Chapitre 13

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Je suis rentré en tentant de ne pas y penser. C'était loin d'être facile, je me posais bien trop de questions.
En plus de ça, en passant la porte, j'ai vu mon frère, la tête posée sur les genoux de Li. Ils regardaient la télé sur le canapé. J'étais tellement à fleur de peau que j'ai vu rouge.

- Ça va, je ne vous dérange pas ?

Mon frère s'est relevé et m'a regardé. Je voyais bien qu'ils étaient tous les deux surpris par ma réaction. En y repensant, c'était vraiment bête.

- Qu'est ce qui te prend ?
- Je ne sais pas, vous pourriez être encore plus proche non ?
- Ecoute, ton mec n'est pas du tout mon genre. Même si c'était le cas, tout ce que je vois c'est qu'il est avec mon frère, alors respire. Merci pour ta confiance.

Je me sentais tellement con que je n'ai pas su quoi répondre. Je n'avais jamais été jaloux, sauf depuis cette histoire avec Luis. Surtout pas de mon petit frère. Je n'avais jamais douté de lui.
Li s'est levé pour me prendre la main.

- Tu te sens bien ?
- Oui. Je suis désolé.
- Pourquoi t'es dans cet état alors ?
- Luis a disparu, et je crois que c'est de ma faute.
- Pourquoi ce serait de ta faute ?
- S'il faisait une bêtise.
- Arrête, ne dis pas ça.
- Après tout ce qui s'est passé, si il avait craqué...

Ma main tremblait, mais il la tenait toujours. Le sentir réduisait mes craintes. Il avait toujours été tellement calme, tellement réconfortant. Il en avait pourtant plus besoin que moi.
Mon frère a prétexté aller chercher du pain pour nous laisser tous les deux. Il n'a jamais vraiment su quoi faire quand j'allais mal et, pour moi, c'est mieux comme ça. C'est à moi d'être là quand il va mal, pas le contraire.
Je me suis changé avant de retrouver Li sur le canapé. Il s'est serré contre moi comme si j'allais m'envoler. Il n'avait pas besoin de faire plus pour me calmer.

- Ça va aller, il finira par réapparaître.
- J'espère juste qu'il va bien.
- Il est sournois, violent, et égocentrique, je suis sûr qu'il est vivant.
- Comment ça violent ?
- Enfin, je voulais dire...
- Qu'est ce que tu me caches ?
- Quand on l'a piégé avec les caméras, qu'il m'a parlé de mon cou, ça m'est revenu. Je n'avais pas souvenir de son visage, mais il y a des choses qui ne s'oublient pas. Quand il m'a dit que j'étais une belle petite pute, je n'ai plus eu de doute. C'était exactement les mots qu'il prononçait et le ton qu'il employait quand il serrait ma gorge alors qu'il... enfin tu vois.
- Il a tenté de t'étrangler ?
- C'était son délire apparemment.
- Merde !

Qu'est ce qu'il avait bien pu faire d'autre que j'ignorais ? Je ne l'avais jamais connu violent. A ce moment là, je me suis dit qu'au moins, s'il disparaissait vraiment, il ne ferait plus de mal à personne. Je n'ai pourtant jamais voulu de mal à qui que ce soit.

- J'ai connu pire, c'est du passé.
- C'est vraiment injuste.
- L'important ce n'est pas ce que j'ai vécu, c'est là où ça m'a mené. Ça valait le coup pour en arriver là.
- C'est comme ça que tu vois les choses toi ?
- Je pense que tout est écrit. Qui aurait pu penser que j'allais tomber amoureux d'un homme aussi merveilleux ? Je ne vais pas me plaindre du passé, je préfère profiter de ce que j'ai maintenant. J'aurai peut-être droit à un happy end.
- Tu es vraiment incroyable toi.
- Pas autant que toi.
- Mais non, moi je suis merveilleux.

Il a pouffé de rire, sûrement à cause du ton moqueur que j'ai utilisé.

- A moins que tu ne parlais pas de moi ?
- Non, bien sûr. Je parle de ton voisin.
- Le vieux John ou la jolie Mme Laval ?
- Jolie ? Il y a quelque chose que je devrais savoir ?
- Tu sais que je te fais marcher.
- Battu à mon propre jeu.

Il m'a serré plus fort encore, et j'ai passé ma main dans ses cheveux. Je n'en demandais pas tant. Il était devenu tellement important pour moi que j'aurais pu lui en dire autant. Je n'osais pas, tout simplement.
Il a levé la tête vers moi. Il savait que je ne pouvais pas résister à ce doux visage  et ces yeux magnifiques. Même si j'avais pu résister à l'envie de l'embrasser, je ne l'aurais pas fait. S'en priver aurait été un crime.

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