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Chapitre 10

La semaine suivante, j'ai reçu un coup de fil de l'hôpital. Mon frère était réveillé.  J'étais tellement fou de joie. Je me demandais si la chance n'avait pas décidé de tout me donner d'un seul coup.
J'ai dû écourter mon séjour et Li a voulu me suivre. Je me suis arrangé pour que la galerie nous renvoie ses dessins, à mes frais, à la fin de son contrat. 

Nous avons fait un détour pour aller déposer Gribouille au loft avant de partir pour l'hôpital. Mon frère avait l'air dans les choux, mais il était bien réveillé. Je l'ai serré dans mes bras comme jamais et, comme à son habitude, il a râlé. Il avait une toute petite voix.

- Sacha tu m'étouffes.
- Ça ne peut pas être pire que ce que tu as vécu, et j'ai eu tellement peur.
- Si, c'est pire. J'avais la paix au moins.

Il plaisantait bien sûr, à sa façon. Ça faisait des semaines qu'il était dans le coma et je commençais à avoir vraiment peur qu'il ne se réveille jamais. J'allais le laisser respirer un peu avant de le mitrailler de questions.

- Je t'ai manqué grand frère ?
- Evidemment que non.

Heureusement qu'on se comprenait tous les deux, on se charrie tout le temps comme ça. On sait tous les deux qu'on retournerait le monde l'un pour l'autre. C'est mon seul frère. Mon petit frère.
Je lui ai présenté Li. Il a fait bonne figure mais je sentais que quelque chose n'allait pas. Je l'ai vu sur son visage.

- Tu te sens bien ?
- Oui ça va. J'aimerais bien un petit jus de fruit, je ne me souviens même plus du goût.
- Je vais t'en chercher un alors.
- Non, reste avec ton frère j'y vais.

Li s'était levé et était sorti de la chambre. Je pense qu'il avait compris que mon frère voulait me parler, seul à seul.

- Qu'est ce que tu as Simon ? Je connais cette expression.
- Je l'ai déjà vu ce mec, je sais ce qu'il est.
- Je m'en doutais. Ne commence pas, s'il te plait.
- C'est juste un ami ou plus que ça ?
- Qu'est ce que ça change ?
- Ça change tout.
- Le minimum avant de juger quelqu'un, c'est d'apprendre à le connaître.
- Pas toi Sacha... pas toi. Tu mérites mieux que ça. Il te faut un homme qui tient la route.
- Comme Luis tu veux dire ? Ah oui il tenait bien la route.
- Je me suis peut-être trompé sur Luis, mais là tu ne peux pas me dire que c'est du sérieux ?
- Ne t'inquiète pas pour ça.

Il n'a pas répondu en voyant revenir Li avec une bouteille à la main. Je ne voulais pas en parler. Il avait d'autres choses à gérer à ce moment là et je n'avais pas envie d'une dispute. Mon frère l'a remercié mais Li n'a pas répondu, il s'est contenté de sourire. Il se sentait probablement gêné d'être là, mais j'étais heureux qu'il soit à mes côtés.

Simon devait rester là-bas encore un petit moment avant de pouvoir rentrer. Encore fallait-il qu'il arrive à se lever, il avait peur d'essayer.
Nous sommes restés jusqu'à se faire jeter dehors, avant de rentrer, complètement lessivés. Les bagages allaient attendre, on s'est couchés directement, blottis l'un contre l'autre.

- Merci d'être venu avec moi. Tu as dû trouver le temps long.
- Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis content pour toi, tu as retrouvé ton frère.
- Je suis désolé s'il t'a mis mal à l'aise.
- Ça va, je suis habitué à ce genre de regard. Il m'a reconnu n'est-ce pas ?
- Oui, mais il changera d'avis sur toi, il ne te connaît pas.
- A sa place, je me méfierais aussi.
- Il finira par te voir comme je te vois.
- On verra bien. Tout ce qui compte pour moi, c'est ce que tu penses toi.
- Alors tu n'as pas à t'inquiéter.

Il s'est endormi dans mes bras. Je ne savais pas encore comment ça finirait, j'avais tellement de questions à poser à mon frère. Je me doutais qu'il ne voudrait pas rentrer chez nos parents. Il avait passé le jour de ses 18 ans dans le coma, mais il était enfin majeur. Il avait le choix.