Il a vite été pris en charge aux urgences et a passé la nuit à l'hôpital. J'ai veillé sur lui aussi longtemps que possible, refusant de le laisser, avant de m'endormir sur une chaise, la tête sur son lit.
Quand j'ai ouvert les yeux, il me regardait. Il avait l'air fatigué, mais ça ne l'empêchait pas de me fixer. J'avais envie de lui sourire, mais j'étais bien trop inquiet pour lui.- Comment tu te sens ? Tu as besoin de quelque chose ?
- Je ne t'aurais jamais fait ça Sacha.
- De quoi tu parles ?
- Je ne t'ai pas trompé.
- C'est la première chose que tu trouves à me dire après ça ?Il a baissé la tête, sans répondre. J'ai bien vu que ça l'inquiétait plus que la soirée qu'il venait de passer. J'ai attrapé sa main, il a levé les yeux vers moi.
- Je n'ai pas douté de toi Trésor, pas une seconde. Je ne suis pas assez bête pour croire que l'histoire peut se répéter aussi facilement, encore moins de cette façon.
- Je sais que tu n'est pas bête mais...
- Mais tu n'aurais pas dû laisser mon frère te jeter dehors, et encore moins aller te saouler.
- C'est ton frère, je ne voulais pas...
- Tu dois lui tenir tête si tu sais que tu as raison, et à moi aussi.
- Je suis désolé.
- Et ne t'excuse pas non plus. Où est passé l'homme qui me faisait la morale pour que j'arrête de douter de moi ?
- J'ai juste eu peur.
- Peur de quoi ?
- Si j'étais resté quand ton frère m'a demandé de partir, je n'aurais pas supporté que tu me regardes avec mépris. Ma propre sœur le fait déjà...
- C'était bien trop gros pour être vrai.Il n'a pas répondu. Il était un peu perdu depuis quelques jours. Le fait que sa sœur ne le soutienne pas n'avait rien arrangé. Cette histoire devait être la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.
- Je ne fais que t'apporter des problèmes Sacha...
- Mon taré d'ex vient d'essayer de te tuer, et c'est toi qui m'apportes des problèmes ?
- Je vais bien. Ce n'est pas bien grave.
- Ce n'est pas vrai et tu le sais.Je me suis levé en lâchant sa main. Il m'a rattrapé par le bras d'un air affolé, comme si je venais de lui dire que je partais.
- Ne me laisse pas ! Excuse moi...
- Qu'est ce que tu racontes ? Je vais juste aux toilettes, je ne sors même pas de cette chambre.Il a lâché mon bras en s'excusant encore une fois. Même s'il n'a jamais voulu l'avouer, cet épisode l'avait chamboulé au point d'avoir peur de se retrouver seul, même quelques minutes.
Je me suis penché pour l'embrasser, sentant ses lèvres trembler sous les miennes.- Il faudrait utiliser la force pour me faire sortir d'ici sans toi Trésor. Je n'irai nulle part, je te le promets.
Mon téléphone n'arrêtait pas de vibrer. C'était mon frère. Plus je raccrochais, plus il me rappelait. Je n'avais pas voulu l'éteindre, en cas d'urgence.
- Tu ne décroches pas ?
- C'est Simon. Je n'ai pas envie de m'énerver.
- Tu ne peux pas lui en vouloir. J'aurais fait la même chose à sa place.
- J'en suis conscient, j'ai juste besoin d'un peu de temps. Même si je ne tournerai jamais le dos à mon petit frère, je ne peux pas tout lui laisser passer aussi facilement.
- Tu pourrais au moins lui dire que tu vas bien.
- Si je raccroche, c'est que je suis vivant.Je lui ai quand même envoyé un message pour lui dire que ce n'était pas le moment et que je rentrerais bientôt. Il m'a répondu qu'il était désolé et n'a plus rappelé.
Je n'allais pas lui en vouloir, rien de tout ça n'était de sa faute. J'aime mon petit frère plus que tout, ça ne changera jamais.- Le voila rassuré, il n'appellera plus.
- Tu n'as pas été trop dur avec lui au moins ?
- Mais non.
- Tu as mangé quelque chose depuis hier soir ?
- Tu vas arrêter de t'inquiéter pour les autres et t'occuper un peu de toi ?
- Je vais bien, mais j'irai encore mieux si tu allais te chercher quelque chose à manger.
- Tu as vu ta réaction quand j'ai voulu aller aux toilettes ?
- Dis moi juste que tu ne vas pas partir longtemps, ça devrait aller.
- Ok je reviens vite, promis.Je n'avais pas faim, mais j'allais en profiter pour prendre quelque chose pour lui au cas où le repas de l'hôpital ne lui plairait pas.
En revenant à la chambre, j'ai croisé deux infirmiers qui discutaient. Ils parlaient de Li. Ils disaient que ce n'était pas le seul être arrivé bourré de somnifères la veille. Ils ont rajoutés deux ou trois horreurs à propos du fait qu'il avait été retrouvé dans, je cite, « un bar à tapettes » et que « dommage qu'il se soit raté, ça en ferait un de moins ». Je me suis retenu de dire quoi que ce soit, uniquement pour Li. Je n'allais pas porter attention à ce genre de personne. J'avais honte pour eux. Utiliser ce genre de propos dans les couloirs de l'hôpital donnait une belle image du personnel de l'établissement.
J'ai retrouvé Li sans rien dire, regagnant ma place dans le fauteuil à côté de son lit.- Tu n'aimes pas le saumon et c'est ce que tu prends ?
- C'est pour toi.
- Tu abuses, et toi alors ?
- Je m'en suis pris un aussi. Arrête de râler et mange, tu ne sortiras pas d'ici avant d'avoir pris un bon kilo.
- Très drôle. Je ne veux pas rester ici. Je vais bien là.
- Je sais trésor.A ce moment là, l'un des deux infirmiers que je venais de croiser est entré dans la chambre avec une machine à roulette et un petit chariot. Si mes yeux avaient été des lasers, il ne resterait plus rien de lui.
- Bonjour, je vais vous examiner. Je peux vous demander de sortir Monsieur ?
- Je ne crois pas non. D'ailleurs, j'aimerais autant que vous évitiez de le toucher. Une infirmière ferait l'affaire.J'ai répondu ça tellement sèchement que Li m'a regardé, sans rien dire, visiblement étonné. L'infirmier m'a fixé quelques secondes, avant de répondre.
- Vous êtes de la famille ?
- Il n'a pas encore accepté de m'épouser, mais on peut dire ça oui. Ça en fait deux de plus, dommage.Il a tenté de faire bonne figure, mais j'avais bien réussi mon coup.
- Je vous envoie une infirmière...
Il est sorti sans même un regard alors que Li ne me lâchait pas des yeux. Il me faisait craquer avec son air abasourdi et sa petite bouche ouverte. J'ai attendu que la porte soit fermée pour m'excuser.
- Désolé trésor, je n'ai pas pu me retenir...
- Tu n'imagines pas ce que ça m'a fait d'assister à cette scène.
- Tu m'en veux ?
- Je ne comprends pas pourquoi tu as fait ça mais... bordel ce que c'est sexy !
- Qu'est ce que tu racontes ? Tu te sens bien ?
- Très bien. Très très bien. Tu le connais ?
- Non, mais je l'ai entendu avec son collègue dans le couloir.
- C'est donc ça la tête que tu faisais en rentrant. Qu'est ce qu'il disait ?
- Tu es sûr de vouloir savoir ?
- Sûr.
- Ils disaient que tu n'étais pas le seul à être arrivé hier avec une surdose de somnifère. Mais ils ont surtout ajouté qu'il avait été récupéré dans un bar à tapettes et qu'il aurait mieux fait de ne pas se rater, que ça en ferait un de moins. Tout ça en moins de 30 secondes, en plein jour et au milieu du couloir...
- Merde. Au moins, il est vivant, c'est déjà ça.
- Apparemment.
- On dirait que ça t'inquiète.
- J'ai peur pour toi, c'est tout.Il n'a pas eu le temps de répondre. Une infirmière a frappé à la porte avant d'entrer. Elle semblait être gênée et n'a pas demandé à ce que je sorte. Elle n'a rien fait de spécial. Elle a pris sa tension, sa température et lui a posé quelques questions.
- Vous ne ressentez pas de douleur particulière ?
- Non, ça va.
- Vos hématomes sont récents ?
- Je ne suis pas venu pour ça.
- Je suis désolée, je devais vous poser la question.
- Vous cherchez à savoir pourquoi j'ai voulu me tuer ?
- Excusez-moi, je...
- Je n'ai pas tenté de me suicider. On m'a forcé à les prendre. Et ces jolies couleurs sur mon torse, c'est le dernier cadeau que mon père m'a laissé avant de mourir.
- Je vois...
- Je n'ai donc pas besoin de soutiens psychologique, je ne vais pas me jeter sous un bus en sortant. Si je reste ici par contre, je vais avoir besoin d'un psy, ou d'un litre de rhum.Cette dernière phrase a eu le mérite d'avoir détendu l'atmosphère et, même si ce n'était certainement pas grâce à ça, ils l'ont laissé sortir le soir même. Ils n'ont pas manqué de lui donner quelques recommandations ainsi que quelques numéros d'urgences en cas de problème. Je soupçonne toujours l'infirmière d'avoir cru que les coups venaient de moi, c'était inscrit en gras dans son regard. Mais je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Ce genre de cas ne doit pas manquer aux urgences.
Je n'avais pas vraiment envie de rentrer, ne sachant pas comment j'allais réagir face à mon frère, mais j'étais heureux de revenir avec Li. Il n'était d'ailleurs pas très à l'aise sur la route.
~~~ A suivre...

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Fiksi UmumJ'étais un jeune homme morose et vivais seul avec mon chat . Détruit par mon ex, j'avais décidé d'oublier l'amour. Le jour où mon petit frère, la personne la plus importante à mes yeux, s'est retrouvé dans le coma après un accident, j'ai cru tout p...