ACTE II - 6

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Une somnolence commença à le prendre, alors qu'ils étaient sur le long retour vers le district 4.

La climatisation bourdonnait dans l'habitacle de la voiture, et tandis que Wayne s'en agaçait, Vicky n'y prêtait pas attention, concentrée sur la voie rapide.

Las, il s'aventura sur l'autoradio dans l'espoir de rendre le voyage moins ennuyeux. Hasardeusement, son doigt courra sur les trois boutons alignés desquels il ne sut quoi dire de leur utilité, hormis peut-être une pour allumer cette foutue radio.

Wayne tapa sur l'une sans obtenir d'effet particulier, tenta les deux autres mais préféra terminer son incursion dans la conclusion qu'elle ne marchait simplement pas.

Wayne se fendit d'un second soupir. « Vous écoutez quoi, a Bon Porte ? »

Wayne se tourna vers elle, interrogateur. Vicky n'avait pas bougée de la route, mais elle semblait avoir remarqué la détresse de son collègue sur le siège à côté d'elle. « Un peu de tout, dit-il honnêtement, Ça dépend surtout de mon humeur du moment. »

Il devina l'esquisse d'un sourire sur le profil de l'autre. « Et en ce moment, tu te sens comment ?

— Dans le besoin d'un café bien chaud » répliqua-t-il, nonchalant.

Le panneau de signalisation du district 13 fila au-dessus d'eux.

Le paysage urbain restait toujours aussi dense autour, et à l'altitude où ils étaient, Wayne n'arrivait pas à discerner l'apparence concrète des différents lieux traversés, même s'il s'efforçait à regarder en contrebas. « On n'est pas loin, de toute façon. »

Wayne leva un sourcil. Il commençait à bien la connaître. « Tu penses à quoi ?

— Ce n'est rien. »

Il la fixa un moment, intéressé. Wayne se remit en tête la discussion qu'ils avaient eu à la paroisse, souvenir qui lui arracha un sourire triste. « Comme tu veux, la radio est morte ? »

D'un geste habile, Vicky passa l'un de ses doigts à l'arrière de son volant alors qu'elle accélérait dans le dépassement d'un poids lourd dont Wayne s'étonna de sa capacité à voler à cette vitesse.

Instantanément, la radio s'alluma en affichant sur son écran la station numérotée 88.05, où une voix rauque déblatérait sur les cultures anciennes, notamment au sujet des coutumes maritales de l'époque, des rôles présupposés des partis, ainsi que des cadres que ces partis imposent.

Sans écouter un mot de plus sur les raisons de l'abstinence, Wayne frappa de son index le bouton qui lui permit de passer à une autre fréquence.

L'atmosphère finit par se détendre drastiquement sur une musique populaire légère et bon enfant, qui était apparemment la spécialité de la station Bonnes Heures 97.4.

Vicky soupira. « Ça fait combien de temps que je n'ai pas allumé cette radio ? dit-elle, à elle-même.

— Ça fait combien de temps ? »

Elle haussa les épaules, visiblement peu intéressée par la question. « Je n'en ai aucune idée, ça se pourrait même que je ne l'ai jamais utilisée. »

Le paysage se fit de plus en plus familier aux yeux de Wayne, alors qu'ils venaient de traverser le district 8.

Vicky finit par lever le pied et suivre à bonne distance la voiture qui les précédait. La circulation devenait toujours plus complexe à l'approche du centre-ville. « Enfin, peut-être une fois, murmura-t-elle, ça a souvent tendance à m'agacer. »

Wayne profita du ralentissement sur la route pour ouvrir la fenêtre de son côté, et laisser ainsi l'air frais les prendre aux poumons. « Je pensais que ça ne pouvait que détendre.

Les InnommablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant