• Chapitre 10 : Perdue dans la foule •

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J'attendais toujours la journée du jeudi avec impatience. Aujourd'hui, notre entraîneur a prévu un match entre les premières années et les deuxièmes années, une tradition apparemment pour marquer le début d'année de l'année scolaire et le lancement des événements sportifs. Tous les élèves de prepa étaient invités pour cette occasion, et même certains lycéens. Je n'aimais pas ce genre de cérémonies, ces situations où l'on est au centre de l'attention et où les garçons comme les filles font tout pour se faire remarqués par différents moyens farfelus. Mais bon, je faisais ça par passion et non pour une quelconque gloire.

On a reçu pour cette occasion de la part du lycée des maillots avec notre numéro et nom de famille : « 2 Bordi » indiquait mon maillot bleu. Il m'allait parfaitement, moulant mes larges épaules que j'aimais bien mettre en valeur.

On était beaucoup dans les vestiaires masculins, ça empestait déjà la sueur. J'ai toujours secrètement aimer ce moment où l'on se change, jetant parfois un petit coup d'œil sur les corps de mes coéquipiers, probablement par complexe ou au contraire pour me redonner confiance en moi.

En sortant des vestiaires, j'aperçois la foule d'élèves dans les gradins, filles comme garçons de tout âge. C'était encore plus intimidant que ce que je ne pensais. J'hésitais même à faire demi-tour mais bon. Si An était là, il fallait bien que je l'impressionne.

Le match commence. Les deuxièmes années semblent très et même trop confiants. Moi j'étais concentré et motivé.

Je faisais de belles passes en tant que passeur, ce qui permettait à mon équipe de mettre de beaux points. Ayant de très bons appuis, je sautais autant que je le pouvais. On m'a toujours dit que j'avais une bonne détente.

Les spectateurs semblaient très investis et j'avais l'impression qu'il y avait toujours plus de personnes qui se joignaient. On faisait sensation, et je retire ce que j'ai dit, je pense que finalement ça me plaît pas mal.

Malheureusement, nous avons finalement perdu 1:3 mais nous nous sommes quand même battus jusqu'au bout, c'est l'essentiel. Je restais plutôt satisfait de mon jeu, ayant reçu quelques compliments venant de mes coéquipiers et même d'adversaires.

On retourne par conséquent dans les vestiaires et c'est alors qu'en me rhabillant, je trouve dans la poche de ma veste un petit mot. Il y était inscrit « Tu es magnifique », signé An. Mon coeur loupe un battement. Comment avait-elle fait pour rentrer ici? Après tout, il y a tellement de monde dans le gymnase aujourd'hui que tout le monde aurait pu rentrer dans les vestiaires à tout moment sans être remarqué.

Elle était donc là aujourd'hui. Si près. Et elle m'a vu, elle m'a observé et moi je ne l'ai pas vu. Pire encore, peut-être que j'ai croisé son regard sans savoir que c'était elle. Elle prenait beaucoup de risques en faisant ça. J'aurais pu la démasquer. Mais elle est particulièrement discrète et futée, il faut dire ce qui est.

Face au flux d'adolescents euphoriques se dirigeant vers la sortie, je parviens à peine à me faufiler vers la sortie. Quand j'y arrive enfin, je sors mon téléphone pour écrire à An :

< Moi : Comment as-tu fait pour déposer ton petit mot dans ma poche?

Je redresse la tête pour voir si une fille dans les alentours étaient sur son téléphone. Et vous vous doutez bien, c'était le cas de la majeure partie d'entre-elles. Merde.

> An : Mystère mystère...

> An : En tout cas tu m'as épaté, t'as un réel talent, je sais ce que je dis.

< Moi : Merci An.

> An : Tu n'as pas à me remercier, tout le mérite te reviens.

Je repensais alors à toutes les personnes sur lesquelles me regard aurait pu se poser, mais il y en avait tellement... Je tente alors d'y aller au culot et lui demande, sans avoir de grands espoirs de recevoir une quelconque réponse :

< Moi : Où étais-tu?

> An : Non loin de toi.

< Moi : C'est terriblement frustrant ce que tu es en train de me dire, tu sais?

> An : C'est le but mon trésor.

< Moi : An?

> An : Oui?

< Moi : Tu comptes me dire un jour qui tu es?

> An : Peut-être, peut-être pas.

< Moi : Et pourquoi pas?

> An : Parce que j'ai peur de te perdre quand tu sauras qui je suis vraiment.

< Moi : Tu me fais peur là.

> An : Non, ne t'inquiète pas. C'est juste que...
j'ai peur de ne pas être à la hauteur.

< Moi : C'est moi qui n'étais pas à la hauteur et qui ne faisais pas assez d'efforts je te rappelle.

< Moi : J'ai appris à te faire confiance sans rien savoir de toi An, à toi de me faire, et avant tout, de TE faire confiance.

Je tenais encore dans la main son petit mot. Elle avait une écriture particulière. Ses lettres étaient petites et très peu arrondies. « Tu es magnifique ». Je sens mon coeur se réchauffer à nouveau quand je lis ces trois mots.

Je dois bien vous l'avouer, j'essayais parfois de m'imaginer à quoi elle pouvait bien ressembler. Je l'imaginais avec des cheveux bruns, épais et mi-longs, parfaitement lisses. Ses yeux noisettes tireraient vers le vert au soleil, et sa peau assez bronzée dévoilerait quelques tâches de rousseur sur son joli nez grec. Que pouvait-elle craindre à ce point? Quand bien même elle ne serait pas exactement conforme à ma description, ça ne changerait rien à notre entente. J'osais vraiment espérer qu'un jour je pourrais moi aussi connaître le son de sa voix et la beauté de son visage. Moi qui suis habituellement curieux et impatient, cette situation était une réelle épreuve pour moi.

Timide Torride IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant