16. Il ne le méritait pas

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AVERY

J'essayais de calmer Adam qui était dans mes bras dans la pose du christ quittant La Croix, mort, dans les bras de sa mère.

- Mourir ?? On va...

- Non, non, riais-je faussement. Personne ne va mourir

Je me devais de le rassurer. Après tout, tout, et vraiment TOUT, était de ma faute. Je n'avais pas su être attentive au changement de comportement de mon ex et maintenant le voilà qui s'apprêtait à tuer tout le monde. Putain. Qu'est-ce que j'avais fait ? Je n'aurais jamais dû. On n'en serait pas là.

- Peur

- Avery fait-le taire

C'était cette salope de Riley.

- Toi ferme - la, essayais-je de lui dire calmement. Je ne suis pas égoïste comme toi

- Oui, mais moi je n'ai risqué la vie de personne !

- Je ne risque aucune vie

- Tu ne le fais pas se calmer !

- Tu crois que c'est facile ?

J'avais cette petite boule qui me coinçait dans la gorge. Je voulais pleurer, hurler, tout faire sortir, mais rien. Aucune larme n'osait sortir, face à ce qui se passait autour, face à Riley, face à la panique d'Adam.

- Mourir ?

- Fais-moi confiance, lui souriais-je

Je devais rester forte pour lui. 

Si je pouvais au moins sauver sa vie. 

Un autre coup de feu siffla en bas. J'écarquillai les yeux avant de me jeter sur Adam pour le serrer dans mes bras.

Il était apeuré, terrorisé, tremblant. Il suppliait, pour que tout ça cesse, et ça se voyait dans ses yeux. Je le serrai contre moi, de toutes mes maigres forces. Tandis que Cooper essayait d'aider les autres blessés, les paniqués, comme Adam. Ou encore ceux en plein conflit comme Riley.
Je sentais les ongles du lycéen que j'aidais, s'enfoncer dans ma chair, et d'une certaine manière, j'adorais cette douleur, elle me rappelait que j'étais encore vivante, elle me rappelait que j'avais un peu d'espoir. À la fois à moi, mais aussi aux autres qui m'entouraient. Je serrais le garçon qui tremblait, horrifié. J'étais bien heureuse qu'il ne puisse pas voir ce qui se passait derrière lui. Autant lui, il était secoué de tremblement violent, autant moi aussi, je pleurais à présent.

- S'il te plaît... Respire avec moi

Quelle bonne blague quand même !

Je lui demandais de suivre ma respiration saccadée, pour qu'il se calme. On n'allait jamais y arriver. J'avais l'impression déjà d'être privé d'air, mais aussi de tous mes moyens pour aider.

- Respire ?

- Oui... avec moi.. s'il te plaît, sanglotais-je en suppliant tous les dieux possibles et imaginables pour nous sortir, nous leurs enfants déchus, de cet enfer sans nom.

Une nouvelle balle fendit l'air et acheva sa course sur un élève debout au fond dans la rangée en face de moi.
    Putain.
Je croisai alors le regard du corps sans vie de la fille qui était en train de s'écraser par terre.
Pourquoi s'était-elle levée ? Ses yeux étaient vides, sans vie. Me fixant. Je fus prise d'un relent de dégoût.

- J'AI DIS PERSONNE NE BOUGE !

- Noah... soufflais-je entre mes dents qui avaient supporté un appareil dentaire des années.

- La prochaine personne qui se permet de me désobéir la rejoindra ;

Comment était-il devenu comme ça ? 

Ça ne lui ressemblait pas, et tout ça était à cause de moi. Un goût de bile emplit ma bouche, j'allais vomir. L'odeur de sang, la panique se lisant sur les visages de chacun, Mon ex meilleure amie, mon copain, mon ex en train de tuer des personnes innocentes, tout ça, tout ce cirque, tout ce cauchemar, tout ça me donnait la nausée. Mais ce qui me donnait encore plus la nausée était le fait qu'Adam soit là. Le fait qu'il doive vivre ça, qu'il ait autant peur, que je ne sache pas quoi faire pour lui.

- Peur ?

- Quoi ? Demandais-je à Adam

- Douce Avery, reste calme

Est-ce qu'il me demandait de ne pas avoir peur ? Où est-ce qu'il montrait mon calme ? S'il savait... J'ignorais quelle serait l'issue de cette journée quant à ma vie. Je le secouais alors lentement comme pour le bercer. Tout semblait si calme, comme si les sanglots autour de nous étaient devenus habituels. Si j'avais su que je me lèverais aujourd'hui et vivrais une chose pareille, j'aurais tout fait pour me casser une jambe la veille. Noah... Noah, celui que j'avais tant aimé, avec qui j'avais tant ris. C'était lui qui était devenu notre ange de la mort. Une traînée de sang se mit à couler le long des marches de l'allée centrale. C'était effroyable. J'étais bien heureuse qu'Adam ne puisse pas voir cela, il commençait à se calmer à mesure que les cris s'estompaient. Il valait donc mieux lui éviter un spectacle pareil.
      Je tournais la tête vers Cooper, en panique. Je le voyais et une peur s'empara de moi. Est-ce que Noah s'en prendrait à lui ? Par vengeance ? Une terreur sanglante s'empara de mes tripes. Ce n'était pas possible. J'allais perdre quelqu'un. C'était indéniable. Je me retenais de ne pas crier. Je me retenais surtout de ne pas pleurer devant Adam. Ce n'était pas comme ça que j'allais y arriver. Ce n'est pas comme ça que j'allais l'apaiser. Je l'approchais alors de moi et le serrais contre moi.

- Adam... Tu rêves, je ris contre son oreille. Imagine plein de belles choses que tu aimes.

Il bégaya plusieurs fois avant de me dire :

- Quoi ?

- Tu sais, dans ce genre de rêve, il faut penser à la vie qu'on a dans la vie normale, penser à des choses positives

- Avery mentir ?

- Non...

Je voulais utiliser le truc du rêve pour calmer mon camarade de lycée pour qu'il soit plus détendu en espérant se réveiller. Je me sentais suffisamment mal de jouer sur ses déficiences mentales, mais je n'avais pas le choix. Si je ne savais pas qu'elle allait être l'issue de cet événement pour lui, comme pour moi, comme pour nous tous en fait, il fallait au moins que je lui permette de vivre les choses avec plus de légèreté.

- Tu sais Adam, je commençais en regardant brièvement Cooper qui me faisait signe d'être plus discrète, il faut vraiment que tu visualises aujourd'hui. Imagine que nous sommes à une fête foraine. Les cris sont ceux des gens qui sont, eux aussi, venus s'amuser comme toi et moi.

Je le fis alors fermer les yeux et chuchotais une suite de choses improbables :

- Tu as entendu le canon à confettis ?

Je souris contre sa joue en le sentant faire de même. Le canon à confettis n'était tout autre que Noah et son jouet.

Je m'enfermais dans cette petite bulle avec Adam, essayant moi aussi de la pénétrer un petit peu. Comme un échappatoire tombé à pique.

Targets [ DRAME ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant