Prologue

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Assise sur la banquette arrière, je regarde lascivement le paysage défilant à travers la fenêtre de la voiture, silencieuse, ne pensant à rien, comme si mon esprit était vide de tout sens. La route était déserte, la nuit était tombée depuis deux bonnes heures maintenant, j'avais froid. C'était début mai. Les arbres dont je ne voyais que la forme noire défilant devant moi donnaient une atmosphère assez lugubre et sombre de la route. Qu'est-ce que j'ai fait pour me retrouver là ? Je me tourna vers le chauffeur de la voiture en disant d'un air gêné :

- Désolée, Nicolas.

Ce dernier me jeta un rapide regard dans le rétroviseur intérieur de la voiture avant de regarder à nouveau la route en disant froidement après un long silence :

- T'y es pour rien.

Il doit encore être énervé après ce qu'il vient de se passer chez ma tante. Je retourna le regard vers la fenêtre pour admirer de nouveau les arbres noircis par la nuit qui défilaient par centaine sous mes yeux en demandant :

- Où va-t-on, à présent ?

Nicolas : Loin de cette famille de m*rde.

Je resta silencieuse, repensant à cette triste soirée qu'on vient de passer lui, moi et le reste de notre famille. Je les entends encore..."Nicolas, pourquoi tiens-tu tant à rester avec cette serial killer, tu as perdu la raison toi aussi ?!" ; "Elle est folle ! Doit-on te rappeler pourquoi les parents de (T/p) ainsi que son cher voisin Tristan et même des soldats sont morts, Nicolas ?!" ; "(T/p), vous nous faites honte toi et ton cousin ! Mais vous nous faites honte !" ; "Je n'arrive pas à croire que le sang d'une meurtrière ayant tué ses propres parents coule dans mes veines. Ca me répugne ! Tu me dégoutes, (T/p) !" ; "Ne pensez même pas toucher ne serait-ce qu'un centime de l'héritage (T/p) et Nicolas ! Vous êtes banni de la famille ! Partez et ne revenez plus jamais !"

Ces gens si humbles, si patients et si facilement soumis, ils n'ont eu pour nous ni respect, ni considération, ni estime. Je soupire. Pourquoi me traitent-t-ils de meurtrière ? Ai-je vraiment tué mes parents, des soldats et ce voisin du nom de Tristan comme ils le disent si bien ? Surement, ils n'y auraient pas d'intérêt à inventer de tels mensonges mais alors... Pourquoi je ne me rappelle de rien...?

- Arrête de penser à tout ça.

Je sursauta avant de tourner mon regard vers Nicolas, confuse qui continua :

- Je ne pensais pas moi non plus que la famille nous lâcherait ainsi. Je croyais qu'on était tout de même un peu plus solidaire que ça.

Il me regarda dans le rétroviseur intérieur de la voiture et dit en me lâchant un léger sourire :

- Ne t'inquiète pas (T/p), on va s'en sortir. Tant pis pour l'héritage, tant pis pour les liens du sang, tant pis pour l'amour familiale. Oublie-les, ils n'en valent pas la peine.

J'hocha simplement la tête mais ne lui rendit pas son sourire pour autant. Il perdit alors le sien et retourna le regard sur la route. Je ne sais pas pourquoi il est les seul de la famille à avoir prit ma défense tout à l'heure mais je n'ai pas envie de l'embarrasser avec cette question. Il eut un long silence avant que je demande en regardant une nouvelle fois par la fenêtre :

- On va faire quoi, maintenant ?

Il répondit :

- On va chez moi. Bien que mon appart soit petit, il y a un grand placard pouvant largement servir de chambre d'ami si on optimise au maximum la place. J'ai déjà des potes qui ont dormi dans cette pièce donc c'est largement faisable. Je te passerais un matelas qu'un pote a oublié ici après une soirée ainsi qu'un oreiller et quelques couvertures de ma chambre.

Je ne répondis point, il continua d'un ton moqueur comme pour détendre l'atmosphère étrange entre nous :

- T'as de la chance que je suis célib, ça fera moins de bouchées à nourrir. Mais t'auras intérêt à rapidement trouver un p'tit boulot !

Moi : Je te rappelle que je suis au lycée, et donc, que je suis encore mineure.

Nicolas : ...Pas faux. C'est pas grave, je ferais des p'tits boulots. Heureusement que tes parents t'ont mit dans un lycée public sinon ça aurait été assez compliqué pour mon portefeuille.

Moi : Désolée de ne pas pouvoir t'aider...

Nicolas : T'excuse pas. Je préfère ça que de te voir dans un orphelinat ou avec cette famille de c*nnards.

Tout redevint silencieux tandis que je tourna mon regard de nouveau par la fenêtre pour admirer une fois de plus ses majestueux arbres qui se tenaient face à la route, fiers mais qui me faisaient terriblement peur vu de nuit. Petit à petit, on pénétra dans la ville, celle où j'ai grandi en compagnie de mes parents. Notre maison était dans sa banlieue, dans un petit quartier désert. Je n'y suis pas retournée depuis...l'accident ou mon meurtre...Je ne sais pas trop. Nous étions à présent en plein centre-ville. 

La voiture s'arrêta devant un petit immeuble délabré qui semblait être pressé entre deux plus grandes tours. On descendit tout deux de la voiture garée sur un parking privé. En face du petit immeuble, mon cousin me dit simplement :

- Tu habiteras ici pendant un bout de temps. Et désolé d'avance, mais tu devras aller au lycée en train.

Il tapa un code sur un petit boitier de l'immeuble avant d'entrer dans ce dernier en disant à voix basse :

- Le code c'est 3210. Ne le répète à personne sans mon autorisation. A moins que tu tiennes à ce qu'on se fasse cambrioler.

On monta deux étages par les escaliers silencieux et désert, normal quand il est presque 4h du matin. On aurait pu prendre l'ascenseur mais ce dernier est en panne ou cassé, je ne sais pas trop. Nicolas s'arrêta devant une des nombreuses portes en bois qui couronnés les couloirs identiques les uns des autres. Il sorti des clés de sa veste en cuir noir et inséra l'une d'entre elle dans la serrure. En ouvrant la porte, il me fit rentrer la première en disant :

- Fait comme chez toi, moi je vais rapidement aller chercher tes affaires qui sont toujours chez ma mère. Reste-là en attendant, je ferme à clé.

Il n'attendit pas ma réponse qu'il claqua la porte et j'entendis la serrure se reverrouiller. Maintenant seul dans ce petit appart, je balaye d'un regard livide la pièce jusqu'à m'arrêter devant une fenêtre où l'on pouvait apercevoir un magnifique ciel bleu étoilé. La lune était pleine, grande et d'une blancheur qui se voulait aveuglante.

Je soupire. J'ai l'impression qu'une vie étrange est entrain de s'ouvrir à moi. J'ai la bizarre impression que cette fin d'année se présente...mouvementée.

Blind ⁽ᴮᵉᶰ ᴰʳᵒʷᶰᵉᵈ ˣ ᴿᵉᵃᵈᵉʳ⁾ 𝕋𝕠𝕞𝕖 𝟚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant