Chapitre 96

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- Je... non je ne peux pas... dis-je en essayant de cacher mon malaise.

- Mais pourquoi? Insiste t'elle.

- Parce que... j'ai bien trop peur... mentis-je.

- Mais Alice! Il faut défendre les français! Qu'ils soient chrétiens, juifs ou même communistes! C'est notre devoir!

- Je vais y réfléchir. Dis-je en coupant court à la conversation.

Je me précipite à l'intérieur pour lui échapper. Il y en a un à qui ma petite sortie n'a pas échappé. Emmrich me regarde avec insistance. Il me connaît et il ressent mon malaise... Je reprend mon service comme si rien ne c'était passé.

Il est 22h30. Lucie et moi terminons la vaisselle. Les allemands et les Delacroix sont partis se coucher depuis un moment. J'éteins la cuisine et je dis bonne nuit à Lucie. Je me dirige ensuite vers mon appartement. Lorsque je pénètre à l'intérieur, je sursaute en distinguant dans la pénombre la silhouette d'Emmrich assis sur le canapé.

- Que fais tu ici? Chuchoté-je en m'approchant de lui. Tu m'as fais peur!

Il m'attrape la main et me tire doucement vers lui. Je m'installe à sa droite et il passe son bras autours de moi.

- Pourquoi tu ne veux pas accepter qui je suis... Me chuchote t'il à l'oreille.

Je suis parcouru d'un frisson lorsque son souffle recouvre ma nuque.

- Parce que je ne peux pas cautionner ce que tu fais...

Sa main passe derrière ma nuque. Il caresse ma joue avec son pouce et rapproche de nouveau sa bouche près de mon oreille.

- Je ne te demande pas de cautionner... juste d'accepter que nous sommes en guerre et que je fais juste mon travail...

Je frissonne à nouveau. Son autre main passe derrière ma taille tandis que la première est à la recherche de la fermeture éclair de ma robe.

- Emmrich.... Susurré-je... arrêtes...

Des frissons et des petits coups électriques me parcours le corps entier. Il s'appuie sur moi pour me faire basculer et je me retrouve allongée sur le dos. Il me domine de sa hauteur et son corps commence à chevaucher le mien. Il retire ma robe, caresse chaque centimètre de ma peau brûlante et m'embrasse.

- Dis moi que tu m'aimes Alice... me chuchote t'il en continuant de m'envoûter par ses caresses.

- Emmrich....

Il me mord sensuellement le cou puis les seins et je lâche un petit crie de plaisir.

- Dis le... réitère t'il.

- Je t'aime... Dis-je en me retenant pour ne pas faire plus de bruits.

- Ich liebe dich Meine Liebe..... me dit il a l'oreille.

Nous corps s'entremêlent pour ne faire plus qu'un. La haine que j'ai s'évanouit.... Je suis tellement faible quand je suis entre ses bras... et je déteste cette faiblesse....

Samedi 30 mai 1942

Il est 5h30 et je me suis endormi dans les bras d'Emmrich. Il faut que je me dépêche et que je sorte discrètement car Lucie vient toujours me chercher pour le début du service. Je me lève précipitamment et je bouscule Emmrich par la même occasion. Il grogne et lève les yeux. Je cherche mes vêtements qui sont dispersés un peu partout dans l'appartement.

  -  Que fais tu Meine Liebe ? Me demande t'il.

  -  Je récupère mes affaires. Je dois aller travailler! Lucie passe me prendre dans 15 minutes...

Il s'assied sur le rebord du lit et me regarde m'agiter dans tous les sens. Puis, il me dit d'une voix nonchalante:

  -  Je ne l'aime pas trop cette Lucie... D'ailleurs, qu'est ce qu'elle t'as raconté hier soir lorsque vous êtes sortis dehors? Tu étais très étrange en rentrant...

  -  Rien de spécial... On a juste parlé de la situation des juifs....

  -  Vraiment? Et c'est tout?

  -  Oui c'est tout! Ça y est, j'ai retrouvé tous mes vêtements, je vais rejoindre mon appartement. Dis-je en enfilant rapidement mon dernier bas.

Je me dirige vers la porte mais Emmrich se lève rapidement et viens me bloquer le passage.

- Promets moi que tu ne me caches rien et qu'à présent je peux te faire confiance... Me dit il en me fixant intensément, attendant la moindre émotion qui me trahirais.

- Je te le promets... Dis-je en tentant d'être la plus convaincante possible.

Il m'embrasse sur la joue et je me faufile discrètement pour atteindre la porte d'à côté.
Je m'adosse à la porte et je soupire. J'ai vraiment le chic pour me retrouver dans des situations aussi hasardeuses. Lucie qui me demande de rejoindre la résistance mais qui ne connais pas la vérité et qui, si je refuse, va penser que je suis du côté des boches! Et Emmrich, qui suspecte quelque chose et garde à l'œil Lucie, que je ne peux pas prévenir soit dit en passant car elle saurait que j'entretiens une relation avec lui... Qui dois je trahir cette fois? Car tout se répète à nouveau....

Trois petits coups discrets résonnent à la porte.

- J'arrive! Dis en me précipitant à la salle de bain pour refaire rapidement mon chignon et me passer un peu d'eau sur le visage.

Je sors de l'appartement et Lucie fronce les sourcils en regardant sa montre. Nous allons rejoindre la cuisine.

Lundi 8 juin 1942

Aujourd'hui, après le petit déjeuner, nous devons nous rendre a l'épicerie pour aller chercher le nécessaire. Officiellement, nous avons des tickets de rationnements, comme tout le monde. Mais les Delacroix paient l'épicier et il y a bien plus que prévu dans les sacs que nous ramenons.

Il est 10h. Nous partons en direction de l'épicerie. Il fait un temps magnifique. Je respire l'air frais du printemps et je souris. Mais mon sourire s'efface rapidement lorsque nous croisons une mère juive et sa petite fille, une étoile jaune cousue sur leur poitrine. Elles marchent en baissant la tête, comme si c'était devenu une honte d'être juif. Je m'arrête un instant et je les regarde traverser la rue, toujours tête baissée. Lucie s'est arrêté également.

- C'est tellement triste... dit elle. Tu comprend pourquoi nous devons nous battre Alice? Pour cette femme et sa fille! Et tous les autres juifs qui sont dans la même situation!

Je sais qu'elle a raison. Mais je ne veux plus trahir Emmrich... je le lui ai promis...

Coucher avec l'ennemi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant