maux roses

XI. un nénuphar dans le coeur

Olivio se réveilla sous les rayons du soleil, il avait oublié de fermer les volets hier soir.
Il sortit mollement du lit et ouvrit la fenêtre en s'attardant sur le champ de blé doré par la lumière du jour.
Après avoir fait son lit, il alla dans la cuisine et appercu à travers la baie vitrée, Joy assise au bord de la rivière en train de lire.
Il prépara un plateau avec le petit-déjeuner et s'approcha d'elle pour lui apporter.

- Tu lis quoi ? Amorca le rappeur en s'asseyant aux côtés de la passionnée de littérature.

- Oh tu m'a fait peur, je ne t'ai pas entendu arriver.
Je lis «L'écume des jours» de Boris Vian.
C'est quoi ce plateau ?

- C'est le petit-déj, il y a du pain beurré, du lait froid et des pommes. Je te conseille de manger le pain avant que le beurre fonde, vu le soleil...

- Merci, c'est très gentil.

- Et il raconte quoi ton livre ?

- C'est l'histoire d'un homme riche qui tombe amoureux d'une femme malade et qui dilapide sa fortune pour la sauver.

- Et elle a quoi cette femme ?

- Un nénuphare qui pousse dans son poumon droit.

- Un nénuphare ? Rit-il.

- C'est un livre dans lequel il se passe pleins de choses irréalistes mais pourtant on ne s'en rends compte qu'après l'avoir fermé. Temps qu'on le lit, tout nous paraît normal.

- Ça a l'air intéressant et la femme elle arrive à se soigner finalement ?

- Je ne sais pas, j'en suis qu'à la moitié.
Le personnage principal s'appelle Colin, il est très riche. Il rencontre une jeune femme magnifique et tombe amoureux d'elle.
À côté de ça, son ami : Chick, tombe lui aussi amoureux d'une jeune femme mais il n'a pas assez d'argent pour la marier alors Colin donne un quart de sa fortune à son ami pour qu'il puisse épouser la femme qu'il aime.
L'épouse de Colin tombe malade comme je vient de te le dire et du coup il doit gaspiller beaucoup d'argent pour la soigner et il commence petit à petit à en manquer à cause de sa générosité.

- Et Chick ? Il se marie ?

- Pour le moment, il gaspille son argent dans des oeuvres et de l'art mais rien en rapport avec son mariage donc j'en sais trop rien.

- C'est un bâtard Chick. Colin lui a prêté l'argent pour son mariage et est fauché peut-être à cause de ça. La moindre des choses c'est de l'utiliser à bon escient.

- Je suis d'accord avec toi mais si dans les livres tout le monde faisait les choses bien comme il le faut, il n'y aurait plus d'intrigue.

- Tu me dira la suite... J'ai bien envie de savoir si la femme malade elle s'en sort. Elle s'appelle comment ?

- Chloé.

- Chloé. Bah tu me donnera des nouvelles de Chloé.

- Pourquoi ? Tu l'identifie à quelqu'un de ton entourage ?

Olivio tourna les yeux vers Joy en haussant légèrement les sourcils.

- Non... Non...

- Pourtant elle est malade, comme moi.

- Oui mais toi t'as pas un nénuphare dans le poumon droit. Blagua t-il malgré lui.

- C'est vrai, on a qu'à dire que j'ai un nénuphar dans le coeur. C'est un peu plus poétique que de dire que j'ai une cardiomyopathie.

- Ça me va... T'as un nénuphare.

Ils se regardèrent tous deux en riant légèrement avant de reporter leurs yeux vers l'étang face à eux.

- Joy... Il n'y a pas des traitements coûteux à ta maladie par hasard ? Comme dans ton livre ?

- Pourquoi ? Tu t'identifie à l'homme très riche ?

- Un peu.

- Sauf que toi t'es pas amoureux.

- Non bien sûr que non mais si il y a moyen de te soigner moi je veux bien mettre l'argent.

- La santé ne s'achète pas Olivio.
Et ça m'étonnerai que la fin de mon livre soit très joyeuse.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- L'instinct.

Il ne trouva rien d'autre à faire que de soupirer, Joy reprenna sa lecture alors que lui s'allonga entièrement sur l'herbe en contemplant le ciel bleu et dégagé.
Il la regardait lire, elle semblait absorbée par sa lecture et haussait parfois les sourcils sûrement surprise par les rebondissements de son bouquin.
Ce matin, il ne semblait avoir envie de rien d'autre que de regarder Joy se passioner pour ses histoires.

Alors que le rappeur commençait à s'endormir sous les rayons chauds du soleil frappant sa peau, son portable se mit à sonner et le sortit de ses rêveries.
Il décrocha et s'éloigna pour ne pas déranger Joy dans sa lecture.

- Allô Oli ? Entama Opaline.

- Hey ! Ça va ?

- Oui, j'ai pas eu trop de nouvelles alors je me suis dis que j'allais t'appeler.
T'aime bien faire le mort toi j'ai remarqué.

- Ah non non c'est pas ça... Rit-il gêné.

- On peut se voir bientôt ? J'ai beaucoup pensé à ce qu'il s'est passé l'autre soir et ça voulait vraiment dire quelque chose pour moi. J'aimerais qu'on en discute.

- Heu oui bien sûr.
Seulement là je suis pas trop disponible.

- Pourquoi ?

Devait-il l'informer qu'il était en vacances avec une autre fille ? Et si elle le prenait mal ? Il faut avouer que Joy ne le laissait pas indifférent alors que dire à Opaline ?
Il ne voulait pas jouer avec ses sentiments mais sur le moment, l'Argentin ne trouva rien d'autre à faire que de mentir par peur de la perdre.

- Je suis à Biarritz chez un pote d'enfance.
Ça fait du bien parfois de revoir les vieilles connaissances.

- Ah oui c'est vrai, j'espère que tu profite bien... Tu me diras quand tu seras de retour sur Toulouse pour qu'on se voit. Enfin... Si t'as envie bien sûr.

- Ouai ouai, je te tiens au courant. Sourit-il avec gène.

- Super, bonnes vacances.

- Merci beaucoup, je t'embrasse.

Il raccrocha et rangea son portable dans la poche de son short.

-C'était Flo ? Demanda Joy en quittant son livre des yeux.

-Ouai, il voulait savoir ce qu'on faisait aujourd'hui.

-Et qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui du coup ?

-J'avais pensé à aller au cinéma, apparemment il y a un ciné très ancien dans Orlando. Tous les matériaux sont d'origines, il y a des vieux projecteur, tu sais les trucs où on tourne une sorte de manivelle...

-Oui je vois très bien.
Ça peut être sympa.

-Si ça te dit on y va cet aprèm.

-Avec plaisir.

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