne pouvais rien faire à ce moment là. Il fallait quand même que je lui pose deux ou trois questions, même si je redoutais les réponses.

- Trésor, qui t'a fait ça ?
- On peut remettre ça à demain ?
- Dis moi au moins si celui qui t'a fait ça a fait pire que te frapper ?

Il a secoué la tête pour dire non. C'était un soulagement. J'étais en colère de ne pas avoir été là pour lui éviter ça. Je l'ai allongé sur le lit et déshabillé pour voir l'étendue des dégâts. Il se laissait faire tellement il était épuisé.
Il n'avait aucune plaie ouverte à première vue, mais quelqu'un s'était bien déchaîné sur lui. Heureusement, sa tête n'avait pas l'air touchée.
Je me suis occupé de ses blessures en tentant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller mon frère. C'était raté.

- Merde ! Qu'est ce qui lui est arrivé ?
- Il n'a pas voulu me dire, tout ce que je vois c'est que quelqu'un s'est bien défoulé sur lui.
- Je suis désolé, j'aurais dû le suivre.
- Tu ne pouvais pas savoir. Viens plutôt m'aider à le tenir sur le côté.