• Chapitre 2 : Coeur et égo brisés •

2.5K 50 1
                                    

En entrant dans la maison, il a suffit qu'Aaron croise mon regard pour qu'il sache que je sais. Les mots lui manquent, ses gestes sont chaotiques.

- Papa : Aaron, vient t'asseoir à côté de nous s'il-te-plaît.

Il s'installe alors, la tête baissée, passant nerveusement ses mains dans ses cheveux.

- Papa : Léa a tout raconté à Ethan qui m'a à son tour tout expliqué. Tu sais, même si tu as toujours été remonté contre moi, moi je t'ai toujours défendu comme si tu étais mon propre fils, et ce quoi que tu fasses. Mais là tu m'as déçu Aaron et je ne tolérerais pas ce genre de comportement sous mon toit. Ta mère n'est plus là, tu as maintenant 21 ans, donc si tu as eu l'audace de coucher avec la copine de ton frère, tu auras également le courage nécessaire pour faire ta vie ailleurs. Débrouille-toi avec Léa ou peu importe, je ne veux rien savoir. Je t'aiderais financièrement s'il le faut mais je ne veux plus te voir ici. Prends le nécessaire, et pars.

J'avais jamais vu mon père dans un tel état car il disait vrai, même si Aaron avait du mal à avoir une quelconque considération envers mon père, ce dernier aurait tout fait pour le protéger. Mais je voyais que son comportement l'avait blesser tout autant que moi et que c'était mieux pour nous tous ainsi, autrement la situation ne serait pas viable.

Aaron est aussi dévasté que furieux. Il me lance un regard noir comme si c'était moi le fautif. Il se lève alors brusquement et se précipite en direction de sa chambre, comptant bien faire ce qu'on lui avait demander. Mon père m'enlace même s'il voit dans mes yeux que ce n'était pas ça que je souhaitais. Ce que je souhaitais le plus actuellement, c'était d'avoir des explications. Même si mon père essaie de me convaincre de ne pas le faire,  je monte à mon tour en direction de la chambre d'Aaron dont la porte était entre-ouverte. Je le vois, complètement enrager, pleurant de colère, en train de mettre n'importe comment le plus d'affaire possible dans une petite valise. Je dis alors d'un ton non pas énervé, mais plutôt attristé :

- Pourquoi tu as fait ça Aaron?
- POURQUOI? Pourquoi Ethan? Tu veux vraiment savoir pourquoi? Parce que tu as toujours eu ce que moi je ne pouvais pas avoir Ethan, tu as toujours été le fils parfait et moi le vilain petit canard. Tu as un père aimant, une petite copine sexy, un avenir tout tracé. Moi je n'ai jamais rien eu de tout ça. Je t'ai toujours terriblement envier Ethan, j'en ai la nausée quand je te regarde.

Chacune de ses paroles agrandi davantage la plaie dans mon coeur. On a jamais eu une relation fraternelle parfaite mais, je pensais que dans le fond on s'aimait et on se respectait. Complètement abasourdi, je me retourne pour sortir de la chambre. C'est alors que je l'entends marmonner :

- Et puis, t'avais qu'à mieux la baiser.

Ça ne fait qu'un tour. Sans réfléchir je m'avance déterminé en direction d'Aaron, je n'ai plus aucune peine à présent. Je lui assigne alors un grand coup de poing dans le nez qui le fait immédiatement saigner. Mon père, en entendant les bruits violents, montent immédiatement pour nous séparer. J'aurais pu l'étrangler à ce moment-là.

- Papa : Dégages de cette maison Aaron, je ne veux plus te voir! Jamais!

Aaron empoigne alors d'une main ses affaires, de l'autre son nez et dévalise les escaliers puis sort en claquant violemment la porte.

Je m'effondre par terre. Je n'arrivais pas à comprendre en quoi je méritais tout ça. Je n'étais pas parfait, c'était clair mais je veux dire, je ne pense pas être une mauvaise personne. J'aurais donné ma vie pour ces deux-là, et eux...  Je me demande bien ce qu'ils vont devenir ensemble. Dans tous les cas, je ne veux pas le savoir. Je ne veux plus jamais entendre leurs prénoms.

Mon estime de moi, qui n'a jamais vraiment été très haute contrairement à ce que pouvait penser Aaron, s'est complètement effondrée. Moi qui avait fait tant d'effort pour m'ouvrir au monde et faire confiance aux autres... Mais c'est finit tout ça. Je les emmerde, tous. Qu'ils aillent se faire voir.

Mon père a essayé de me faire sortir et m'occuper tout l'été. On voyageait par ci par là, prenions du temps pour nous. Avec le départ de maman et maintenant d'Aaron, c'était pas facile pour lui non plus. Pourtant, il y a une chose qui nous différenciait lui et moi dans cette situation : il était optimiste. Il avait encore espoir qu'après la pluie viendrait le beau temps et qu'après toutes ces souffrances viendrait enfin le réconfort. Je ne savais pas vraiment si c'était une certaine force d'esprit ou  simplement de la naïveté. Quoi qu'il en soit, je n'étais pas du tout du même avis. J'avais l'impression d'être ce personnage de dessin animé au-dessus duquel planait en permanence un petit nuage de pluie. Je ne parvenais même plus à sourire de la même façon qu'avant. Quelque chose dans mon regard avait changé.

Finalement, ça tombe bien. Je vais pouvoir débarquer dans un nouvel établissement où personne ne me connaît et pourrais de nouveau être le garçon froid du fond de la salle que personne ne calcule et dont on ne connaît même pas le son de la voix. Ce changement d'horizon allait peut être aussi m'aider à tourner la page et commencer un nouveau chapitre de ma vie. J'ose espérer que celui-ci sera plus joyeux.

Timide Torride IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant