Tout est écrit

Chapitre 24

Avant de rentrer, j'ai fait promettre à Li de ne pas en parler à Simon. Je voulais le lui dire moi-même, parce que je redoutais sa réaction. Il aimait beaucoup notre oncle Sten et je ne pouvais pas savoir comment il prendrait la nouvelle. Si j'avais su, j'aurais attendu encore un peu.

Li est allé prendre sa douche presque immédiatement après avoir passé la porte d'entrée. Simon était là, assis sur le canapé, à regarder je ne sais quelle série américaine qui passait toute la journée et qu'il avait déjà vue au moins trois fois en intégralité.
Je me suis assis à côté de lui, cherchant une façon d'amener le sujet. Il a froncé les sourcils en me voyant, il me connaît trop bien.

- T'as un truc moche à me dire ?
- Tu dois me promettre de garder le secret pour l'instant, et de ne rien faire d'irréfléchi.
- Merde, c'est si grave que ça ?
- Tu ne m'as rien promis.
- Je ne te trahirai pas. Comme si j'avais encore à le prouver.
- Cette histoire que Li t'a racontée pour ton article, ces mecs qui lui ont fait du mal...
- Il en a croisé un ?
- Pas vraiment. Il a reconnu la voiture dans laquelle il est monté ce jour là.
- Et ?
- C'était la voiture de Sten...

Mon cœur a raté un battement quand j'ai vu son regard. J'ai vraiment commencé à avoir peur.
Il s'est levé pour faire les cent pas devant moi.

- Tu sais que ce n'est pas possible n'est-ce pas ?
- Pourtant je n'ai aucun doute.
- Je n'y crois pas.
- Notre oncle est un violeur, pédophile par-dessus le marché. C'est dur à entendre mais c'est vrai.
- Ne dis pas ça ! On parle de la famille là.
- Plus pour moi.
- Tu es prêt à tout détruire pour un mec que tu connais à peine ?
- Tu es sérieux ?
- Qui l'aurait su si tu ne l'avais pas rencontré ? Bordel, j'y crois pas...
- Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. On va partir, et te laisser le temps de te calmer. Il a été assez blessé comme ça.

J'étais à fleur de peau et il commençait à dépasser les bornes. J'avais décidé de partir avant qu'il ne soit trop tard. J'ai entassé quelques affaires dans un sac avant d'aller chercher Li dans la salle de bain. Il était assis sur le carrelage, contre la paroi de la douche. Il pleurait.
Je me suis précipité pour le relever, je ne pouvais pas le voir comme ça.

- Je suis désolé Sacha... je ne veux pas détruire ta famille.
- Tu as tout entendu ?

Il a hoché la tête, les larmes coulant sur ses joues. Je ne m'étais pas rendu compte que le ton avait pu monter à ce point.
J'ai serré son corps trempé contre moi. Il portait un tel poids sur ses épaules. Beaucoup trop pour son âge.

- Sèche toi et habille toi. On s'en va.
- Je peux supporter. C'est ton petit frère.
- Oh que non. Je ne changerai pas d'avis.

Il m'a quand même écouté. J'ai attendu qu'il s'habille et lui ai demandé d'aller m'attendre dans la voiture, j'avais juste une dernière chose à dire à mon frère. Li n'avait pas besoin d'entendre ça.

- Tu as le droit de ne pas me croire, mais ton cher oncle a osé me dire que si je n'étais pas le fils de sa sœur, il m'aurait fait la même chose. Il n'a pas nié longtemps. Alors quoi qu'il arrive, évite le et ne laisse jamais la porte ouverte.

Je suis parti en lui rappelant de prendre soin de lui et de ne pas oublier de nourrir mon chat, avant de retrouver mon Trésor que j'allais devoir rassurer, encore une fois.
Il regardait dans le vide, assis sur le siège passager. J'avais déjà arrêté de compter le nombre de fois où le voir dans cet état m'avait brisé le cœur.
J'ai démarré la voiture, sans savoir vraiment où j'allais, pour finir dans un petit hôtel plutôt calme, à quelques kilomètres du loft. Je ne voulais pas laisser mon frère rendre la situation encore plus compliquée. J'espérais qu'il accepte d'y penser, et de réfléchir un peu.