J'ai très bien dormi cette nuit, épuisé par tous les efforts de la veille. Je n'ai pas de colles aujourd'hui donc je suis assez libre l'après-midi. Tant mieux, ça me permettra de me préparer mentalement avant ma première consultation qui m'angoisse un peu. Parler de sentiments ce n'est pas trop mon truc, j'appréhende beaucoup ce moment.
Le cabinet se trouve pas très loin de chez moi, mais, toujours obsédé par la question de la ponctualité, je pars assez tôt. J'arrive au bout d'une vingtaine de minutes à pieds devant un bel immeuble. En m'avançant vers la porte, je parmi tous les interphones le nom de ma psychologue. Ah c'est bon j'ai trouvé, Mme Wegiel. J'appuie alors timidement sur la sonnette. Un bruit me fait signe que la porte m'a été ouverte. Je pousse alors la grande porte et monte jusqu'au troisième étage. J'atterris devant une porte sur laquelle est affichée une plaque où il est gravé « Mme Nathalie Wegiel ». Je prends une grande inspiration avant de toquer. Une dame d'une quarantaine d'années, très soignée, dont le port de lunettes donne un air très sérieux, m'ouvre la porte. Elle semble à la fois douce et professionnelle. Cela me rassurait un peu.
- Mme Wegiel : Rentrez, je vous en prie!
- Moi : Merci beaucoup.
Elle ferme alors la porte après moi et m'invite a m'installer dans son cabinet. Ce dernier était lumineux mais tout à fait chaleureux. L'ambiance y était propice aux confessions, on s'y sentait à l'aise, même trop. Je pourrais m'endormir dans son fauteuil tellement il est confortable. Trêve de bavardage, revenons à nos moutons.
- Mme Wegiel : Vous êtes monsieur Ethan Bordi, c'est ça?
- Moi : Tout à fait.
- Mme Wegiel : J'ai pour habitude avant de commencer de toujours demander, notamment aux personnes de votre âge, la façon dont vous préférez que l'on s'adresse à vous. Dois-je vous vouvoyer ou préférez-vous que je vous tutoie et vous appelle par votre prénom? Vous pouvez également m'appeler Nathalie, je ne le prendrais pas mal du tout. Au contraire, c'est même mieux, je sais par expérience que ça mets mes patients plus à l'aise.
Cela me fait tout drôle mais j'accepte sa demande par politesse.
- Moi : D'accord Nathalie, et bien sûr vous, enfin tu peux me tutoyer sans problème.
- Nathalie : Très bien Ethan, je t'en remercie. Première question alors, es-tu bien installé?
- Moi : Oui très bien, merci.
- Nathalie : Et comment tu te sens?
- Moi : Actuellement ou en général?
- Nathalie : Comme tu le souhaites, je serais curieuse de savoir les deux.
- Moi : Actuellement je me sens bien, je dois bien avouer que j'étais stressé avant cette première visite mais maintenant ça va mieux. Et en général... ça va mieux aussi.
- Nathalie : Je suis contente de l'entendre! Cette amélioration de ton état est inconsciente ou en connais-tu la cause?
- Moi : Je pense en connaître la, enfin plutôt les causes.
- Nathalie : Ça c'est une très bonne nouvelle, ça nous aidera beaucoup pour faire en sorte que ça continue en ce sens. Je te rappelle que je suis concernée par le secret professionnel et que tout ce que tu me dis restera entre toi et moi et que je ne suis pas Dieu pour émettre un quelconque jugement, je suis simplement un intermédiaire entre toi et toi même pour t'aider à extérioriser ce que tu gardes au plus profond de toi. Maintenant que c'est dit, est-ce que tu voudrais me parler de ces causes?
- Moi : Eh bien... Je pense que j'avais besoin de renouveau et l'arrivée dans un nouveau lycée était absolument ce qu'il me fallait. Ensuite, j'avais besoin de me dépenser, de me défouler à ma manière, et avant d'arriver ici, ma thérapie a toujours été le sport, et en particulier le volley-ball. Puis finalement, j'avais besoin d'espoir, et je suis entouré par des personnes qui m'en donnent et me suis éloignée de celle qui me l'enlevaient.
- Nathalie : Tu as déjà fait un grand travail à toi tout seul, tu sembles d'une grande maturité. Mais tout ça est très rationnel et conceptuel, mais concrètement, qu'est ce que tu ressens?
- Moi : De la rancoeur et de l'incompréhension. Le fameux « pourquoi moi ? », « en quoi ai-je mérité ça ? ».
- Nathalie : Tu as été blessé?
- Moi : Et trahis surtout oui.
- Nathalie : Par des personnes auxquelles tu tenaient?
- Moi : Plus que tout au monde.
- Nathalie : Et quelles sont vos relations aujourd'hui ?
- Moi : Nulles, elles n'existent plus.
- Nathalie : Vous n'avez plus contact?
- Moi : Non.
- Nathalie : Et pourtant tu souffres toujours de cette situation?
- Moi : Oui.
- Nathalie : Avez-vous eu des explications? Et je parle de réelles explications, pas seulement une suite d'injures et de mots blessants lâchés sous l'impact de vos émotions.
- Moi : Non, jamais.
- Nathalie : Je pense qu'en ayant si brutalement couper les ponts avec ces personnes, vous vous êtes fait davantage de mal à vous même qu'à ces personnes. La fierté est une chose, mais est-ce qu'elle vaut vraiment toutes ces peines?
Peut-être qu'elle avait raison. Peut-être que je devrais recontacter Aaron, et lui demander au passage des nouvelles de Léa. J'y pense souvent le soir avant de m'endormir, même si je prétends n'en avoir rien à faire. Dans le fond ça reste mon frère, et ça me tue de ne pas savoir où il est actuellement, s'il va bien, s'il est en sécurité. Il faut que je le fasse, que je l'appelle : c'est le seul moyen pour que je puisse vraiment démarrer mon processus de guérison.
VOUS LISEZ
Timide Torride III
Romance« - Numéro inconnu : Coucou - Moi : Qui est-ce? - Numéro inconnu : Tout ce dont tu as toujours rêvé. » Depuis qu'Ethan connaît la vérité, il est devenu encore plus froid et ténébreux qu'il ne l'était déjà. Il tente alors d'extérioriser sa colè...
