4- Eau

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J'ai pris le train de nuit après avoir marché quelques heures afin de m'éloigner de la maison de Warren. J'ai réussi à aller jusqu'à Amritsar sans me faire contrôler. Après être descendue, j'ai continué à marcher en restant fidèle au plan que j'avais prévu. Il faisait presque jour. Je marchais depuis plus de 4 heures maintenant. Une petite maison se trouvait sur mon chemin, j'ai donc décidé de m'y arrêter. J'étais épuisée. J'ai frappé la porte, sans réponse. J'ai frappé une deuxième fois. Sans réponse aussi. J'ai décidé de partir quand la porte s'ouvrît.

"- Que voulez vous ? demanda un vieillard.
- Je... excusez moi de vous déranger... J'ai vu de la lumière donc... j'ai pensé que la maison était habitée. Je voudrais une peu d'eau s'il vous plaît.
- Que faites vous ici à une heure pareille ?
- Je dois rejoindre Firemont."

L'homme se mit à rire devant mon nez. Il riait nerveusement.

"- Haha ! Hahaha ! Excuse moi mais, hahaha ! Tu es folle ?! Tu plaisantes ?
- Non.
- Et qu'est ce que tu comptes faire là-bas ?
- Aider les habitants. Les prévenir, les sauver.
- Tu es bien naïve... Tu crois qu'ils vont te croire ?
- Je n'en sais rien, mais autant essayer."

L'homme avait l'air de savoir de quoi je parlais. Il était au courant pour Firemont ?

"- Tu n'as pas l'air très... prudente, dit-il en me regardant de haut en bas.
- C'est ce que je laisse paraître.
- Entre.
- Non... merci. Je voudrais seulement de l'eau s'il vous plaît, dis-je d'un ton ferme.
- Bien."

Il rempli ma bouteille d'eau. J'ai voulu le payer, car l'eau est très chère mais l'homme m'a répondu que ça ne servait à rien, qu'il n'accepterait pas mon argent.

"- Tu as besoin d'autre chose ? demanda-t-il.
- Non. Merci encore pour l'eau.
- De rien. Tu as ce qu'il te faut pour manger ?
- Je me débrouillerai en chemin, répondis-je.
- Ne bouges pas."

L'homme parti pendant quelques minutes. J'ai observé la petite maison en restant à l'entrée. Un tableau était accroché au dessus de la cheminée. Il représentait des fleurs d'un blanc pur, dans un vase bleu profond. J'ai détourné mon regard vers un carde photo. On pouvait reconnaître le vieillard - qui était jeune sur la photo - et une jeune femme. Ils se tenaient la main. Ça devait être sa compagne. La jeune femme tenait une petit fille dans les bras, elle souriait à pleine dents et avait l'air joyeuse.

"- Ça ne sert à rien de revenir sur le passé. dit l'homme en retournant le cadre face contre meuble.
- Je suis...
- Ne sois pas désolée. Ça ne sert à rien. Bref. Je t'ai fait un sandwich, dit-il en me le tendant. J'espère que tu manges de tout.
- Heu... Oui, oui. Merci. Merci beaucoup... je peux vous pay..
- Non. Non. J'espère que tu réussiras à convaincre les habitants de Firemont. Je n'ai pas envie qu'on compte un autre génocide, dit-il en baissant la tête.
- Oui... je...
- Continue ta route avec prudence et ne fais pas confiance à n'importe qui, conseilla-t-il.
- Merci Monsieur... ?
- Mon nom ne te serviras pas. Tu n'as rien à me rendre, ni à me donner. Je ne suis personne, dit-il humblement.
- Heu... merci... je...
- Je dois partir travailler dans 20 minutes. Je vais me préparer.
- Oui... heu... merci beaucoup. Même si vous pensez que vous ne valez rien, je me rappellerai de vous. Je vous le promet. Au revoir. Merci."

J'allais partir quand une boule de poile se frotta à ma jambe. C'était un chat blanc avec de long poils. Il me regarda dans les yeux, ses pupilles étaient dilatées.

"- Au revoir, dis-je en approchant ma main de son nez. On ne se connaît pas... mais tu es vraiment trop mignon."

L'homme me sourit puis prit le chat dans ses bras.

"- Au revoir. Ne change pas ta détermination à faire les choses bien." dit l'homme avant de ferme la porte.

J'ai hoché la tête en guise de réponse et souri.
J'ai pris mon sac, caressa une dernière fois le chat et parti. Je lui revaudrais ça.
J'ai regardé son nom sur la boîte aux lettres. Monsieur... Radesert.

Je suis donc repartie en direction de Firemont. Cet homme m'a redonné espoir. Je ne connais pas sa vie, son histoire... mais je sais que cet homme restera dans ma mémoire.

Ma journée n'a pas été de tout repos... Je n'ai croisé plus personne sur mon chemin.
Heureusement que je n'ai qu'emporté un petit sac à dos avec le strict minimum. Je commençais quand même à sentir son poids.
Mes cheveux me donnaient de plus en plus chaud. J'ai décidé de m'arrêter un instant afin d'y remédier. Je sens que des que je trouve une paire de ciseaux je vais les couper. J'ai repris ma marche. Ce qui était bien, c'était que je pouvais admirer chaque paysages. Souvent, quand on est dans une voiture, un train ou même un avion, on ne prend pas le temps de regarder ce qui nous entoure.

La nuit du deuxième jour s'entamait. Demain je marcherais jusqu'à une prochaine gare qui se trouve à la frontière. Je ne sais pas comment je vais faire pour monter dans le train sans me faire repérer. Les faux papiers que j'ai obtenu sont ceux fabriqués par les résistants d'Emeria. J'espère juste que les informations n'ont pas été transmise à l'Inde. Je devais passer la frontière du Pakistan et me faire très discrète car ce pays est énormément surveillé.

Pour l'instant il me faut du repos. Je suis de plus en plus fatiguée. Marcher sans cesse au soleil n'est pas la meilleure idée... mais je n'avais pas le choix. J'étais très éloignée de la ville et les transports en commun n'allaient pas jusque dans la campagne.

Une petite grange qui semblait abandonnée attira mon regard. Je me suis dirigée prudemment vers elle puis poussa la porte. Elle était quasiment vide, avec un peu de paille et un abreuvoir sans eau.
J'ai finalement décidé d'y entrer et de m'y reposer. Je me suis installée dans un coin caché au cas où. J'ai regardé l'heure. 21h36. J'ai posé ma tête contre le mur et souffla un grand coup. J'ai enlevé mes chaussures puis pris ma couverture et une barre de céréales dans mon sac.
Mon ventre se mit à gargouiller puis une sensation de trou s'est logée dans mon estomac. J'aurais du prendre plus à manger... J'ai faim. Je trouverais sûrement quelque chose à la gare. J'ai prévu du liquide.

J'ai remis mes chaussures puis m'enroula dans la couverture. Je comptais dormir seulement quelques heures. J'ai fermé les yeux puis m'endormît.

Changer Demain [ Tome 2 ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant