Targets [ DRAME ]

3. La douce musique de la rumeur

PETER

- Tu as prévenu les filles pour qu'elles nous rejoignent ?

- Oui, je l'ai dit à Ary ce matin

- Ça va mieux d'ailleurs avec elle ? Demandais-je à Alex

En ce moment, Ary s'était plainte de l'immaturité d'Alex ce que je comprenais, à moitié. Il était très mature, mais pour le coup d'hier par exemple, il avait vraiment merdé. C'était mon meilleur pote, mais comme moi, parfois, il avait du mal à s'occuper sa copine.

- Tu sais ce qu'il s'est passé hier ? M'interrogea t - il

- Non vieux, je ne vais pas jouer les entremetteurs. Si tu veux savoir ce qui est arrivé à ta nana, tu la prends entre deux cours et tu lui parles

- Elle te la dit oui... ou non Pet'

- Que je le sache ou non, je ne te le dirais pas. C'est à elle de t'en parler. Tout ce que je peux te dire c'est que, conseil d'ami, quand ta copine t'appelle et te dis que c'est grave, tu déposes ta console et tu lui parles même si ça doit durer trois heures

- Je sais, c'est bon

- Pourtant hier, c'est moi qui aie dû la consoler mec, je suis peut-être son meilleur pote, mais c'est ton rôle maintenant, plus le mien

Alors qu'il s'apprêtait à répondre, les portes de l'auditorium s'ouvrirent et un grand brouhaha empli l'espace.
    Je détestais que mon endroit préféré du lycée soit aussi bruyant. J'avais donc hâte que cette réunion à la con se termine, que la pièce se vide et qu'on retrouve nos copines. J'avais des choses à dire à Angel et bien que je ne cautionnais totalement pas le harcèlement, ni le racisme d'ailleurs, j'avais beaucoup de doutes quant à l'utilité de ces réunions annuelles.

- Salut mon amour, me cria Jude plusieurs rangées devant moi

- Ferme - la putain

Alex éclata de rire à côté de moi, se moquant alors de cette scène qui était souvent fréquente.
   Jude était ma sœur et elle adorait pour une raison étrange me foutre la honte en public. Elle m'envoyait des avions en papier en pleine cantine qui quand on les dépliait disaient tantôt : « Ta petite sœur que tu aimes et adores de tout ton cœur veut bien te passer sa mousse au chocolat étant donné qu'à la maison, tu n'en manges pas ». Ou encore un énorme cœur avec écrit à l'intérieur « frère et sœur, à la vie, à la mort ».
        Ces messages d'amour étaient extrêmement gênants et elle le savait, alors elle continuait. Alex, lui, prenait un malin plaisir à se moquer de moi, ce que d'un point de vue extérieur était compréhensible.

- Miler ! Ta sœur est incroyable, m'hurla son nouveau copain ou plan cul - je ne savais pas trop - qu'elle avait décidé d'utiliser comme chaise comme si les trois places de cette salle étaient insuffisantes.

- Je déteste Connor me souffla Liam à mes côtés ;

- Pourquoi ? Souriais-je.

J'adorais les potins.

- Vous n'êtes pas au courant ? Déjà, il m'a piqué ma copine. Satomi s'est mise à sortir avec lui il y a trois semaines. Il lui a fait sa langue de beau parleur puis elle a craqué. Ils ont échangé des photos, et hier il les a partagés sur Instant à tout le lycée

- Putain ça craint, jura Dean à ses côtés, fixant alors le mec qui avait ma putain de sœur sur ses genoux.

Je savais dès à présent que j'aurais une discussion franche avec elle quant à ses choix en matière de mecs.

- J'ai toujours détesté Instant, commenta Alex. C'est le genre d'appli à ragots qui détruit des vies, j'ai horreur de ça

J'étais d'avis avec lui. Instant était une application populaire qui avait vu le jour et sur laquelle on entrait le code de notre établissement . On pouvait donc tous se retrouver dessus entre élèves d'un même lycée et on pouvait poster ce qu'on voulait, liker et commenter des posts en tout genre. Il y avait trois catégories populaires sur cette application : Postant (Post + Instant) où chacun postait des photos, Sharant (Share (partager en anglais) + Instant), où on pouvait partager des post à un groupe infini de personnes (C'est ce qu'avait dû faire Connor pour Satomi). Enfin Gossant (Gossip (potins en anglais) + Instant) où chacun racontait les potins de son choix. Cette appli était drôle quand, au début, c'était resté bon enfant, comme des petites moqueries entre potes par rapport aux notes d'un autre. Mais quand des photos et des messages plus hard ont commencé à fuiter, c'était tout à coup beaucoup moins drôle.

- Le pire, c'est que, que tu sois sur cette appli ou non, tu ne peux pas échapper au fait qu'on dise quelque chose de toi. Tu es presque obligé d'y être si tu veux te tenir au courant de ce qui se dit sur toi. Ç'en devient irritant, grogna Liam

- Tu as essayé de parler à Satomi ?

- Elle ne veut plus me voir du tout depuis

- Je pense qu'elle croit que ça te réjouit de voir ce qu'elle vit, analysa correctement Alex

- Je déteste Connor. Si quelqu'un pouvait lui régler son compte à ce mec, ça me rendrait service

- Je le fais quand tu veux, s'enquit Dean

Un espèce de rire silencieux me fit alors tressaillir, et je me remis à ma place.
   L'audi' était déjà presque plein. Les derniers élèves s'installaient déjà, et les derniers profs fermèrent les portes. La directrice Weber, s'approcha du micro sur scène avant de taper trois fois dessus.

- Est-ce que vous m'entendez tous bien ?

Toute l'assemblée se joint et dans un bruit monstre, hurlant un « NON » commun.

- Je me demande toujours pourquoi on est là surtout qu'on a cours que cette aprèm

- Pour le plaisir d'être là, je t'ai dit, riais-je en répondant à Alex qui avait tendu et posé ses pieds sur le siège vide devant lui.

- Le plaisir de te taper ta copine en secret dans l'auditorium surtout. C'est ça ? rit-il, à son tour 

- Tu ne vas pas me faire croire que tu n'as jamais rien fait d'excitant en public avec Ary ?

- Est-ce qu'on parle de moi là ? 

Il agita la tête, amusé. Je souris dans le noir. La réunion commença.