• Chapitre 7 : Témoignages poignants •

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Mes mains moites m'empêchent de taper correctement mon message sur l'écran de mon téléphone. Parler de tout ça me demandait beaucoup d'efforts.

< Moi : Alors voilà...

Mon message est suivit d'une longue pause.

> An : Ne t'inquiète pas Ethan, je te ne jugerais pas. Je suis là pour t'écouter, te soutenir et t'aider si je le peux.

< Moi : C'est pas toi le problème.

< Moi : C'est juste que... C'est encore un sujet sensible, j'ai l'impression que je n'arrive pas à en guérir, malgré le temps. Ça reste dans un coin de ma tête et ne veut pas partir.

> An : Si tu veux, je commence.  Peut/être que si je te partage mon expérience traumatisante, tu te sentiras plus à l'aise pour partager la tienne.

< Moi : Je veux bien, oui.

> An : Moi aussi il y a une raison pour laquelle je suis comme ça avec toi. Dans le sens, cachée derrière un enchaînement de nombres comme tu l'as souligné la dernière fois. J'ai été harcelée  durant toutes mes années de collège. Les enfants sont méchants à cet âge là, surtout si tu es légèrement en surpoids et que tu as quelques problèmes de peau.

> An : Et j'ai mis beaucoup de temps à m'en sortir moi aussi, à essayer de me libérer de tout ces complexes qu'ils m'ont inculqués. Mais un jour je me suis dit que ce n'était pas juste, que c'était de la méchanceté gratuite, que je ne pouvais pas me laisser abattre par ce genre de personnes. J'ai donc décidé de me prendre en main, physiquement et mentalement. Je suis allée voir un psychologue, un dermatologue, un diététicien et un coatch sportif. J'étais plus motivée que jamais durant mes dernières années de lycée.

> An : Je pense que le plus dur dans tout ça, c'est d'accepter d'être aidé. On se dit toujours qu'on peut endurer tout ça, qu'on est fort, qu'on surmontera la pente. A écouter notre entourage, ça parait si simple d'aller mieux. Mais le fait est, qu'effectivement, il faut le vouloir Ethan, il faut que tu te laisses la chance d'aller de l'avant. Et pour ça tu dois te  déculpabiliser et dire ce que tu as sur le coeur, et quand bien même tu ne voudrais pas me le dire à moi, je peux te donner les coordonnées de ma psy.

Ce discours de l'inconnue complète parfaitement ce qu'a essayé de me transmettre la dernière fois mon père. Et si finalement ils avaient raison? Je commençais vraiment petit à petit à voir le verre à moitié plein.

< Moi : Merci pour ton témoignage, ça n'a pas du être si facile pour toi non plus.

< Moi : En ce qui me concerne, disons que j'ai eu des expériences particulières avec toutes les femmes qui ont fait partie de ma vie, et ce dès mon plus jeune âge... Ma mère est une femme qui a tendance à boire un peu, et quand c'est le cas, elle ne contrôle plus sa violence...

< Moi : Quant à Anaïs...

< Moi : Anaïs était une de mes amies d'enfance qui a... abusé de moi.

> An : Tu veux dire qu'elle t'a...

< Moi : Elle m'a violé, oui.

> An : Ethan je suis vraiment navrée...

> An : Est-ce que tu as eu le courage de porter plainte? Ce n'est pas du tout un jugement, mais si tu as besoin d'aide pour le faire...

< Moi : Non c'est bon merci. J'ai déjà reçu l'aide de quelqu'un pour le faire, d'une fille qui prétendait être ma sauveuse et qui s'est avérée être tout le contraire.

> An : Ça explique mieux ta réticence envers moi...

> An : Contact

> An : Tiens, je te partage le contact de ma psy. N'hésite pas si besoin à appeler le 3919, c'est un numéro qui a été spécialement créé pour ce genre de violences.

< Moi : Merci An

> An : Pas de soucis Ethan.

Je me sentais plus léger, j'avais vraiment l'impression d'avoir déjà enlevé un certain poids de mon coeur. La thérapie n'était peut-être pas une idée si bête que ça et mon père serait sans doute très rassuré si je consultais un professionnel. Il faudrait vraiment que je lui en parle ce soir.

Et effectivement, au moment du dîner, je décide d'introduire ce sujet. Mon père était si heureux, il n'avait jamais voulu me l'imposer mais avait toujours pensé que quand je serais prêt, cela serait à faire. Il ne voulait même pas savoir d'où m'était venu cette initiative, mais il semblait fier de moi. Et dire que c'était en grande partie grâce à An. Finalement, peut être était-ce une bonne chose qu'elle soit là. On avait possiblement plus de sujets en commun et de similitudes que ce que je ne le pensais.

J'ai passé un bon week-end lors duquel j'ai pu bien me ressourcer, mais il fallait à présent attaquer une nouvelle semaine. En arrivant en lycée lundi matin, je me suis rendu compte que devant nos salles n'avaient pas encore été enlevée les listes d'appel. Étant arrivé en avance, redoutant toujours de ne pas être accepté en cas de retard, je me mets en rechercher dans les listes tous les prénoms féminins commençant par An. Je ne me rendais pas compte qu'il y en avait autant :« Andréa, Anastasia, Anissa, Andy, Anaëlle, Anna » et j'en passe. Mais, elle n'est pas supposée m'intéresser, qu'est ce que je suis en train de faire? Heureusement, le cours va bientôt commencer, ça m'évitera de m'égarer dans des pensées futiles.

Timide Torride IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant