JEUDI - 18 H 15

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Alors que Lola était assise sur le fauteuil à côté de mon lit, en train de bercer et d'embrasser notre fille Emiko, j'ai regardé les personnes responsables de ce brouhaha, ma famille. Eliott et Lucas jouaient avec Paul, mon neveu, tandis que Moïra s'occupait de la fille de Jo et Bilal. Tiff discutait avec Thierry et Mélanie, sa nouvelle femme, tandis que la nouvelle copine de Max faisait la connaissance de Daphné. Nous avons entendu frapper et tout le monde s'est arrêté, pensant que c'était un infirmier venu nous réprimander. Au lieu de ça, Redouane est apparu avec sa nouvelle fiancée, Ambre.

— Regardez qui j'ai croisé dans le hall d'entrée, complètement perdu ! il nous a annoncé.

Il a ouvert la porte et Sekou est entré, un bouquet dans les mains.

— Sekou, c'est pas possible ! s'est écriée Jo en lui sautant dans les bras.

— T'es venu de Londres exprès ? Lola lui a demandé.

— Je n'allais pas rater ça, quand même ! il nous a répondu.

Il a fait le tour des personnes présentes pour les embrasser, puis a pris Lola et Emiko dans ses bras, avant de m'enlacer longuement.

— Je suis trop contente que tu sois là, je lui ai dit en lui caressant le bras.

— Moi aussi je suis trop heureuse que vous soyez tous venus, même s'il manque beaucoup de monde, Lola a dit, la voix cassée. Suzanne et maman auraient adoré Emiko... et je suis sûre que tes parents aussi.

Sekou a pris Emiko dans ses bras et Lola est venue dans les miens. Elle a enfoui sa tête dans mon épaule, tandis que je cachais mes pleurs dans ses cheveux. Lorsque nous avons relevé la tête, les membres de notre famille avaient tous les larmes aux yeux. Nous avions tous été éprouvés par la vie, la maladie, le deuil, les addictions, la pauvreté, l'homophobie, la transphobie, le racisme, la dépression, la bipolarité ou une grossesse précoce mais l'amour et le soutien de nos proches nous avaient permis de nous en sortir, probablement même plus forts. Après une demi-heure où Emiko est passée de bras en bras, nous avons à nouveau entendu la porte s'ouvrir.

— On attend qui d'autre ? a demandé Lola, enthousiaste.

— Excusez-moi mais il y a vraiment trop de monde dans cette chambre ! En plus, c'est bientôt la fin des visites, s'est exclamée l'infirmière en chef. Qui est le père ?

— C'est moi, a répondu Lola, énervée.

— Pardon, excusez-moi, lui a dit l'infirmière.

— Mouais, s'est contentée de répondre Lola, sous les rires discrets de ses amis et sa famille, habitués à son caractère sanguin.

— De toute manière, il faut qu'on rentre, je pars à la fashion week de Milan demain, nous a indiqué Bilal.

— Et moi, je pars pour Prague après-demain pour un tournage, a continué Eliott.

— Comment vous vous la pétez ! a rigolé Max.

Alors qu'Emiko était enfin retournée dans mes bras, nos amis sont tous venus nous embrasser, tandis que Lola les raccompagnait à la porte. Pendant qu'elle discutait avec les derniers à partir, Daphné et Thierry m'ont longuement enlacée, avant de couvrir Emiko de baisers.

— Merci de rendre ma petite sœur heureuse et d'avoir agrandi la famille.

— Oui, merci de l'avoir aidée à s'en sortir et de l'avoir toujours soutenue, a rajouté Thierry.

— Et moi, je vous remercie de m'avoir donné à nouveau une famille, je leur ai dit, émue.

— Bon, vous comptez pas me laisser seule avec ma meuf et notre fille à un moment ?

— Sale gosse ! lui a répondu son père en la serrant très fort dans ses bras et en l'embrassant sur le front.

Sa sœur l'a couverte de baisers et de recommandations sur les nourrissons, avant de s'éclipser à son tour.

— Je les adore tous mais j'ai cru qu'on ne serait jamais tranquilles.

— C'est vrai que t'es une sale gosse ! je lui ai répondu en souriant.

— Oui mais n'empêche que si j'avais pas été une sale gosse, j'aurais jamais fait de TIG et on se serait jamais rencontrées.

— T'as raison... c'est marrant, je n'arrive pas à imaginer comment auraient été ces dix dernières années sans toi.

— Moi non plus, ni les dix prochaines...

— Viens- là, mon amour, je lui ai demandé.

Je me suis poussée pour lui faire un peu de place et elle s'est allongée à côté de moi, puis j'ai installé Emiko entre nous deux. Lola a mis sa main sur ma taille puis m'a caressé les hanches et les fesses, tout en embrassant très délicatement notre fille. Elle a levé la tête et m'a regardée.

— Merci de m'avoir donné le plus beau bébé du monde... tu penses qu'on ne va pas faire trop d'erreurs avec elle ?

— On va faire ce qu'on peut, du mieux qu'on le peut... mais le principal est que l'on s'aime énormément toutes les trois, je lui ai répondu.

J'ai alors parlé en japonais très doucement, en les regardant amoureusement.

— Ce n'est pas la phrase que tu m'avais dite à la serre ? a demandé Lola.

— Si, effectivement... c'est un poème de Ki No Tomonori... « Qu'est-ce que la vie ? Une chose aussi éphémère que la rosée. Mais pour te rencontrer, je la donnerais sans regret. »

Et c'était vrai, j'aurais donné ma vie pour les deux filles allongées à mes côtés. J'avais vécu trente ans de drames, de douleur, de doutes et d'errances mais aussi trente ans d'amour, de partage, de passion et de bonheur, dont les dix dernières avaient été les plus belles. Lola a caressé ma joue, tandis que j'attrapais sa nuque pour la rapprocher de moi. Elle m'a embrassée d'une manière tellement tendre et passionnée que mon corps n'a pu s'empêcher de frissonner, comme il l'avait toujours fait à son contact. Nous nous sommes rallongées, le regard plongé dans celui de l'autre et nous avons souri, confiantes en notre avenir.

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Maya Etienne et Lola Lecomte (Skam France) : la suite de leur histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant