SAMEDI - 19 H 30

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— Tu peux aller ouvrir, mon lapin ? Lola m'a demandé en me déposant un baiser rapide sur les lèvres. Putain, j'ai pas fini de préparer les toasts, c'est pas possible !

— Je n'aurais jamais pensé te voir stresser pour un repas, je lui ai répondu en rigolant.

— C'est notre premier Noël chez nous, c'est important, je veux que tout soit parfait.

— C'est juste notre famille, t'inquiète ! Le principal, c'est de passer un bon moment ensemble.

— Merci pour ton soutien mais est-ce que tu pourrais quand même aller leur ouvrir ?

— Oh pardon, j'avais complètement oublié ! je me suis exclamée.

Je me suis essuyée les mains en vitesse et j'ai couru leur ouvrir. Daphné, Basile, Thierry et Suzanne se tenaient devant la porte d'entrée, les bras chargés de cadeaux. Je les ai fait rentrer et j'ai embrassé tout le monde chaleureusement.

— Donnez-moi vos manteaux, je vais les mettre dans la chambre. Et vous pouvez poser les cadeaux sous le sapin.

— Merci Maya. Et où est Lola ? a demandé Daphné.

— Elle est dans la cuisine. S'il vous plait, dites-lui que tout va bien se passer, elle stresse de ouf.

— Ma sœur cuisine et stresse pour un repas en famille. Tu lui as fait quoi ?

— Rien du tout, il s'avère qu'elle adore cuisiner maintenant.

— Elle est loin l'époque où elle cherchait les oignons dans le frigo ! s'est exclamé Basile.

Nous avons éclaté de rire et ils se sont empressés d'aller embrasser et réconforter Lola. Quand je suis revenue, Daphné s'occupait de ma grand-mère qui avait pris place dans notre unique fauteuil, tandis que Thierry et Basile discutaient dans le canapé. Je me suis arrêtée dans le couloir entre la cuisine et le salon pour observer cette nouvelle famille que Lola m'avait offerte, puis ma meuf qui cherchait désespérément quelque chose dans les placards. Je suis rentrée sans faire de bruit et je l'ai enlacée par derrière.

— Tu cherches quoi, mon amour ?

— La coriandre et le basilic, je suis persuadée d'en avoir achetés !

— Sur la terrasse... tu m'as dit que c'était pour qu'ils restent frais.

— Oh putain, c'est vrai ! elle s'est exclamée en se tapant la tête.

— Je vais les chercher pendant que tu finis le reste.

— Merci, elle m'a répondu en m'embrassant rapidement.

Revenue dans la cuisine avec les herbes, j'ai demandé à Lola ce que je pouvais faire pour l'aider.

— Tu peux leur servir à boire en attendant que je finisse les entrées, ça les fera patienter un peu.

— Ok mais tu nous rejoins rapidement, c'est pas pareil sans toi, je lui ai répondu en prenant sa tête entre mes mains et en l'embrassant langoureusement.

— Promis, mon cœur.

Cinq minutes plus tard, alors que les conversations sur la misogynie, l'homophobie et le racisme ambiants, trois choses dont j'avais été victime, battaient leur plein, Lola a fait son entrée avec un plateau rempli de toasts, de verrines et de petits fours. Tout le monde s'est regardé et a applaudi, sauf Suzanne qui ne comprenait pas complètement pourquoi elle était ici. Lola nous a fait une présentation détaillée de ses créations, puis s'est assise avec moi par terre, sa jambe collée à la mienne.

— Servez-vous, elle a dit.

Ce que tout le monde s'est empressé de faire, tandis qu'elle attendait, anxieuse, nos réactions.

— Mais c'est délicieux, a dit Basile, la bouche pleine.

— Carrément ! a rajouté Daphné.

— Je suis trop fier de toi, ma chérie, a continué Thierry.

— Ils ont l'air d'aimer, m'a chuchoté Lola, avec ce sourire désarmant qui me faisait fondre à chaque fois.

— Moi aussi, je suis trop fière de toi, je lui ai dit en enlaçant nos doigts et en déposant un petit baiser sur le bout de son nez.

Elle a attrapé mon visage et m'a embrassée lentement, se fichant totalement des regards posés sur nous. Lorsqu'elle a fini, elle m'a souri, satisfaite et simplement heureuse. Après l'apéritif, nous nous sommes tous entassés autour de notre petite table de la salle à manger, mais la bonne humeur ambiante nous faisait oublier le manque de place. Lola s'était assise entre sa sœur et moi, tandis que j'avais ma grand-mère à ma gauche. Lola n'arrêtait pas de se lever pour débarrasser et aller chercher les plats, refusant toute aide.

— Mais mon chou, pourquoi je peux pas me lever pour t'aider ? C'est chez moi aussi.

— Je te préviens, si tu te lèves, je te botte les fesses ! elle m'a répondu en repartant en direction de la cuisine.

— Ta sœur est un tyran ! j'ai dit à Daphné.

— Et ce n'est pas nouveau, elle était déjà comme ça petite, elle m'a répondu.

— Elle nous faisait complètement tourner en bourrique avec sa mère, a rajouté Thierry.

— Moi, je vous avoue qu'elle me faisait un peu peur au départ, quand je l'ai rencontrée ! nous a confié Basile.

— En tout cas, elle est très gentille avec moi, a chuchoté ma grand-mère. Elle me fait plein de câlins.

— Moi aussi, elle me fait plein de câlins, je lui ai répondu en rigolant. En réalité, c'est la personne la plus adorable au monde.

— Oui, c'est une boule d'amour, son côté bad girl ne trompe personne, a dit Daphné.

— C'est pas vrai, je suis vraiment une princesse badass ! s'est exclamée Lola en rentrant dans le salon.

— Mais bien sûr ! lui a répondu sa sœur.

— Tu vas voir.

Elle a sauté sur Daphné puis les deux se sont chamaillées gentiment, jusqu'à ce que Daphné la prenne tendrement dans ses bras.

— Je suis trop contente que tu sois revenue sur Paris, lui a dit Lola en l'embrassant.

— Et moi donc ! s'est exclamé Basile. Je désespérais que l'on vive ensemble un jour.

— Oui, je sais ce que c'est, elles se sont fait désirer ces deux-là, Lola lui a répondu en me désignant.

Nous avons passé un repas mouvementé mais agréable, où nous avons évoqué nos disparus et les moments du passé, les bons comme les mauvais. Puis le futur s'est invité à la fête avec les projets de chacun. Suzanne se taisait la plupart du temps mais semblait heureuse d'être là, tandis que Thierry regardait affectueusement ses deux filles et les personnes qui faisaient battre leurs cœurs. Nous avons ouvert les cadeaux un peu après minuit, les plus enthousiastes étant la plus jeune et la plus âgée de ma famille, les deux personnes qui comptaient le plus pour moi. Je savais qu'un de mes deux amours disparaîtrait probablement dans les années à venir, si ce n'est complètement, au moins son esprit. Quant à l'autre, je la regardais amoureusement, espérant intérieurement qu'elle m'accompagnerait encore pendant longtemps.  

Maya Etienne et Lola Lecomte (Skam France) : la suite de leur histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant