9. Du sang sur les mains

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Riley

Alors que j'essayais de m'échapper de ce massacre, j'entendis une voix forte et grave derrière moi. Je l'ignorai d'abord. Je n'avais qu'une chose à faire : m'en tirer vivante. Mais alors que j'enjambais un nouveau siège devant moi, la voix se fit plus claire. Elle hurlait mon prénom. Je finis par me retourner, agacer, sachant que c'était Cooper.
      Il me faisait signe et me montrait ma meilleure amie en pleine nouvelle crise d'angoisse. Comme par hasard, il fallait que ce soit maintenant.
Je me retournais, l'ignorant alors et continuai ma course. Honnêtement, je l'adorais Avery, mais elle était toujours une petite chochotte qui mettait toujours en avant ses petits traumatismes à la con. Je voulais bien être là pour elle, comme je l'avais toujours fait. Mais la réconforter pouvait mettre des plombes et j'avais une terrible envie de rester vivante. Elle finirait par se calmer toute seule, gagner par la même envie de survie que moi.
                    J'avais beaucoup de projets. Juilliard m'avait peut-être dit non, mais ils m'avaient quand même dit qu'il y avait d'autres sélections prévues dans quelques mois. Et puis, je pouvais - bien que je m'y prendrais un peu tard - toujours participer dans d'autres écoles telles que la UCLA ou YALE qui avaient, elles aussi, des programmes de danse. Donc tout n'était pas mort, sauf si, aujourd'hui, je mourrais.

            Je me faufilais à rat le sol sous quelques sièges, me rappant alors mes genoux nus contre la moquette rouge et piquante de cette maudite salle. Je savais déjà que j'avais les genoux en sang, mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour vivre. Une fois en dessous du balcon de l'amphi, je me levai et me mettais à courir, poussant de côté les plus lents. Cette course m'était extrêmement douloureuse, non pas parce que je poussais mes camarades de lycée pour sauver ma propre peau mais parce que cette blessure me faisait affreusement mal.
     Pendant que je montais une nouvelle marche, un nouveau son de balle retentit. Alors que je croyais me l'être prise, je réalisais que pas du tout, quand le corps d'un garçon au visage enfantin s'écrasa contre le sol. Le garçon, un indien aux traits fin, venait de mourir les yeux ouverts. Un sentiment étrange me vint tout à coup... Je baissai alors les yeux sur mes vêtements, mes jambes, et mes bras qui me semblaient tout à coup humide, et découvrais avec horreur que j'étais littéralement couverte de petites gouttelettes de sang. Je restai statique. Comme si j'avais oublié comment marcher. Je fixai mes mains et me rendis peu à peu compte, que j'avais le sang de ce mec sur les mains. Ce mec que j'avais lui aussi poussé sur le côté.
                 Un haut le cœur m'envahît violemment, me coupant le souffle. Un léger goût de bile m'emplît lentement la bouche. Je détachai les yeux de ce corps sans vie qui gisait à mes pieds. Par ma faute.
      Je levai la tête vers le haut, essayant de réprimer une petite larme, et comme un miracle inattendu, le mec cessa de tirer. Je mis tout sentiment de côté, et me remettais à courir quand je finis par me rendre compte qu'un silence assourdissant s'était installé.
   Après de longues minutes, je me tournais dans tous les sens à la recherche du tireur. Et à ma plus grande horreur, celui-ci se trouvait sur la scène devant nous tous. Il faisait les cent pas. Je le fixai avec dégoût. À cause de lui, de nombreuses personnes étaient mortes. Beaucoup allaient rester traumatisées. Et lui, lui, il faisait les cent pas. Je voyais ses mains. C'étaient elles, qui l'avaient tué.
       À peine avais-je commencé à ressentir toutes ces choses à son égard, qu'il se remit à tirer.
Putain.
     Je courrais alors entre deux rangés de sièges, avant de glisser face contre terre sur le sol, à cause de mes chaussures qui avait trempé dans le sang du mec mort plus tôt, non loin de moi.
         J'avais le souffle lourd, et mon cœur battait à tout rompre, si bien que je pouvais l'entendre au creux de mes oreilles.
     Il finit par arrêter de vider son chargeur sur nous, rangea son arme suspendue à son cou, de côté. Puis, il arracha violemment le micro que ma grand-mère avait essayé d'utiliser plus tôt, et comme un attardé, hurla dedans.
   Au début ce ne fut pas très clair. Mais il répéta une deuxième, puis troisième fois. Il était en train de nous hurler de nous asseoir. Il accompagna sa remarque de menaces en tout genre que je peinais à écouter tant j'étais dégoûtée. Entendre sa voix, m'hérissais le poil. Déjà que l'apercevoir me fichais les j'tons alors l'entendre nous gueuler de nous asseoir m'étais franchement impossible.

- Si dans trois secondes, vous êtes toujours statique, et ne vous asseyez pas, je vous forcerai à faire la queue devant moi et je vous en flanquerai tous une dans la nuque

     Il avait à présent pris un ton calme et neutre. C'en était effrayant. Comment pouvait-il dire de telles choses avec un calme pareil ?
  Comme personne ne bougeait, paralysé par la peur, il se mit à tirer en l'air, afin de nous rappeler que son arme était bien réelle.

- Si je ne vous tire pas dessus là maintenant, c'est parce que j'ai besoin d'un public pour m'écouter, il fit une pause, alors, vous allez gentiment poser vos culs sur ces sièges à la con dit-il en marchant dans le sang des profs qui gisaient autour de lui.

Il tira sur quelqu'un en face de lui, qui s'effondra la tête la première. Et tout à coup, tout le monde se mit à remuer, moi contemplant la scène, cachée derrière un siège.

Les sièges étaient subitement, tous occupés, même si c'était principalement ceux du fond qui l'étaient.

- Les cinq dernières rangées du fond, vous passez devant la première

Il se remit à marcher, trainant alors derrière lui la forme de ses semelles colorées de sang. 

Il s'arrêta

Releva la tête vers nous.

La rebaissa.

Retira sa capuche, mais ne nous laissait toujours rien voir de son visage.

Puis, dans un silence fier, retira sa casquette.

Et à ma plus grande surprise, notre assaillant se trouvait n'être que... Noah.

Targets [ DRAME ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant