Chapitre 13

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Samedi, 1er avril 2023.

Douala, Cameroun.

*** Roger Monthé ***


Il est presque vingt-trois heures lorsque je mets fin à mon appel téléphonique avec mon épouse. Las de passer la soirée sans elle, j'ai décidé de rentrer de rentrer lui tenir compagnie, malgré mon envie de rester avec ma sœur et ma famille en ce jour si important. Le désir de passer la soirée avec ma femme prend le dessus sur ma volonté de supporter tant bien que mal le trop plein de bruits de cette fête. N'ayant pas le goût de l'ambiance et du bruit comme ma sœur, j'éprouve une certaine retenue lors des rares fêtes auxquelles je participe. Et encore, je n'y assiste qu'en compagnie de mon épouse. Depuis que nous sommes mariés, il est assez rare de me voir aux soirées de mariage, et aux dîners d'affaires et autres sans elle. Sans elle, je m'ennuie rapidement ou désiste même avant d'y aller.
Pour ce soir, il était impossible qu'elle soit de la partie, car devant s'occuper de notre bébé encore fragile. C'est la raison pour laquelle ma petite sœur a tenu à lui faire un paquet spécial pour partager avec elle, un peu de sa soirée de mariage; cette soirée qu'elle aurait voulu reporter pour faire plaisir à sa belle-sœur, mais c'était sans compter sur la modestie de Flore. En attendant donc le fameux paquet qui doit m'être apporté, j'ai demandé à mon fils d'appeler sa sœur pour la tenir au courant de notre départ. Je les vois d'ailleurs revenir, en s'enguelant discrètement. La déception que je lis sur le visage de ma fille me fait sourire. Elle doit certainement penser que la soirée est finie pour elle, mais non. Je ne saurais l'empêcher de s'amuser alors qu'elle en a rarement l' occasion. De plus, je sais bien à quel point elle est proche de sa tante; je ne vais pas gâcher cette soirée pour laquelle elle s'est tant préparée.

— Papa, tu m'as appelée ? Me demande-t-elle en ajustant son petit sac à son épaule, la mine renfrognée.

— Oui princesse. Pourquoi tu es fâchée ?

Elle ne pipe mot, tandis que son frère étouffe ses rires à côté.

— Moi je suis épuisé. Je vais rentrer avec Jonathan. Toi tu peux rester, mais pas longtemps, je précise alors qu'un sourire se dessine déjà sur ses lèvres. Je préfère même que tu rentres dormir chez les Jordan, vu que c'est à côté.

— D'accord papa, merci. Même si je sais que tu t'ennuies seulement parce que ta femme n'est pas là, ajoute-t-elle pour me taquiner, ce qui réussit.

Je souris simplement, sachant qu'elle a raison.

— Là j'attends un paquet pour ta mère avant de rentrer. Tu peux y aller. Fais attention à toi.

— D'accord papa. Rentrez bien, dit-elle avant de nous quitter, non sans manquer de tirer la langue à son frère.

Je secoue la tête, amusé. Après m'avoir demandé la permission, Jonathan s'éclipse à son tour pour pouvoir prendre congés des proches, tandis que je reste planté devant la cuisine, attendant désespérément le fameux paquet que ma sœur a prévu pour mon épouse.
Au bout d'une autre minute d'attente, une jeune femme vient vers moi avec un paquet de noir, toute pressée. Elle fait partie du service traiteur de la soirée, à en juger son uniforme blanc. Elle me salue brièvement et me tend le paquet. Je le lui prends des mains en la regardant longuement, frappé par la ressemblance que je remarque entre ma fille et elle. Je suis tellement surpris que je cligne des yeux plusieurs fois, pour être sûr de bien voir. J'en viens même à me demander s'il s'agit d'une simple coïncidence lorsqu'une image me vient en tête. Je suis certain de l'avoir déjà vu quelque part, mais je ne sais où. Je n'ai même pas le temps de m'interroger plus longtemps que déjà elle tourne les talons.
Une voix se fait entendre depuis la pièce d'en face, alors que je fouille toujours dans ma mémoire, à la recherche d' un quelconque souvenir qui m'aiderait, mais c'est sans compter sur ma mémoire volatile.

Supplice...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant