40. Détermination et pas de regrets

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RILEY

J'avais atteint mon but. Noah marchait à quelques mètres de moi, et ne m'avait même pas vu me rapprocher de lui. Je le fixais d'un regard n'exprimant rien si ce n'était de la haine. Une haine viscérale. Une haine qui me coupait de tout autour de moi. Une haine qui m'aurait rendu malade si je n'accomplissais pas une chose assez belle pour combler le vide en moi.
Ma grand-mère était morte. Morte. Elle avait été sa première victime. Il l'avait assassiné comme une pauvre chose. Il ne s'était pas demandé ce que ça pourrait nous faire. Il avait tué les parents d'élèves présents ici, il avait détruit des enfants. Enfants incapables de s'occuper de lui. Il faisait sombre, mais tout me paraissait si clair. Il fallait que je fasse quelque chose d'honorable. Mon cœur battait dans ma poitrine, j'avais l'impression que j'allais faire un infarctus. Ma peau se couvrit de frissons.
Je pouvais voir sur son visage toute la joie qu'il éprouvait à nous avoir torturées. Presque tout le monde était mort, il ne devait plus que rester un quart de la dizaine des classes qui avaient assisté à ce massacre. Une journée si normale au départ, s'était transformé en traumatisme commun. Tout le monde était désespéré, et pour avoir croisé le regard de certains, il était évident que pour beaucoup, tout ça allait être difficile à oublier.
Les survivants ne parlaient même plus, ils étaient, eux aussi, morts d'une certaine façon, donc il ne restait plus que moi pour réellement me venger.
Je me revoyais encore, il y a quelques heures plus tôt, avec toutes ces envies de paillettes en tête. J'avais l'impression que tout ça était derrière. J'avais l'impression d'ouvrir les yeux. De me rendre compte des réalités de la vie. J'avais trouvé un nouveau but à ma personne : le tuer.
J'avais la sensation de regarder la vie d'une petite fille quand je regardais mes journées précédentes, celle d'hier, celles de l'année dernière, celles de mes premiers jours dans ce lycée. Je me revoyais au sommet de toutes ces figures que nous faisions avec mon équipe, les projecteurs sur moi, moi en train de faire ma loi dans ce lycée. Ma vie m'avait toujours plu. Et elle venait d'être gâchée, alors tout ce passé idéaliste, je le laissais maintenant derrière moi. Je voulais vivre autrement, je voulais accomplir des choses autres qu'avec ces jupes beaucoup trop courtes de merde qu'ils offraient à Juilliard.
Je baissais les yeux sur le sang qui recouvrait mon corps. Dans cet état-là, je ne me voyais plus danser ou diriger une équipe l'année prochaine. J'allais avoir énormément de choses à faire, du genre m'occuper de l'avenir de ce lycée après le départ de ma grand-mère, que ce futur mort avait causé. Mes pensées furent par la suite interrompues quand de lourds pas se firent entendre.

- Non...

Hors de question.

J'allais devoir laisser cet imbécile être '' sauvé '' ? Je reconnaissais ces pas. Nous les avions attendus depuis si longtemps et ils ne venaient que maintenant. Que quand nous étions déjà tous morts. Ils n'arrivaient que quand j'étais si proche du but.

Une armée d'hommes et de quelques femmes, armées, coururent vers Noah de chaque côté des portes qui fermaient cet auditorium. Au-dessus de nous, au fond de l'auditorium, ils étaient au moins cinq entrants par la porte d'entrée de droite et cinq entrants par la porte de gauche, leurs armes braquées vers le bas. Ici en bas, c'était la même chose, des agents de police. Certains avaient leurs armes de poing, d'autres avaient des armes à canons plus longs. Je regardais la scène, consternée. Ils allaient me voler mon moment de satisfaction, mon moment de gloire. Un mouvement de foule se fit, Noah braqua son arme sur chacun des élèves comme un fou. Il avait les yeux rouges comme un fumeur de crack.

- JE VOUS AVAIS PRIS VOS PUTAIN DE PORTABLES !!

Je me recachais à l'abri de ses tirs me bouchant alors les oreilles. Les agents eux-mêmes avaient du mal à gérer la situation.

- À TERRE !!!

Il braqua son arme sur l'un d'eux :

- RECULEZ TOUS !!

Il fit l'erreur monumentale de se mettre dos à d'autres agents. Les balles cessèrent de fuser, Noah tomba dans le sang de ses victimes, lui-même blessé à la jambe et son arme tomba à terre, glissant à quelques mètres de moi.
J'écarquillai les yeux.
Elle était là mon occasion que j'avais tant voulu. Il était là mon moment de gloire. C'est comme ça que j'allais ME venger. Mon sang ne fit qu'un tour dans mes artères. Un seul, pas plus. Je me levais sans prêter attention aux gens autour de moi, courais et attrapais son arme. Noah leva les yeux vers moi. Un contact visuel s'établit. Il sembla revenir à la réalité. Ses pupilles bougeaient dans tous les sens. Je savais que son arme était prête à être utilisée. Il l'avait utilisé sur nous, quelques secondes plus tôt, il l'avait pointé sur ces agents. Il ne s'était pas gêné. Je fis quelques pas rapides vers lui.

- Salope

Je savais que je n'aurais qu'une seule chance. Je tirai sur cette putain de culasse. Toujours avec l'arme braquée sur lui, j'appuyais sur la détente, Noah protégea sa tête des tirs, une armée d'homme se jeta vers moi comme si j'étais la criminelle, mais je n'en avais rien à faire. Une larme quitta mes yeux. Ils nous avaient détruits.

Sans regrets.

Je tirai sur ce salopard pour m'assurer qu'il ne se le relèverait jamais. Les balles pleuvaient. Je tirai sans m'arrêter. Je ne croyais pas à ce truc de torture psychologique que certains ne se gênaient pas pour répandre comme une mauvaise rumeur.

Certains n'avaient pas peur, certains ne ressentaient pas la moindre culpabilité, car pour eux, seule leur douleur comptait. Il n'allait faire qu'être dans une prison luxueuse, protégé, on allait le comprendre, parler de sa sœur défunte, mettre la faute sur Cooper, on allait plaider pour lui, mais pas pour nous, pas pour toutes les centaines de morts de cet endroit. Je savais maintenant ce que je voulais faire de ma vie. Tuer toutes ces merdes faibles qui reposaient leurs problèmes sur le monde entier.
Un policier me frappa dans le dos, en plein milieu de la colonne vertébrale, je continuai tout de même à tirer jusqu'à tomber moi-même au sol de douleur.
Un homme me prit l'arme étendue à côté de moi, une femme, repoussa les autres hommes. Je penchais la tête vers ma cible à moi. Il ne bougeait plus.
J'avais réussi.
La femme me sourit.

- Tout va bien se passer. C'est terminé

Elle murmura quelque chose à ses collègues avant de reporter son attention sur moi. Elle caressa mes cheveux. Je savais que j'étais dans un état pitoyable, couverte de tout ce sang. Je ne ressemblais plus à rien. Mais au moins...

« J'étais venue, j'avais vu, j'avais vaincu. »
Jules César


Fin

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 14, 2023 ⏰

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