Chapitre 18

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Ce fameux week-end était un bon début. J'avais trouvé un petit appartement à vendre, plutôt mignon, à presque 1h30 de route de mon loft. J'ai négocié une visite en début de soirée, et je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée de rester deux jours à l'hôtel pour se faire une idée de l'ambiance de la ville. De plus, je savais que, là-bas, Li allait pouvoir respirer un peu.

J'ai réussi à garder la surprise jusqu'à ce qu'il comprenne que la jeune femme que nous avons retrouvée en centre ville, n'était pas l'une de mes connaissances.
Elle nous a fait visiter l'appartement qui m'avait tapé dans l'œil sur le net. Après nous avoir présenté les lieux, elle nous a laissé tous les deux quelques minutes pour en discuter.

- T'étais sérieux quand tu disais vouloir déménager ?
- Plus que sérieux.
- Tu n'as pas besoin de faire ça, tu as déjà ton loft. Je sais que tu le fais à cause de moi.
- Je ne le fais pas que pour toi. Oui, je veux que tu puisses sortir sans faire de mauvaise rencontre, que tu puisses tourner la page, mais pas seulement. J'ai aussi besoin de changer de vie. J'ai plus qu'envie de vivre librement, avec toi, sans me demander si mon frère peut nous voir ou nous entendre. Ce n'est pas ce que tu veux ?
- Ce n'est pas ça...
- Je sais ce que tu te dis. Mon loft n'est pas perdu, mon frère s'en occupera le temps de finir ses études et de voler de ses propres ailes, peu importe le temps que ça prendra. Ensuite j'en ferai une location.
- Et ton boulot, tu as vu la route qu'il y a ?
- J'ai tout calculé, ne t'inquiète pas pour moi. On prendra le temps d'en discuter, je n'ai rien signé. C'est juste une visite.

Nous avons fait le tour une deuxième fois avant de partir. En plus d'être bien placé, ce petit 2 pièces était lumineux. Il était surtout beaucoup moins triste que mon loft entièrement blanc.
Je n'avais pas choisi cet appartement pour rien. Il était bien situé, en plein cœur de la ville, bien exposé, mais aussi tout près d'un établissement qui allait certainement plaire à Li. Je l'espérais vraiment, parce que j'avais déjà fait toutes les démarches pour lui.

J'avais réservé une chambre dans un bel hôtel, le plus haut de la ville, en demandant le plus haut possible. On a pu avoir le 8ème étage, avec un petit balcon côté ville. J'avais envie de ne pas me sentir enfermé, de respirer après ces derniers jours difficiles. J'avais surtout besoin de me retrouver un peu seul avec Li, qu'on puisse se parler sans réserve.
Il m'a fait monter les 8 étages par les escaliers après avoir récupéré notre pass à la réception. Il ne supporte pas l'ascenseur. Je n'en pouvais plus.

On s'est commandé de quoi manger avec livraison à la chambre, avant de se câliner toute la soirée. J'étais content de le voir si calme. Il était tellement tendu parfois, probablement par le fait de ne pas pouvoir sortir seul et de devoir subir les regards quand il sortait avec moi.
Dans cette chambre, il n'y avait que moi. Dehors, il ne connaissait personne. Cette petite parenthèse devait lui faire autant de bien qu'à moi.

Le lendemain, je l'ai emmené faire le tour de la ville. Il y avait quelque chose que je voulais lui montrer, en croisant les doigts pour que ça lui plaise.
Je me suis arrêté devant ce grand bâtiment bicolore. Il s'est tourné vers lui et m'a regardé.

- C'est bien ce que je pense ?
- Je ne loupe aucun de tes mots. Je sais que tu aimerais y aller.
- C'est un établissement privé, ça coûte la peau des fesses.
- Peu importe, tu aimerais vraiment y aller non ?
- C'est de la folie.
- Rien n'est trop fou pour toi.
- Oublie ça Sacha. Je n'ai pas besoin de ça.
- Très bien, on pourra en rediscuter, n'y pense plus pour l'instant.

J'ai laissé cet épisode de côté. Je ne voulais pas gâcher sa journée. Nous avons mangé dans un restaurant plutôt simple, où les plats étaient délicieux, pour terminer la journée au centre-ville.
Je sentais bien que quelque chose n'allait pas. Je savais que ce n'était pas à cause de moi, puisqu'il me regardait toujours de la même façon, mais je pouvais voir de la tristesse dans ses yeux. La même que quand je l'ai connu.
Ça m'inquiétait, mais je ne voulais pas lui montrer. J'étais là pour le faire penser à autre chose, et j'avais échoué. Tout ce que je tentais était un échec. Son sourire était pourtant mon seul objectif.

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