Timide Torride III

• Chapitre 1 : Eclats de vérité •

On est au début du mois de juillet. On a passé notre bac avec succès avec Léa, obtenant tous les deux une mention très bien avec les félicitations du jury. L'année scolaire se termine donc dans la joie et la bonne humeur, marquant ainsi la fin de nos années lycéennes et un nouveau chapitre dans nos vies à savoir l'entrée dans la vie étudiante. On se dirigeait tous les deux vers des prépas scientifiques mais différentes. J'avais un peu peur de l'avenir je dois bien vous l'avouer. Peur de l'échec, peur de perdre Léa. Mais je suis persuadé que si on veut vraiment on peut.

C'était donc le début des grandes vacances, grandes vacances qu'on avait tant attendu et mérité. J'avais beaucoup de plans avec Léa, je voulais l'emmener au bord de la mer, puis à l'étranger. Faire des activités, puis nous reposer. Je lui ai d'ailleurs proposé de venir à la maison aujourd'hui pour qu'on en discute et qu'on s'organise. J'avais trop hâte.

Elle arrive donc vers 15 heures, vêtue d'une magnifique longue robe à fleurs qui flottait dans le vent, lui donnant un aspect parfaitement innocent. Malheureusement, cela allait être tout le contraire...

Je m'avance vers elle pour la saluer en voulant déposer mes lèvres sur les siennes, mais elle détourne la tête pour que je les dépose sur sa joue. C'est plutôt curieux. Je l'invite alors perplexe à rentrer.

Je remarque qu'elle a un air très sérieux, comme si elle avait quelque chose à me dire. Ça m'inquiète beaucoup, j'espère qu'elle va bien. Elle monte alors sans dire un mot en direction de ma chambre, donc je la suis. Une fois dedans, elle ferme doucement la porte et s'assoie à côté de moi sur mon lit. Blanc. Pendant 15 longues secondes rien ne se passe. Mais je ne veux pas rompre le silence, je veux lui laisser le temps d'être prête pour dire ce qui visiblement la travaille autant. C'est comme si elle n'arrivait pas à le sortir d'elle même. Lui avait-on fait du mal? A-t-elle appris une mauvaise nouvelle? Avait-elle-peur de quelque chose? Voyant que mon incompréhension sur mon visage se transformait peu à peu en réelle panique, elle décide enfin de se lancer.

- Ethan, il faut que je t'avoue un truc.
- Je t'écoute.
- Sache avant tout que je suis tellement désolée vraiment, ce n'était pas toi le problème, toi tu étais parfait. C'était moi... Je...

Je la regarde d'un air interrogatif sentant mes yeux peu à peu s'humidifier à cause d'un mauvais pressentiment. Je sais pertinemment bien que les prochaines paroles qu'elle va prononcer vont me changer à jamais.

- Je t'ai trompé Ethan.

A ce moment-là je sens mes oreilles résonner et mon corps s'affaiblir. Je ne saurais même pas vous expliquer cet état, état dans lequel on est quand on se fait trahir par la personne qu'on aimait le plus, à qui on faisait le plus confiance. J'ai l'impression d'être un bébé qu'on aurait oublié au beau milieu d'une gigantesque forêt, complètement perdu, sans repère. Je sentis un vide immense me combler. Je ne me contrôle plus, ma déception se transforme très vite en colère.

- Moi : Avec qui?
- Ethan tu étais un petit copain exemplaire je te jure, je ne voulais pas te faire de mal, tu mérites bien mieux que ça, je te jure je...
- AVEC QUI???????
- Ton... ton demi-frère, Aaron. Pardon Ethan...

Je me lève alors du lit sur lequel Léa est assise, sanglotante, parvenant a peine à reprendre son souffle. Je tourne en rond, craque mes doigts pour essayer de ne pas les tuer. Je serre les dents et les poings. Après de longs instants de silence complet et de larmes, je finis par m'immobiliser et regarder le vide. Léa me dit alors, du bout de ses forces.

- Léa : Je t'en supplie Ethan, dis-moi quelque chose...

Je prends alors mon courage à deux mains pour lui poser une dernière question :

- Est-ce que tu regrettes ce que tu as fait?

Rien. Pas de réponse. Je prends ce silence pour un non, signifiant que ce n'était pas une simple tromperie, elle aimait vraiment quelqu'un d'autre. Ses yeux était rouges écarlates et gonflés à cause de ses pleures. Quant à moi, je refusais de lui montrer une quelconque émotion. Je ne pleurerais ni hurlerais pas car cela impliquerait que je ressens quelque chose pour elle, or je ne ressens plus rien. Le néant. Elle est morte à mes yeux, de même qu'une partie de moi. Je lui dis donc le plus gravement possible:

- Sors de chez moi.

Voyant ma froideur indifférente, elle comprend le mal qu'elle m'a fait ce qui semble elle aussi la détruire intérieurement, mais elle s'exécute. Elle part dans le plus grand des silences, me laissant planter là.

Vous savez ce qui fait encore plus de mal que d'être trahis par quelqu'un qu'on aime? Être trahis par deux personnes qu'on aime. Si l'histoire s'arrêtait là et que je pouvais simplement rayer Léa de ma vie, cela serait bien plus simple. Mais non. Il fallait en plus que mon demi-frère s'en mêle. Il est vrai qu'on n'a pas toujours eu une relation très facile, mais je pensais que dans le fond on tenait l'un à l'autre. Visiblement pas lui. S'en était trop.

Je descends donc dans le salon et attends furieux mon père. Car oui, si je pouvais arrêter de ressentir quoi que ce soit vis à vis de Léa, ma famille restait me famille et je devint explosif.

Quand mon père rentra et me vis dans cet état, il s'inquiétât immédiatement. Je lui raconte tout. On en discute longuement et on prend une décision difficile, mais c'était nécessaire. On attend cette fois-ci à deux le retour d'Aaron.

Il est 20h30 quand on entend Aaron insérer ses clés dans la porte d'entrée. Ce qu'il ne sait pas, c'est que c'est la dernière fois.