L'avion ✈

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    Ce jour-là, l'atmosphère était lourde et encombrée. Par moment les nuages laissaient avec allégresse percevoir les quelques rayons de soleil de ce mois de novembre. Tout était calme, tu étais heureuse et profitais de ce moment doux qui t'enveloppait, cette balade dont tu avais tant envie depuis quelques jours. Une toute petite fille tu étais, cinq ans, tout au plus. Les feuilles des arbres bruissaient délicatement et, sorti de nulle part, il a détruit ce paysage de rêve, ce moment de douceur qui t'était offert. Les battements de ton cœur se sont accélérés, plaquant tes mains sur tes oreilles pour qu'aucun son ne puisse venir percer ce silence réconfortant. Ton corps tremblait de ces tremblements qui vous font vous sentir vivante et morte à la fois, ceux qui vous terrifient même une fois la tempête passée. Ne formant qu'un nous nous sommes jetées au sol comme si ce monstre venant du ciel pouvait nous réduire en poussière. Relevant un œil, ils te regardaient d'un air ahuri, ne comprenaient pas : était-ce leur petite fille ou un imposteur ?

― Esor ? Que se passe-t-il ?!, t'a-t-elle demandé tout en te tirant le bras pour que tu te relèves.

   Tu te débattais en tout sens, dégageant d'un geste preste ton bras violemment saisi.

― Lâchez-moi ! Laissez-moi tranquille, arrêtez, je veux rentrer vite, je veux rentrer !

    Ma pauvre Esor, tu étais affolée. Tu t'es relevée pour pouvoir courir le plus loin possible, te réfugier à l'écart de ce monde qui implosait au-dessus de nos têtes. La bête dans les airs s'éloignaient progressivement mais son bourdonnement était encore perceptible. Il durait, encore et encore. Il durait et semblait ne pas vouloir faire place à l'atmosphère délicate dont tu avais besoin. Plus un bruit. C'est seulement une fois le calme rétabli que tu t'es mise à sangloter puis à pleurer très fort, hurlant que tu voulais partir loin d'ici et ne jamais revenir.

― C'était simplement un avion, ne te mets pas dans tous tes états. Il est parti et il était totalement inoffensif, il est juste passé un peu trop bas.

― Je m'en fiche. J'ai-j'aime pas, je veux ren-rentrer.

    Et comme si tout cela ne te suffisait pas, un orage commençait à se faire sentir, les éclairs et le tonnerre se rapprochant petit à petit.

Tu es parvenue à te calmer en gardant les mains clouées sur tes oreilles jusqu'au retour à la maison. Lorsque, enfin, tu te pensais en sécurité, le soir, au fond de ton lit, ces images de la journées et ces bruits résonnaient encore dans ton petit corps effrayé. Finalement même te plonger dans le sommeil n'était pas chose facile. Une fois dans les bras de Morphée tes craintes ne cessaient de refaire surface, plus désagréables qu'à l'accoutumée. Ces échos inopportuns ont longtemps résonné dans ta tête d'enfant, s'amusant à défiler derrière tes yeux en s'accaparant l'espace créé par un vide grandissant qui continuera de croître à ton insu. 

Esor e(s)t moi 🥀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant