Chapitre 8

100 9 3
                                    

          

                               8🌺

Jeudi, 23 mars 2023.

Douala, Cameroun.

                *** Lynn Djandjo ***

Ce soir, je suis de sortie. Dans ma chambre, je fais un dernier tour sur moi-même, fière du résultat que je vois dans le miroir. S'il y a bien un atout que Dieu ne m'a pas refusé, c'est la beauté. Atout, qui m'a d'ailleurs conduite à la perdition, mais qui m'a tout de même sortie de multiples situations périlleuses. Je ne serai certainement pas belle éternellement, mais pour l'instant je le suis, alors j'en profite à fond.
Je suis bien consciente de mon charme et de l'effet que je produis sur les hommes, alors je ne vais pas me gêner pour prendre soin de mon apparence et ainsi obtenir tout ce dont j'ai besoin. C'est d'ailleurs pourquoi je suis si apprêtée aujourd'hui. J'ai rendez-vous avec un client assez fortuné, ce soir. Alors je me dois d'être à la hauteur, de faire sensation, pour gagner le maximum d'argent possible.  Et je crois que ce sera chose facile. Il n'y a pas moyen que je ne sois pas à son goût dans cette tenue.

Comme pour faire une dernière vérification, je passe une main sur ma petite robe moulante qui est d'un rouge si vif qu'il attire facilement l'attention et les regards et qui cache une fine lingerie de la même couleur. Et dire qu'autrefois, j'étais mal à l'aise... Aujourd'hui je ne porte que ce style de vêtements pour mes soirées nocturnes, loin du regard de mon fils, bien entendu. J'ajuste la petite chaîne discrète autour de mon cou et admire mes épaules nues dans le miroir. Un dernier coup de brosse sur ma perruque, quelques retouches sur mon maquillage et je suis prête à attaquer cette soirée. Je me perche sur mes talons et prend mon petit sac sur mon épaule avant de profiter de l'absence de mon fils pour sortir de la maison.

Mon taxi me laisse à l'entrée de cet hôtel huppé du quartier Bonamoussadi aux environs de dix-huit heures. Je consulte mon téléphone pour être sûre d'être au bon endroit, et effectivement, je ne me suis pas trompée. Je dois reconnaître que la plupart de mes clients ont du goût ; des goûts prestigieux, il faut préciser. Je jette un dernier coup d'oeil autour de moi, avant de me décider à avancer. Mais c'est sans compter sur mon portable qui se met à sonner. Sachant que j'ai encore quelques minutes, je prends la peine de répondre à cet appel d'un numéro inconnu. C'est une voix de femme, que je reconnais parfaitement, qui me salue à l'autre bout du fil.

— Bonsoir Lynn.

— Encore toi, je m'offusque après un soupir d'exaspération. Ça devient du harcèlement, Flore.

Je croyais qu'elle avait compris, mais non. Peu importe le numéro que je bloque, elle me rappelle avec un nouveau et je crois que je vais bientôt craquer. Je ne me réjouis pas de la situation, loin de là. Je suis tourmentée et déprimée depuis que nous nous sommes revues dans ce restaurant. D'une part, je suis assez surprise et intriguée que tout cela n'arrive que maintenant, mais d'autre part, je crois que je préfère l'époque où je n'avais plus aucun lien avec ma famille, cette époque où j'essayais de me convaincre qu'elle n'existait plus et que ma vie serait plus belle puisqu'il n'y a que mon fils et moi. Mais ma cousine ne semble pas être de cet avis. Elle n'a pas l'air de le comprendre.

— Pardon.  Je croyais que tu allais chercher à me voir. J'attendais ton appel.

— Et pourquoi ? Je n'ai pas du tout envie de te voir.

— J'ai accouché il y a deux semaines, me dit-elle. Ton neveu, Lynn.

— Oui, je sais. Félicitations.

— Tu ne comptes vraiment pas nous laisser l'occasion de discuter ? J'aimerais vraiment que tu écoutes ce que j'ai à te dire, Lynn. Si tu savais comme je regrette toutes ces années perdues. J'aimerais tellement que les choses s'arrangent, qu'elles redeviennent comme avant. Accorde moi juste quelques minutes, je t'en prie.

Supplice...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant