XIV. un jour ça sera toi

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Joy se réveilla aux alentours de 10 heures, elle s'étira et quitta son lit en enfilant un sweat vert. Elle ouvrit sa fenêtre et respira à plein nez l'odeur fraîche de la rosée du matin qui s'était déposée sur la verdure tout autour de la location.
Après environ 5 minutes à contempler l'horizon, elle sortit de sa chambre et alla dans le salon où elle trouva Oli assis à table, la tête dans ses mains.

- Hello ! Bien dormi ? Demanda t-elle avec entrain.

Il ne répondit pas et resta dos à elle, la brune déposa ses mains sur les épaules du rappeur et se pencha sur sa droite pour voir son visage.

- Oli ? Tout va bien ?

Il essuya les larmes figées sur ses joues et soupira fébrilement.

- Un ami d'enfance s'est fait percuter par une voiture hier soir...

- Oh... Je suis désolée... Il va bien ?

- Il est mort.

Elle s'asseya sur la chaise d'à côté tout en gardant un contact physique avec Oli pour lui montrer son soutien.

- Tu veux en parler ?

- Je veux bien...

Elle le regarda avec attention.

- On ne se voyait plus trop.
On s'envoyait des textos...

Il ne parvint pas à terminer sa phrase et cacha ses pleures dans ses mains avant de fondre en larmes.

- Oli... Marmonna t-elle tristement.

Joy n'avait que très rarement dû consoler des amis, son côté insensible faisait qu'elle avait beaucoup de mal à réconforter les autres. Voir Olivio si fébrile lui faisait de la peine mais elle ne savait quoi dire.

- Respire, calmement.

- On... On ne se voyait plus trop... C'est un pote d'enfance avec qui je ne suis pas vraiment resté en contact...
Mais on avait prévu de se faire un restau à mon retour de vacances...
On en fait un tous les étés...

- Je suis désolée pour toi...

Il resta plusieurs longues minutes à pleurer silencieusement, sans dire un mot.
La libraire regardait la scène, impuissante.

- Et dire qu'un jour ce sera toi... Bougonna t-il, la voix étouffée dans ses mains.

- Il ne faudra pas que tu pleure comme ça.

- J'ai peur Joy, j'ai peur, je ne veux pas vivre ça... Le décès de mon ami m'a surtout rappelé que toi aussi j'allais te perdre et j'ai peur. Déclara t-il d'un regard presque effrayé.

- Mais tu le sais depuis le début pour ma maladie. T'es censé être préparé à ça.

- Comment on fait pour se préparer ? Je n'y arrive pas ! Je n'arrive pas à concevoir qu'un jour tu ne fera plus partie de ce monde ! Je me suis attaché, tu comprends ?

- Oui, je comprends. Mais le jour où je vais mourir je te demande de ne pas pleurer.
Je n'ai pas envie qu'on pleure pour moi à ma mort, je me fiche de mourir à 30 ans, je n'ai jamais pleuré pour ma maladie alors pourquoi quelqu'un pleurerait à ma place ?

- Parce que c'est ceux qui reste qui souffrent ! Parce que le manque est une des pires choses qui existent ! Parce que tu ne réalise pas que tu laisse des gens derrière toi.

- Pleurer n'y changera rien, tu finiras sûrement par t'habituer à l'absence.
Je ne considère pas la mort comme quelque chose de triste. Je comprends que tu pleure pour ton ami parce que je sais que tu as peur de la mort mais en ce qui me concerne je ne souhaite pas être responsable de tes larmes.
À ma connaissance, je n'ai jamais fait pleurer quelqu'un de ma vie et je ne souhaite pas faire pleurer quelqu'un à ma mort.

Le rappeur cligna des yeux plusieurs fois pour essayer de nettoyer ses yeux, il détourna le regard vers le plafond et soupira profondément.
Cette femme était si douce mais pourtant si dure, comment était-ce possible qu'elle se préoccupe si peu de sa maladie ? Pourquoi avait-elle un tel mental ? Il ne comprenait pas mais il se sentait obligé de rester fort car si elle y arrivait, il n'y avait pas de raison qu'il n'y arrive pas.

- J... Joy, je vais aller dans ma chambre. J'ai besoin d'être seul un moment...

- Je comprends, prends ton temps. Sourit-elle avec bienveillance.

*

Oli était resté toute la matinée dans sa chambre à essayer de réaliser le décès de son ami. Son moral était très bas mais il n'était pas du genre à s'apitoyer sur son sort et comptait bien se remettre de ce drame le plus rapidement possible.
Joy, elle, était allée dans le jardin pour lire et avait tenté d'apprivoiser des petits canards qui traînaient au bord de l'étang, sans succès.
Il était aux alentours de midi et les deux amis s'étaient retrouvés dans la cuisine pour manger.

- Tu te sens comment ? Demanda la jeune femme.

- J'ai quelques potes qui m'ont appelé, on a bien parlé et ça m'a fait du bien.

- Tant mieux alors.

- Ah... Flo m'appelle... Ça te dérange si je décroche ?

- Mais non pas du tout, vas-y !

Le rappeur posa son portable contre une bouteille d'eau et regarda son frère sur l'écran du FaceTime.

- Salut Oli...

- Salut...

- T'as appris pour Nassim ?

- Oui... Ce matin...

- Comment tu te sens ?

Il soupira tristement.

- Pas très bien... On ne se voyait plus depuis un moment... C'est peut-être horrible ce que je vais dire mais je suis content de l'avoir perdu de vue ces dernières années.
Ça m'évite de trop pleurer.

- C'est pas horrible, ça se comprends.
Et d'ailleurs... C'est exactement la même chose avec Joy.

La libraire ricanna dans son coin, Oli leva les yeux vers elle d'un air gêné.

- Ne me dis pas qu'elle est là... Murmura doucement Florian.

- Si je suis là, comment tu vas ? Rit Joy en s'avancant pour apparaître à l'écran.

Les joues de l'aîné se mirent à virer au rouge, il se redressa et salua la jeune femme d'un geste hésitant.

- Ne sois pas gêné Florian, je sais que t'essaye juste de protéger ton frère.
Je ne t'en veux pas.
Je vous laisse... Bisous...

Elle partit après avoir déposé un baiser sur la joue d'Olivio.
Flo haussa un sourcil à la vue de cette attention puis discuta quelques minutes avec son frère avant de raccrocher.

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