SAMEDI - 8 H 43

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Après quelques courtes heures d'un sommeil sans cauchemars, la lumière du jour m'a sortie de ma torpeur. Elle était toujours là, son visage avait mûri et ses cheveux s'étaient éclaircis depuis la première fois mais elle était toujours aussi belle. Elle avait enlevé la bague d'engagement que je lui avais offerte mais son tatouage de deux anneaux enlacés, signe d'union entre deux âmes-sœurs, encrait toujours la peau de son poignet. Alors j'ai pris quelques minutes, juste pour la regarder, tout en minimisant mes gestes et ma respiration.

— T'es en train de me mater, là ! elle m'a dit avec une pointe d'ironie.

Elle a ouvert les yeux et nous avons éclaté de rire. J'ai caressé sa joue puis je l'ai embrassée, de manière plus langoureuse que passionnée.

— Maya, c'est la première fois que tu m'as réellement dit je t'aime... est-ce que tu le pensais vraiment ?

Des mois d'évitements et de fuites avaient entamé sa confiance en mon amour et même en sa capacité d'aimer. Si je ne voulais pas la perdre à nouveau, je devais lâcher complètement les vannes et me livrer entièrement, peu importe ce que ça devait me coûter.

— Lola, je sais que je ne te l'ai pas assez montré et surtout pas assez dit mais... je t'aime, putain, je t'aime depuis la seconde où tu as descendu ces marches. Tu étais habillée en noir de la tête eux pieds, tu ne m'as pas souri une seule fois, mais je savais déjà que tu allais être la seule capable de faire tomber toutes les barrières que j'avais érigées pour me protéger. Tu m'as souvent dit que tu n'étais pas facile à aimer mais, pourtant, rien n'a été plus facile que de t'aimer. C'est juste que je n'avais jamais ressenti ça avant et je ne savais pas comment le gérer. C'est entièrement ma faute, j'aurais dû te parler plutôt que fuir à chaque fois le problème.

— Non, c'est pas vrai, tu n'as pas tous les torts. Moi aussi, je n'étais jamais tombée amoureuse avant et je ne savais pas comment bien t'aimer sans t'étouffer... tu sais que j'ai parfois des problèmes à gérer mes émotions ! elle m'a répondu avec un sourire complice.

— Et moi, j'ai du mal à les exprimer mais le fait de t'avoir perdue m'a obligée à réfléchir à mes blocages... j'ai pris rendez-vous chez une psy mercredi prochain... est-ce que tu veux bien venir avec moi, enfin je veux dire tu n'es pas obligée mais j'aimerais bien... parce que je sais qu'on est plus ensemble mais...

— Maya, tais-toi ! Moi aussi, je t'aime et je suis tellement fière que tu acceptes enfin d'aller voir une psy.

— Lola, tu me manques tellement. Tout me manque chez toi, même tes blagues débiles et tes colères ! Je sais que je t'ai fait souffrir mais je n'arrive pas à imaginer ma vie sans toi...

— Moi non plus, j'ai beau avoir essayé, je n'y arrive pas sans toi, elle m'a dit les yeux embués.

— Est-ce qu'on peut... est-ce que tu es d'accord pour que... toutes les deux...

— Oui, je le veux aussi. Je sais que tu veux changer et je ne veux pas te perdre à nouveau.

Lorsqu'elle a prononcé ces mots, un frisson a parcouru tout mon corps et j'ai senti les larmes à nouveau couler sur mes joues.

— Par contre, il va falloir que tu arrêtes de pleurer tout le temps ! elle m'a dit en rigolant et en glissant sa main sur ma nuque pour me rapprocher d'elle.

— Viens là, banane ! je lui ai répondu en attrapant sa taille pour la coller à moi.

Pendant que je glissais ma main le long de son dos jusqu'à la naissance de ses fesses, elle a posé ses lèvres sur les miennes tout en souriant, je retrouvais ma Lola juvénile, insouciante et heureuse. Alors que nous nous embrassions lentement mais intensément, elle a ouvert les yeux d'étonnement.

— Putain, faut que je me prépare, je dois retrouver Eliott !

— Va prendre ta douche, je m'occupe de préparer le petit-déjeuner.

— Merci mon cœur, elle m'a répondu tout en déposant un baiser rapide sur mes lèvres.

Elle s'est levée et lorsque je l'ai vue entièrement nue, mon cœur s'est encore serré. Comment j'avais pu ne pas me battre pour elle, la seule dont la simple présence suffisait à me faire oublier la mort de mes parents, les familles d'accueil néfastes, le manque d'argent et la peur d'un avenir incertain. Elle s'est penchée sur un de mes cartons, a attrapé une chemise qu'elle a mise autour de son cou puis s'est tournée vers moi.

— Je peux t'emprunter quelques vêtements ? C'est parce que... je voudrais...

— Avoir mon odeur avec toi ? J'ai porté ton t-shirt jaune pendant des jours ! je lui dis en éclatant de rire.

Elle a rigolé aussi, puis a trottiné sur la pointe des pieds jusqu'au lit pour me voler un autre baiser, avant de repartir de la même manière jusqu'à la salle de bain. Je suis restée un instant dans le lit à regarder le plafond, un air béat collé à mon visage. Rien n'était acquis, notre histoire n'avait jamais été une longue ligne droite mais, cette fois-ci, je voulais tout faire pour que ça marche et ça commençait par un petit-déjeuner. Donc je me suis levée à toute vitesse, j'ai enfilé des vêtements dépareillés et j'ai couru à la boulangerie, au coin de la rue. Pendant que j'étais en train de nous préparer des cappuccinos, je l'ai entendue rentrer dans la cuisine puis j'ai senti ses bras entourer ma taille et mon ventre. Lorsqu'elle m'a embrassée très tendrement dans le cou, un frisson a parcouru tout mon corps. Comment, presque deux ans après, elle pouvait avoir encore autant de pouvoir sur moi ? Je me suis retournée, j'ai passé mes bras autour de son cou et j'ai enfoui ma tête dans son épaule, je voulais juste profiter de sa présence encore un peu. Mon cœur collé à sa poitrine, elle a senti mon pouls et ma respiration s'accélérer, alors elle a caressé très doucement l'arrière de ma tête et ma nuque. Elle avait été la seule à me briser littéralement le cœur et la seule capable de le réparer.

— Merci d'avoir préparé tout ça pour moi... et merci pour tous les efforts que tu fais, elle m'a chuchoté à l'oreille.

— Je ne veux pas te perdre à nouveau.

— Moi non plus... et je sais que je dois faire des efforts aussi pour respecter tes besoins... mais on va y arriver, je te promets.

— Merci, mon ange. On se met à table ? Tu vas finir par être en retard.

— Oui, t'as raison. Eliott va me faire une crise si j'arrive encore à la bourre.

Elle a littéralement englouti deux croissants et son café, tout en me racontant des anecdotes sur le voyage de Lucas et Eliott. Je retrouvais la Lola dont j'étais tombée amoureuse et lorsqu'elle est partie, j'ai eu peur qu'elle ne revienne pas. Il avait fallu que je la perde pour comprendre que je devais arrêter de fuir mes sentiments. 

Maya Etienne et Lola Lecomte (Skam France) : la suite de leur histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant