Chapitre 8

156 18 0
                                    

C'était un vendredi et j'avais prévu mon coup. J'ai pu prendre ma journée grâce aux heures supplémentaires accumulées la même semaine.
J'avais envie d'être avec lui pour ce jour si déprimant et si attendu à la fois. Je me sentais mal parce que je risquais de voir mon petit monde s'écrouler, mais j'étais heureux de savoir qu'il était enfin libre. Il n'avait plus à se soucier du pouvoir de son père vis-à-vis de la loi.

Je ne l'avais pas prévenu. Il a sursauté quand il m'a vu en sortant sa chambre. Il n'était pas tout à fait réveillé et traînait les pieds.

- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur.
- Tu... tu n'es pas parti travailler ?
- Tu préférerais ?
- Non, je suis surpris c'est tout.
- J'ai pris ma journée, tu vas m'avoir dans les pattes.
- Tu as pris ta journée pour moi ?
- Je suis même allé te chercher ces gâteaux pleins de gras et de sucre sur lesquels tu louches à chaque fois que tu passes devant le café au bout de la rue.
- Merci, c'est gentil.
- Et j'ai quelque chose pour toi.

J'ai sorti un paquet de sous le plan de travail de la cuisine. Ce n'était pas grand-chose mais je l'avais vu le regarder pendant l'une de nos virées en ville.

- Joyeux anniversaire.
- Tu sais que je n'aime pas les cadeaux, je me sens déjà...
- Ce n'est pas grand-chose ne t'inquiète pas. Ouvre-le tu verras.

Il a accepté de le prendre et l'a ouvert. C'était un casque audio rouge. Je savais très bien qu'il écoutait de la musique sur mon ordinateur portable pendant qu'il dessinait. Le son n'était pas vraiment bon, il allait lui être utile.

- En fait, tu m'espionnes ?
- Je suis juste observateur.
- Il y a quand même quelque chose que tu n'as pas vu.
- Quoi ?
- Rien d'important. Merci pour le casque, et pour les gâteaux.
- Ce n'est pas tout. Quand tu seras prêt, je connais un endroit qui devrait te plaire.

Je l'ai emmené voir une exposition. J'étais tombé sur une affiche à la papeterie, ça m'a donné l’idée. Il avait l'air d'aimer. Il s'était arrêté un moment devant un dessin fait exclusivement à l'encre rouge.

- Il te plait tant que ça ?
- J'aimerais savoir faire ça.
- Les tiens sont magnifiques.
- Tu trouves ?
- Si je te le dis.
- Comment t'as trouvé cet endroit ?
- J'ai vu une affiche dans une boutique. Ça te plait ?
- Carrément, ça fait rêver. Ça doit être dingue d'avoir ses œuvres exposées, même dans un si petit endroit.
- Ça aussi ça te plairait ?
- Comme si c'était possible... je ne suis pas un artiste.
- Je reviens.

Je suis allé parler à la responsable de l'exposition. Je me suis assez bien débrouillé avec mon anglais approximatif. Elle a accepté ma demande. Elle m'a donné sa carte ainsi qu'un rendez-vous pour le lendemain. Je n'avais plus qu'à l'annoncer à Li.

- J'ai peut-être une bonne nouvelle pour toi.
- Tu sais qu'elle n'est pas mon genre ?
- Très drôle. C'est dommage parce que je tu as rendez-vous avec elle demain matin.
- Tu déconnes ?
- Elle veut voir tes dessins pour sa prochaine expo, si ça t'intéresse bien sûr.
- Bordel ouais. Pardon... merci.

Son sourire valait toutes les œuvres de la galerie. J'etais sûr qu'il accepterait.
Après ça nous sommes allés manger dans un petit restaurant plutôt calme. Je lui ai demandé ce qu'il aimerait faire de sa journée. Il voulait juste sortir.
On s'est baladé toute la journée sans vraiment savoir où on allait. Le seul repos était assez bref, le temps de boire un milk-shake au bord d'une fontaine. Ce jour là, je devais avoir absorbé les calories nécessaires pour la semaine entière.

Il était presque 20 heures quand nous sommes rentrés. Je n'avais pas faim et lui non plus, alors on s'est affalés sur le canapé. Il a voulu finir la soirée devant la télévision. Il ne la regardait pas vraiment, il avait beaucoup trop de choses à dire. Ça m'arrangeait d'ailleurs. Je pouvais discuter avec lui pendant des heures sans m’en lasser.

Tout est écritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant