Chapitre 14

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Dimanche, 02 avril 2023.

Douala, Cameroun.

*** Ryan Djandjo ***

Fatigue et gueule de bois sont notre partage en ce moment. Il faut dire que la soirée a été assez mouvementée, mais belle. Je me suis très bien amusé, et cela faisait longtemps que je n'avais pas assisté à une fête. De plus, on pourrait les compter sur les doigts d'une main, les fêtes auxquelles je suis invité. Passer du temps avec mes amis m'a fait énormément de bien, loin du stress de l'école et de l'examen qui approche, loin des problèmes et commérages du quartier et loin de l'humeur parfois massacrante de ma mère. Parlant d'elle, Cabrel et Jordan m'ont dit l'avoir aperçue hier aux côtés du service traiteur. Moi par contre je ne l'ai pas vue, même si je me doute bien qu'elle était au courant de ma présence. J'étais peut-être bien trop occupé à essayer de plaire à Darelle pour pouvoir penser à aller la voir.
Darelle est d'ailleurs à nos côtés ce matin pour le rangement. Comme on dit communément chez nous, « après la fête, c'est la défaite. » On s'est peut-être bien amusé pendant la soirée, veiller jusqu'à cinq heures du matin, le nettoyage et le rangement nous attendent. De ce fait, dès huit heures, la maison des Jordan où nous avons réussi à trouver une place pour la nuit, s'est vidée. Tandis que d'autres ont regagné leurs domiciles, nous autres sommes venus travailler.
Tout en rassemblant les chaises de la grande salle de fête, mes amis et moi discutons gaiement de la soirée d'hier. Chacun ayant pris son couloir hier, le récapitulatif promet d'être drôle. Malgré la fatigue je ne peux m'empêcher de rire suite à leurs commentaires.

- Non, on a juste un peu bavardé quand elle est revenue, j'explique à mes amis qui se font déjà des idées. Au départ j'ai même cru qu'elle allait seulement me taper.

- Et vous vous disiez quoi de bon ? Demande Cabrel. Je vous ai vu assis en bas à côté de la piscine. Elle n'avait pas l'air de vouloir te manger cru, comme tu dis.

- Ça, c'était après justement. Après que son père et son frère soient rentrés. Comme elle paraissait plus détendue, on a un peu bavardé. Nous sommes descendus à cause du bruit. Je ne sais pas si elle avait pris quelques verres avant, mais elle était moins aggressive et le courant est bien passé.

- Tu as pris son numéro ?

- Non Enama. Pas encore.

Mon ami maugrée, ce qui me fait sourire.

- Mais toi, je n'imagine pas avec combien de numéros tu es rentré hier, dis-je pour le taquiner, ce qui flatte son égo.

- Est-ce que je suis ton égal ? Je suis un pro, mon petit. Quand je draguais ma première go, tu n'étais pas encore né.

- C'est ça, dis-je avec un léger rire.

Remarquant simultanément le silence de Jordan, qui se contente de travailler, mon ami et moi échangeons un regard complice. Cabrel ne manque pas d'émettre des sous-entendus de son simple regard, avant de finalement ouvrir la bouche pour taquiner le plus calme de la bande.

- On est là, on bavarde et on s'agite, alors que le pro même est silencieux. Fotso, tu étais où hier ?

Ce dernier se tourne vers nous et nous regarde, comme surpris, avant de sourire.

- Enama ne me cherche pas, dit-il simplement.

- Je t'ai même déjà trouvé. Hier soir tu as disparu. Comme Djan était trop occupé à draguer vainement, il n'a pas constaté. Moi je t'ai vu sortir... et tu n'étais pas seul. Tu es parti où avec l'enfant d'autrui hier ?

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