ACTE I - 11

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Rapport d'enquête n°1, 20 avril 405.

Lieutenant en chef : Vicky Losanje

Lieutenant suppléant : Alex Wayne

Quelques notes sur l'affaire criminelle en date, code D200405 SE

« Il est vrai que nous étions dans la confusion lorsque nous nous sommes emparés de ce dossier à moitié vide et dans lequel certaines informations nous semblaient incomplètes voire manquantes. Le puzzle propose des annotations courtes signées de la main de l'officier Claffer, quelques photos des lieux du vol et des environs de Grand Écrou, estampillées des caractéristiques de l'appareil de Sylvas, ainsi qu'un cliché de l'objet dérobé, raison première de la présence de ces membres en ces environnements saints et électroniques.

Situé au plein ouest du centre, le quartier des artificiels du district 40 n'est nullement connu pour de telles agitations, il y existait bel et bien certaines organisations peu scrupuleuses qui peuvent être suspectés et même accusées des crimes et du délit mentionnés plus haut, mais aucun élément pour le moment ne nous permet de les affubler de pareil jugement.

En ce qui concerne Claffer Emora, des comportements plus ou moins inhabituels ont été relevés de la part de ses plus proches collègues et amis, quelques jours avant sa soudaine disparition. Tantôt elle se prenait de colères inopinées, tantôt elle paraissait ailleurs, prisonnière dans une boucle infinie et obscure, si un euphémisme malaisant n'habitait pas ces propos qui, aux premiers abords avaient tout de l'innocente discrétion que les personnes font preuves devant l'incompréhension, mais restent hantés par les souvenirs plus ou moins important de la femme, mêlés à une détresse psychologique que seul le temps peut réparer.

Nous avons procédé à l'examen de Sylvas, sous la supervision du médecin Gaël Volonti, suppléant honoraire du médecin légiste en chef Orane Johars.

Upa Sylvas Thorson, dit Sylvie, a été retrouvé ce matin cité Bruste, district 39, au quartier Nodules. Les préliminaires de l'enquête ont été réalisés par le lieutenant Derrin et du médecin légiste Barton, originaires du commissariat du dit district. Le rapport présente une scène dans des locaux d'ordures, la dépouille ayant été retrouvée dans ces poubelles, bras et jambes manquantes. Le décès remontait à 3h28 à ce moment précis.

Aucun témoin n'a encore été interrogé, s'il en existait. Derrin précise qu'il n'en a pas trouvé.

L'examen médical indique que les bras, ainsi que les jambes avaient été sectionnés de leurs bases à l'aide d'une sorte de scalpel de chaleur, les surfaces lisses et presque polies le démontrent. Tandis que son sang ne présente aucune altération, son épiderme est d'une propreté déconcertante. Nous avons alors exclu l'utilisation de la violence physique, ainsi que l'inoculation de drogues particulières. Mais nous sommes dans l'obligation de présupposer l'intervention de mort-éveil, drogue habituelle des chirurgiens bioingénieurs qui a la particularité de statufier le visage dans une sorte de catalepsie sous la surdose.

En tant qu'humain, je ne souhaiterais à personne de vivre cela. Sylvas n'indique rien de plus, mais cette expression de terreur figée dans le temps en dit long sur les suppliques qu'il avait subi. »

[o]

Une légende urbaine raconte qu'au crépuscule de l'existence, les yeux conservent les dernières images des ultimes rayons captés au travers de ses pupilles opalines.

Bien évidemment, il ne s'agirait en rien d'images réelles, car à l'extinction charnelle seule l'hypothétique âme permettrait à ce cerveau incompétent d'appréhender sa fin, et l'offrirait ainsi une vision désincarnée sur d'entités mythiques mystiques, miroir d'un certain miracle de mièvreries posthume aux défunts mielleux de misanthropie refoulée.

Les InnommablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant