RILEYJe me blottissais dans un coin sombre de l'auditorium, les yeux figés dans le vide, le bruit des balles résonnant dans mes oreilles comme un tambour assourdissant. Les cris et les larmes terrifiés et les coups de feu sporadiques se mélangeaient dans un chaos indescriptible. Les projecteurs autrefois éclatants au-dessus du podium semblaient alors être des étoiles éteintes, témoins silencieux d'une journée de cauchemar. Je me revoyais là, une fois, il y avait eu un fort orage et personne n'osait sortir pour s'entraîner. Alors, avec les filles de mon équipe, nous étions venues ici, sous la chaleur des projecteurs en train de nous mouvoir avec agilité.
Mes mains tremblaient alors que j'essayais de recomposer mon souffle saccadé et mes pensées en désordre. Les murmures de mes camarades de classe, les sanglots étouffés et les supplications remplissaient l'air, créant une atmosphère de terreur.
Les souvenirs de jours insouciants passés dans ce même auditorium se heurtaient violemment à la réalité qui se déroulait devant nous tous. Les rires joyeux, les applaudissements et les acclamations pour les spectacles de talent semblaient si loin, maintenant que l'ombre du danger planait sur nous.
Les paroles terrifiantes de Noah, résonnaient dans ma tête comme un écho cruel. L'image acceptable que je m'étais faite de lui grâce aux rumeurs sur son caractère exemplaire avait été remplacé par une haine de moi-même. Je ne m'étais pas méfié de ce mec et maintenant, nous en étions là.
Je ne m'étais jamais soucié de lui, mais je le connaissais. Je le connaissais de vue et je ne lui avais jamais rien fait, alors pourquoi moi bordel de merde.
J'aurais voulu me réveiller de ce cauchemar, mais chaque son, chaque mouvement, chaque pensée était trop réelle pour être niée. Je me sentais piégée, emprisonnée dans une horreur dont je ne pouvais pas m'échapper. Et tout ça était de sa faute. Je le voulais mort. Si je m'en sortais de tout ça, cela voudrait dire que je l'aurais tué. J'allais le faire. Il allait mourir. Je ne le tuerais pas pour les autres. Je ne le tuerais pas pour protéger qui que ce soit. Je ne pouvais de toute façon pas les supporter. Ils n'étaient tous que des petits emmerdeurs qui ne faisait que rejeter les gens comme moi, pour accepter les pseudos gentils qui se retrouvaient à les tuer.Non... Je le tuerais pour me venger.
Le monde autour de moi s'était transformé en une toile incompréhensible, mais je ne comptais pas me laisser faire. C'était hors de question. Tous mes efforts ne pouvaient pas être vains. C'était hors de question ! J'avais tout fait pour réussir, tout fait pour être la meilleure, tout fait pour me classer au sommet de tous. Juilliard m'avait peut-être refusé cette fois-ci, mais ça ne comptait pas se reproduire et ça n'allait pas être cet imbécile qui allait tout gâcher.
Alors que je restai terrée dans mon coin obscur, les minutes semblaient s'étirer comme des heures. Chaque détonation me faisait sursauter, chaque ombre m'hérissait le poil, me donnant alors la sensation d'un danger imminent. Mes pensées étaient un tourbillon chaotique.
La voix de Noah, autrefois si familière mais aussi distante car il n'avait jamais été mon ami, résonnait toujours dans mes oreilles. Ses paroles semblaient se graver peu à peu dans ma mémoire, comme si elles étaient des lettres de feu.
Je ne comprenais pas pourquoi c'était à nous de payer pour lui. Ce n'était pas de notre faute si sa vie craignait. Je refusais de payer pour lui bordel de merde, c'étaient des conneries tout ça, il n'allait pas nous faire vivre ça pour lui !
La fuite était devenue ma seule obsession, mais chaque recoin de l'auditorium semblait être rempli de menace. Mes jambes étaient en coton, mes muscles refusaient de répondre à ma volonté. Pourtant, j'avais toujours été sportive. Mes muscles étaient mon bien le plus précieux, mais là, je me retrouvais sans rien.
Je risquais un regard rapide, observant les autres élèves cherchant, eux aussi, un moyen de se mettre en sécurité. Les regards paniqués, les larmes silencieuses et les visages blêmes formaient un égrégore de peur.
La haine bouillonnait en moi, une rage brûlante qui se mêlait à ma terreur. Noah, la cause de ce cauchemar, était devenu le visage de mes pires pensées. Sa trahison avait déchiré la sécurité qui enveloppait ma vie et que j'avais bâti de moi-même, détruisant mes rêves. Je ne pouvais plus avoir ce que je voulais. C'était fini.
Chaque éclat de tir renforçait ma colère. Je m'étais démenée pour réaliser mes rêves de devenir une athlète de haut niveau, et voilà qu'ils étaient en train d'être réduits en cendres par les actions d'un seul homme.
Les larmes de frustration se mêlaient aux battements de mon cœur. Noah n'était pas seulement en train de semer la terreur, il était en train de voler le futur que j'avais travaillé si dur pour construire. Je ne comptais pas parler au nom des autres... qu'est-ce que j'en savais de leur rêve hein ?
L'envie de le confronter à la destruction qu'il infligeait, brûlait en moi. Mais la peur et le chaos me tenait en otage dans cette situation cauchemardesque. Je levai ma tête vers lui. Je le voyais sourire. Une boule commença à se former en moi. Une boule de feu brûlante. Aussi brûlante qu'un tapis de charbon ardent. Aussi rouge que de la lave.
Chaque cri, chaque bruit de pas, chaque instant passé dans cet auditorium maudit amplifiait ma détermination à surmonter cette journée d'horreur. Noah avait peut-être réussi à semer le chaos, mais il ne m'empêcherait pas de le battre.Cependant, la réalité était indéniable. La terreur s'agrippait à moi. Et alors que les moments de terreur et de calme s'alternaient, je me rendis compte que je n'étais plus la même. Quelque chose en moi s'était brisé, comme un miroir tombé au sol.
Chaque instant qui passait creusait davantage le fossé entre la personne que j'étais et celle que je devais devenir pour survivre à tout ça.
Mais j'allais être patiente... il allait mourir.
Mon regard, sombre le voyait marcher. Il avançait vers nous. Sans se soucier de quoi que ce soit. Un sourire se dessina sur mes lèvres mouillées de morve et de larme face à son comportement.
Je n'avais jamais supporté les hommes. J'avais enfin une preuve que j'avais raison de penser comme ça.
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Targets [ DRAME ]
AksiImaginez.... Imaginez 3 secondes, pas plus, pas moins. Le son perçant d'une balle. Le son perçant de la vie que vous perdez. Le son perçant de la mort qui s'invite dans votre lycée. Dans ce lieu qui vous rappelle les amours, les amitiés, les prof...