10- Souvenirs

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PDV de Warren

Posé contre le capot de ma voiture, je regardais les vagues s'écraser contre les cailloux. Je pensais sans cesse à Alice. Qu'est ce qu'il t'as pris ? Partir comme cela, si soudainement...
Je me sentais décroché de la réalité, en apesanteur. Je fixais l'horizon sans émotion. Je n'avais ni notion de l'heure, ni du jour. Tout gravitait lentement. La sonnerie de mon téléphone me sorti de mes pensées.

"- Warren, demain j'ai besoin que tu récupères les commandes à 13h, commença la voix de mon géniteur.
- Bien.
- Fais les livrer rapidement à Paris, pour que je puisse les récupérer.
- Oui, répondis-je sur un ton monotone.
- On se voir dans trois jours."

Il raccrocha. Mon père pensait qu'Alice était morte cette fois-ci, une bonne fois pour toute. Je ne comprenais pas pourquoi il s'acharnait autant sur elle. Surtout qu'il avait énormément de pouvoir pour la retrouver et la tuer s'il le voulait. J'ai l'impression qu'il y a comme un jeu entre eux. Un jeu... que lui contrôlait. Il l'a torturait émotionnellement, comme il le fait avec moi.
Je n'avais plus la force de me battre contre lui. Mes émotions ne sont plus qu'un lourd poids sur ma poitrine. Je ne ressens plus rien.

Quand Alice m'a quitté, je n'ai rien ressenti. Je me suis demandé si je l'avais vraiment aimé alors ? Oui, c'est juste que la rupture était tellement difficile à supporter pour moi que mes émotions se sont éteintes. Bien sûr, cette rupture n'est pas la seule raison. Ce que mon père me faisait vivre étaient tellement...

J'ai décidé de rentrer, il se faisait tard. Je n'avais aucun moyen d'avoir des nouvelles d'Alice. Elle est forte et indépendante de toute façon, elle vivait déjà très bien sans moi.

Une fois chez moi, je vis un plateau repas sur le comptoir de la cuisine. Avani m'avait laissé a manger. Tout avait l'air très bon mais je n'avais aucun appétit. J'ai donc tout mis au réfrigérateur.
Je suis monté dans ma chambre, tout était si calme...
Cette sensation, celle où tout va vite autour de toi, celle où tu as l'impression d'être à l'extérieur, d'être spectateur de ta vie. Le coeur lourd, je me suis déshabillé, pris une douche puis m'étala sur le lit. Je faisais tout machinalement.

J'ai fermé les yeux et passa une main sur mon visage. J'ai soupiré longuement. J'ai fixé le plafond pendant peut-être une demi heure en pensant à une autre vie, sans ce système, sans ce poids qui me pèse. J'ai tellement envie de recommencer. Mais c'est impossible.

Je me sentais vide et seul. Mes pensées les plus noires ont prit possession de mon esprit. Je ne les ai pas pour autant chassées.

"- Warren ? Mon petit garçon, dit-elle en s'agenouillant.
- Maman... Je voudrais que tu ne meurs jamais !
- Mon chéri, ria-t-elle, moi aussi !"

Elle riait. Avec son sourire on pouvait enlever tout le malheur des Hommes.

"- Mon coeur... Nous allons faire un voyage.
- Papa va venir avec nous ?
- Non mon ange. Il ne doit pas savoir qu'on va partir.
- Mais il va s'énerver !
- On... on va lui faire une surprise... Et donc il ne faut pas lui dire... tu comprends ?
- Oui. dis-je en hochant la tête.
- Tu vas rencontrer ton frère et ton oncle. Nous prendrons l'avion. Mais il ne faudra pas faire de bruit !
- Oui. dis-je en mimant le zip d'une fermeture éclair sur ma bouche.
- C'est bien mon grand." me félicitait-elle en caressant mes cheveux.

Elle parti devant moi après m'avoir donné un bonbon pour garder notre secret.

Mon père est entré dans ma chambre après que j'ai entendu crier. J'ai immédiatement arrêté de jouer et baissa la tête.

"- VIENS ICI ! hurla mon père. JE T'AI DIT DE NE PAS T'APPROCHER DE TA MÈRE QUAND JE SUIS ICI !
- Mais... pap...
- TU M'AS DÉSOBÉIT !"

Il me gifla. Je suis tombé par terre. Il me rua de coups. Je pleurais en ne disant rien. Maman m'a dit que quand il me frappait il fallait que je ne dise rien sinon ça l'incitait à continuer. J'attendais que le déluge passe. Je fixais ma peluche, elle avait de la chance elle, elle ne vivait pas.
J'étais recroquevillé sur moi même. Une fois que j'ai entendu la porte claquer et que je ne sentais plus ses mains sur moi, j'ai relâché ma respiration. Papa n'était pas content de mon comportement...

J'ai sûrement du m'endormir sur le sol en pleurant. Ma mère m'a réveillé cette nuit là et m'a dit de ne pas faire de bruit. Au début je ne voulais pas la suivre, papa allait encore être déçu de mon comportement... mais elle m'a dit qu'elle allait m'acheter des petites voitures. Alors je l'ai suivi.

Nous marchions la nuit. Ma mère avait un sac à dos. Au bout de deux heures de marche, je commençais à fatiguer. Ma mère me prit dans ses bras, je me suis endormi.

Quand je me suis réveillé nous étions dans un avion. Ma mère me prit la main et me sourit. Puis je me suis rendormi.

J'ai rencontré mon demi frère, Adrien, pour la première fois à l'aéroport. Je le trouvais si grand et fort que je voulais être comme lui. Je lui ai donné un de mes bonbons qui était dans ma poche. Il me l'a prit des mains et le jeta. Mon oncle, Henri, m'a serré la main. Je ne comprenais pas, à 5 ans...

Arrivés chez eux, mon demi frère était très méchant avec moi. Il me disait que je ne devais pas exister et que c'était à cause de moi que maman avait des marques de partout. Je ne comprenais pas... je n'avais jamais vu de marques.

Quelques années plus tard, mon frère était toujours aussi méchant avec moi. Je vivais avec eux depuis maintenant 2 ans. Maman travaillais, elle rentrait tous les soirs.

Puis un jour, maman n'est pas revenue. Mon oncle m'a mit un costume noir. Il avait une mine fermée. Mon frère pleurait.

"- Warren... Tu ne vas plus revoir ta maman. Elle est... parti... commença-t-il.
- Elle m'a dit qu'elle m'emmènerait partout avec elle, elle va revenir me chercher ?
- Warren... ta mère n'est plus de ce monde...
- Elle... est...
- Elle est... morte... finis mon oncle.
- Non... non !
- Il faut que tu sois fort.
- NON ! criais-je.

J'ai couru m'enfermer dans ma chambre et j'ai pleuré. Les jours passaient et je restais dans ma chambre je ne voulais plus voir la vie.

"- Warren... ton repas est devant la porte. Comme d'habitude. Essaies de manger."

Au départ mon oncle me forçait mais il a abandonné... il a comprit que ça ne servait à rien.

Le vibreur de mon téléphone me fit sursauter.

Changer Demain [ Tome 2 ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant