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Vendredi, 08 avril 2023.Douala, Cameroun.
*** Darelle Monthé ***
Épuisée, je suis.
Fatiguée aussi physiquement qu'émotionnellement, je rentre à la maison après une journée passée entre l'hôpital et l'école. Malgré le férié dû au "Vendredi Saint", nous avons eu cours d'optimisation au lycée. Cours auxquels je n'étais présente que physiquement.
Il fut difficile pour moi de passer encore une fois devant le portail du lycée sans repenser à l'accident qui s'y est produit hier. Comment ne pas y penser après avoir vu la victime amochée et allongée dans un petit lit d'hôpital ?
Mon cœur s'est tristement serré lorsque j'ai vu Ryan ce matin, le corps couvert de bandages et le pied plâtré. J'ai d'ailleurs eu du mal à retenir mes larmes ou à m'enfuir vers la sortie. Je me sens tellement mal, car tout est de ma faute. Je n'ose pas imaginer la douleur qui traverse ce corps de gaillard ; l'inquiétude qui trouble me cœur de sa mère et de ses proches... ainsi que le mien. J'ai peur que les choses dérapent et qu'il ne se réveille pas ou alors qu'il ait des séquelles. Le pire, c'est que je ne peux même pas l'aider. Je ne peux rien faire pour arranger les choses, pour améliorer sa situation, à part bien entendu attendre en priant. C'est ce que j'ai fait toute la soirée d'hier : prier encore et encore qu'il aille mieux. Je me sens particulièrement affectée et concernée par ce qui lui est arrivé.Lorsque Sheila me laisse devant notre portail, voulant s'assurer que je rentre bien vu la mine morne que je traîne depuis le matin, j'entre comme un zombie. N'étant pas d'humeur à bavarder, je traverse le salon en adressant une simple salutation à ma mère qui est assise devant la télévision, le bébé dans les bras. Bien entendu, elle ne manque pas de m'interpeller.
— Viens Mama s'il te plaît, me flatte-t-elle.
J'obéis et me dirige vers elle en silence.
— Ça va ? S'enquiert-elle. Tu n'as pas l'air d'aller bien.
— Ça va. Je suis juste un peu fatiguée.
— Et ton ami ? Il va mieux ?
— Ah... honnêtement je n'en sais rien. Son état est stable, mais il est toujours inconscient. J'étais là-bas avant et après les cours. Jordan et Cabrel y sont toujours.
— Je vois. Je reste persuadée qu'il ira mieux. Soyons patients.
J'acquiesce simplement de la tête face à l'optimisme légendaire de ma mère. Une minute de silence s'écoule, et je décide de me retirer, car désirant me reposer. Mais au moment où je tourne le dos, je me rappelle d'un détail intriguant que je tenais à partager avec ma mère. Alors je lui fais de nouveau face.
— Ma'a, tu te rappelles de la femme que je t'ai dit avoir vue devant le portail avant-hier ?
D'un coup, je vois le visage de ma mère pâlir, sans comprendre pourquoi. Elle m'a l'air soudainement inquiète bien que je ne lui ai encore rien dit.
— Oui, qu'est-ce que... qu'est-ce qu'elle a fait ? Balbutie-t-elle.
— Je l'ai vue hier soir à l'hôpital et ce matin encore. Il se trouve que c'est la mère de Ryan.
— Ryan ? Répète ma génitrice.
— Oui, Ryan. L'ami de Jordan qui est hospitalisé.
Le visage de ma mère se décompose de plus belle. Je me doutais bien qu'elle serait aussi intriguée que moi, mais sa réaction me surprend grandement. Elle n'est pas juste étonnée ou choquée, non... elle est curieuse et inquiète, et la pâleur de son visage le trahit assez bien, sans compter ses mains qui deviennent soudainement maladroites et tremblantes au point où elle doive allonger le bébé dans sa petite bassine près d'elle. J'essaie d'analyser et de comprendre ce qu'il lui arrive, sans succès. Cette femme l'intrigue donc tant que ça, elle qui ne l'a jamais vue ?

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Supplice...
Ficción GeneralJ'ai peut-être perdu ma dignité, mais si cela me vaut le bonheur de mon fils, je ne regrette rien... Ryan est ce que j'ai de plus cher au monde, mais en me regardant dans la glace je ne cesse de m'interroger : Réussira-t-il à me pardonner quand il s...