J'ai accompagné Li au commissariat. Ils m'ont interrogé aussi. Je leur ai tout expliqué et il n'y a pas eu de complication. Il n'a pas été inquiété.
Sa sœur, elle, ne le croyait pas, elle doutait encore de lui. Je pense que c'était en grande partie à cause de ça qu'il se sentait mal. Ils nous ont dit qu'il était mort d'une crise cardiaque et que, même si leur dispute, parce qu'ils appelaient ça comme ça, avait pu en être l'élément déclencheur, ça restait une mort naturelle. Dans la mesure où le corps ne portait aucune trace de coup, il n'avait aucun souci à se faire. Une chance qu'il ne se soit pas défendu.Je suis allé avec lui, deux soirs consécutifs, pour vider l'appartement de son père qu'il fallait libérer. Il n'a récupéré que des photos de sa mère, des documents la concernant et quelques petits trucs qu'il n'avait pas encore pu reprendre avant.
Sa sœur était déjà passée prendre ses affaires. Elle n'avait presque rien gardé. Le reste a été donné à une association, ou jeté si ce n'était pas récupérable.
Li se sentait mal, je le voyais bien. Il ne parlait presque pas et se nichait dans mes bras dès qu'il le pouvait. Je m'en voulais de le laisser la journée, mais je devais travailler. Simon était avec lui, ça me rassurait. Il ne l'aurait sûrement pas réconforté, mais il était là.Cette semaine là était déjà compliquée, et tout s'est enchaîné.
Le dernier jour de la semaine, alors que je pensais que ça ne pouvait que s'améliorer avec le week-end qui débutait, j'ai eu droit à une mauvaise surprise.
Simon m'attendait. Il avait cet air qu'il prenait à chaque fois qu'il ne savait pas comment m'avouer quelque chose.
Je venais de passer une journée énervante au travail, un bug informatique m'avait fait perdre une bonne partie de mon temps. Ça faisait des mois que je ne m'étais pas autant énervé au boulot et ma tête me faisait encore souffrir devant l'inefficacité des antalgiques. Je n'étais vraiment pas d'humeur à me prendre une mauvaise nouvelle en plein visage, et je n'étais déjà pas rassuré par l'absence de Li.- Ok, qu'est ce qu'il y a cette fois ? Il est où ?
Il ne m'a pas répondu, il m'a juste tendu un morceau de papier. C'était une note d'hôtel sur laquelle était noté, à l'arrière, un message écrit à la main.
J'aurais presque cru revivre une scène que je voulais oublier, mais j'ai vite compris. Le petit mot laissé sur ce ticket était, mot pour mot, identique à celui laissé par l'amant de Luis, à l'époque où j'étais encore avec lui : « Merci pour cette nuit ». Je n'avais pas pu l'effacer de ma mémoire, malgré mes nombreuses tentatives. C'était clairement signé Luis, et c'était loin d'être malin.- À ce que je vois, Luis est bien vivant.
- Comment ça Luis ?
- Ça vient clairement de lui ça.
- Il est maso ton mec pour se jeter dans les bras de ton ex ou quoi ?
- Simon, tu le fais exprès ?Il m'a regardé quelques secondes avant de se rendre compte de sa connerie.
- Merde !
- Ne me dis pas que tu l'as accusé ?
- Pire que ça...
- Qu'est ce que t'as fait ?
- Je l'ai peut-être un peu mis dehors.
- C'est une blague ? T'as cru pouvoir le virer de chez moi comme ça ? En ce moment en plus !
- Je n'ai pas réfléchi, je ne voulais pas te voir vivre ça encore une fois. Comment j'aurais pu savoir que c'était un coup de ton taré d'ex ?
- Tu t'es pas dit que c'était louche deux fois le même coup ? Ce truc date de mardi après-midi et il est dans mes bras toutes les nuits. Aucune logique.
- Je suis désolé, je me suis juste dit que...
- J'en ai assez entendu, n'en rajoute pas. Si je ne t'aimais pas autant, tu serais passé à travers la fenêtre. J'espère pour toi que je vais réussir à rattraper ta connerie.J'ai pris mon téléphone que j'avais posé sur la table et mes clés de voitures, que j'accrochais toujours dans le couloir en rentrant, avant d’ouvrir la porte d'entrée.
- Tu vas où ?
- Le chercher.
- Je peux venir ?
- Tu en as déjà assez fait comme ça. Reste là.J'ai claqué la porte sans même m'en rendre compte puis dévalé les marches en tentant de l'appeler. Il avait récupéré son téléphone quelques jours avant, je me disais qu'il devait l'avoir sur lui. Les sonneries s'enchaînaient, mais il ne répondait pas. Au deuxième essai, il n'y a eu que deux sonneries. Il avait raccroché.
J'ai réussi à joindre sa sœur, elle n'était visiblement pas au courant qu'il avait été jeté par mon frère. Elle m'a dit qu'il était à l'Etoile Filante avec, je cite, « un mec bombasse avec un accent à tomber ». Il n'y avait pas de doute, c'était Luis.J'ai foncé sans réfléchir, même si je savais qu'il avait tout calculé. Je ne savais pas ce qu'il avait prévu et je n'avais pas vraiment envie de le savoir.
J'y suis arrivé en moins de temps qu'il n'en fallait habituellement. May était au bar et servait des clients. Ma réaction au téléphone n'avait pas l'air de l'avoir inquiétée. Elle m'a reconnu, m'ayant déjà vu au commissariat, et m'a dirigé vers une porte d'un geste du doigt. C'était les toilettes. Sans chercher à savoir si c'était un piège ou non, j'y suis entré.
Ils étaient là, tous les deux, assis sur le sol contre un mur, face à face. Ils avaient l'air d'avoir beaucoup trop bu, l'un et l'autre.
Je me suis précipité vers Li, qui arrivait à peine à garder les yeux ouverts. Connaissant Luis, je me doutais que quelque chose clochait alors j'ai cherché à comprendre.- Trésor, regarde moi. Est-ce qu'il t'a donné quelque chose ?
Il m'a regardé et m'a fait un signe de la tête. Je ne sais même pas pourquoi j'avais posé cette question.
- Ne ferme pas les yeux. Surtout ne t'endors pas d'accord ?
- Tu as raison, il risquerait de ne plus se réveiller.
- Qu'est ce que tu lui as donné Luis ?
- Ce que je suis obligé de prendre depuis notre rupture : des somnifères.Luis avait l'air mal, mais il arrivait à parler. Je surveillais Li pour ne pas qu'il s'endorme et paniquais complètement de ne pas savoir quoi faire.
- Combien ?
- Beaucoup trop. Mais si ça peut te rassurer, vu tout ce qu'il a bu avant, je lui ai laissé une longueur d'avance. J'en ai pris deux de plus que lui.
- T'es vraiment malade !Je ne savais vraiment pas comment réagir et j'avais peur. Comme toujours. Je savais juste qu'il fallait éviter de le faire vomir, même si c'était ce que j'avais envie de faire.
J'ai failli frapper Luis mais, vu son état, ça ne servait à rien. Il fallait au moins que je sache ce qu'il lui avait donné alors j'ai fouillé ses poches d'une main et trouvé ce que je cherchais.
- Tu vas me laisser mourir là Sacha ?
- Je ne t'ai pas forcé à prendre ces merdes. Ne cherche pas d’autre coupable que toi.
- Alors tu vas essayer de le sauver lui plutôt que moi ?
- Je ne vais pas essayer, je vais y arriver.
- Pas avec tout ce qu'il a bu.
- La ferme Luis ! Ta voix me fait gerber.J'ai soulevé Li pour le porter et suis sorti des toilettes. En sortant, j'ai demandé à May d'appeler les secours pour Luis. Elle semblait s'inquiéter un peu pour son frère. Enfin. Je lui ai dit que j'allais à l'hôpital avec lui. elle m'a regardé partir.
Dans la voiture, j'ai demandé à Li de serrer ma main, et de ne pas la lâcher. Je voyais qu'il avait du mal à garder les yeux ouverts. Je voulais juste qu'il ne s'endorme pas parce que, au moins, même si ça ne voulait pas forcément dire que tout allait bien, il était conscient.~~~~ A suivre...
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Fiksi UmumJ'étais un jeune homme morose et vivais seul avec mon chat . Détruit par mon ex, j'avais décidé d'oublier l'amour. Le jour où mon petit frère, la personne la plus importante à mes yeux, s'est retrouvé dans le coma après un accident, j'ai cru tout p...