21. Marine

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PETER

Trop de choses se passaient en même temps.. Noah avait pété un plomb. C'était certain qu'il était là pour nous détruire, mentalement mais aussi et surtout, physiquement. Il venait d'abattre Adam, sous les yeux de tout le lycée. Noah était devenu une enflure ! Adam, ce mec qui ne cherchait jamais les problèmes, de toute façon, il en avait déjà assez, venait de se faire salement tuer. Il me foutait la gerbe. Avery était au sol quand c'était arrivé. Il était mort dans ses bras. Elle n'arrêtait pas de hurler, de pleurer, pendant que son copain ne réagissait même pas. J'imaginais que cette scène m'ait concerné moi et Angel... je n'aurais pas été là, comme lui, statique et absent. Je ressentais tellement de choses. Nous étions tous angoissés et sous pression. Noah venait d'assassiner quelqu'un sous les yeux d'une fille, sous les yeux d'un mec absent. Cooper n'avait eu aucune réaction. Que lui arrivait-il ? Je me tournais vers Alex. Il était lui aussi de marbre.

- Il faut qu'on se barre d'ici !

- Je sais ! Mais on ne peut pas mec

J'observais autour de nous. C'était impossible. Il avait tout préparé, personne ne rentrait, personne ne sortait. J'espérais juste que nos copines soient enfermées dehors, avec une solution pour s'échapper d'ici. J'avais peur pour elles, peur pour la mienne, peur pour la copine de mon crétin de meilleur ami.  
Je ne savais pas quoi faire, comment nous en sortir, comment nous échapper... nous étions piégés, comme des rats de laboratoire.
Mon cœur cognait dans ma poitrine. Qu'est-ce qui aurait pu présager une journée aussi effrayante ? Pour une fois, j'aurais dû rester dans mon lit. Rien de tout cela ne se serait passé...
J'étais si heureux de voir Angel contente, elle était si belle ce matin, dans sa petite robe. Prête pour notre rendez-vous de ce soir. J'avais prévu de l'emmener manger, avant de nous faire aller voir Fast & Furious qui passait dans un Cinéma Drive-in. Elle aurait été tellement contente. Nous aurions fini par aller à la plage. J'avais déjà acheté un joli bouquet de tulipe, ses fleurs préférées.

Tout devait être parfait bordel de merde.

  Je tapais ma tête dans le siège devant, de colère. J'avais tout prévu putain ! Toutes ces choses qui rendaient ma copine heureuse ! On aurait dû toutes les faire. Mais il avait décidé de tout gâcher. Je n'en avais rien à faire de ses putains de caprice !! Il gâchait les vies de centaines d'adolescents par pur caprice. Il reprochait à toute la planète, ses problèmes, oubliant qu'il en créait chez d'autres.
    Je tournais la tête autour de moi, une fois de plus, à la recherche de quelque chose. On devait s'en aller. Je ne pouvais pas rester ici. Je ne comptais pas non plus me battre avec lui. Il était armé, et je n'étais pas suicidaire. Je voulais juste m'en aller. Ce n'était pas trop demander que de vouloir recouvrir sa liberté. Je détestais me sentir lié. Je détestais ne pas pouvoir faire ce que je voulais et je détestais encore plus cette peur qui pesait sur nous tous.

- On doit trouver une solution Alex

- Qu'est-ce que tu veux faire ? On ne peut rien, restons caché et patientons Pet' !

Je le fixais. Un mélange d'émotion me traversait. J'étais perdu. J'avais envie de pleurer, de hurler... mais je ne pouvais pas. Ça me faisait chier putain. Un nœud se forma peu à peu dans ma gorge. Nous ne pouvions rien faire. Nous n'avions plus qu'à espérer que la mort ne nous ouvre pas ses bras.

Je n'en avais pas envie. Il se remit à tirer sur quelques élèves au point où je me mis à me demander s'il allait avoir assez de monde à tuer pour la suite. Noah inclina légèrement son arme, comme s'il avait toujours fait ça, avant de retirer le chargeur de sa main libre. Il le jeta à même le sol, sans gêne et en sortit un autre de sa poche qu'il engagea immédiatement dans son arme. On aurait dit qu'il avait fait ça toute sa vie. Je le fixais. Il le faisait avec la dextérité d'un professionnel... il s'était entraîné. Comment est-ce que ça se faisait que personne ne l'avait jamais vu faire ?

Il avait enchaîné ces gestes, comme s'il suivait des étapes dans sa têtes. Je n'en revenais pas. Il me rappelait moi gamin. Mon père était marine avant son accident en mission. Mon rêve de gosse avait toujours été de faire comme lui, mais comme je ne pouvais pas m'entraîner sur une vraie arme, il avait succombé à mes supplications et m'avait offert une réplique qu'on ne trouvait qu'en caserne.

     Ce jour-là, j'étais aux anges au point où je n'étais plus sorti durant des jours et des jours. J'étais si fier de moi. Il m'avait appris tant de choses, dont, comment charger une arme. Petit, c'était comme ça que je passais du temps avec mon père. Je m'amusais à l'imiter. Je retirais le chargeur vide, je le balançais, ou le gardais dans une poche quand je faisais semblant d'être suivi par des ennemis et que je ne devais pas laisser de trace.

En me remémorant les souvenirs, je revoyais Noah faire. Je prenais un autre chargeur dans ma poche et que j'imaginais plein dans ma tête. Puis je finissais par l'engager dans le puits de chargeur. J'avais mis du temps à maîtriser le geste afin qu'il soit fluide... et lui... en quoi ? Quelques mois ?

Il fallait dire que je l'avais fait gamin. Je ne devais pas être très agile de mes mains à l'époque.  Mais rien qu'à le voir faire, il était évident qu'il était déterminé. Il n'hésitait pas. Je voyais en lui mon père. Dire que tout le monde l'avait toujours aimé... J'étais dégoûté. Je le voyais faire, comme un professionnel. Il n'avait jamais mérité l'amour de tout cet établissement. Il était effrayant. Il me faisait peur car j'avais grandi entouré de militaires, allant des amies de ma mère, aux collègues de mon père, en passant par mes anciens amis qui étaient enfants de militaires. J'avais regardé un nombre incalculable de films sur ce genre de cas... et jamais, je n'avais vu quelqu'un maîtriser le geste de cette manière sans être un professionnel. Noah était dangereux, et il fallait éviter sa route du mieux qu'on le pouvait. Je me retournai alors vers Alex :

- Fais profil bas. Ce mec peut nous détruire en un chargeur

Je le savais car il avait visiblement les capacités de le faire. Mais si j'avais bien compris, il voulait tant un public qu'il prenait son temps, ce qui faisait encore plus peur...

Targets [ DRAME ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant