MERCREDI - 17 H 30

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Alors que je tapais nerveusement du pied à l'idée de devoir déballer toute ma vie à une inconnue, Lola m'a pris la main pour me réconforter.

— T'inquiète, ça va bien se passer et si elle ne te plaît pas, tu pourras toujours changer.

— Mais qu'est-ce que je vais lui dire ? je lui ai répondu.

— C'est elle qui va te poser des questions et tu ne lui diras que ce que tu veux qu'elle sache. Elle est là pour t'aider, pas pour te juger.

— Je sais, je sais... et j'aurais dû le faire depuis longtemps mais...

— Madame Etienne, vous voulez bien me suivre, s'il vous plaît ? j'ai entendu tout à coup derrière moi.

— Je t'attends là, bon courage mon cœur, m'a dit Lola tout en déposant un baiser tendre sur mes lèvres.

— A tout à l'heure, mon chou.

Après être entrées dans une pièce cosy, la psy m'a fait m'asseoir dans un siège confortable face à elle.

— Vous avez de la chance que votre fiancée vous accompagne, ce n'est pas le cas de tout le monde.

— Oui, j'ai beaucoup de chance... mais je m'en rends seulement compte.

— Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? elle m'a demandé.

— Elle m'a larguée il y a quelques semaines... parce que je n'arrêtais pas de la fuir. Enfin, c'est pas vrai, ce n'est pas elle que je fuyais mais l'intensité de ses sentiments... et des miens.

— C'est la première fois que vous tombiez amoureuse ?

— Oui, ça a été un coup de foudre.

— Quelles ont été les raisons qu'elle vous a données pour la séparation ?

— Que je me mentais, que je me sentais bloquée avec elle et que je ne lui ai jamais dit que je l'aimais.

— Et c'est vrai ?

— Je ne me suis jamais sentie bloquée avec elle mais c'est vrai pour le reste, je lui ai répondu.

— Et est-ce que vous avez déjà réfléchi aux raisons de votre comportement envers elle ?

— Oui, souvent. Mais je ne l'ai compris que depuis peu.

— Et quelles sont les raisons d'après vous ?

— Nous avons toutes les deux de grandes similitudes en ce qui concerne notre enfance. Mon père était alcoolique et pour elle, c'était sa mère. Elle a perdu sa mère et moi, mes deux parents. Au départ, ça nous a rapprochées puis j'ai appris qu'elle-même souffrait d'addictions. Elle est sobre depuis un an et demie mais je crois que j'aurai toujours cette peur au fond de moi qu'elle replonge et que je la perde... comme j'ai perdu mes parents.

— C'est normal d'avoir peur mais c'est courageux à son âge d'arriver à ne pas replonger.

— Oui, je sais, c'est la personne la plus courageuse que je connaisse, je lui ai répondu avec un grand sourire. Je suis tellement fière d'elle.

— Vous lui avez déjà dit ?

— Non, je n'ai jamais eu le courage... je n'ai jamais eu le courage de lui dire à quel point elle compte pour moi et à quel point elle a changé ma vie.

— Vos parents étaient comme ça ?

— Oui. Ma mère n'exprimait pas ses sentiments et mon père le faisait d'une mauvaise manière... je reproduis le même schéma qu'eux et ça me met hors de moi d'être comme ça.

Maya Etienne et Lola Lecomte (Skam France) : la suite de leur histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant