Gaal gui (Le navire)

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Kadia

Je ne suis jamais allée chez Coumba avant cette fête d'anniversaire, même si Kany me demandait parfois de l'accompagner. La maison était grande et belle, mais je ne me sentais pas à l'aise pour autant. Il n'y avait heureusement que très peu de monde même si je choisis de m'assoir tout au fond du salon en manipulant mon téléphone. J'ai eu le temps de scruter la foule pour le voir mais il semble ne pas être arrivé pour le moment. Je me reconcentre sur mes messages en me demandant pourquoi Kany ne m'a pas répondu depuis ce matin.
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Kany

Hakil est revenu après une dizaine de minutes et m'a invitée à m'assoir après avoir refermé la porte derrière lui.

- Je suis désolé du comportement de Ouly, commence-t'il.

- . . .

- Tu m'écoutes ?

- . . .

Il se tourne carrément vers moi et me regarde dans les yeux.

- Khana dou ioe lay wakhal wala danga teukh (t'es sourde ou quoi) ?

- Je veux que tu m'expliques une bonne fois pour toutes Hakil, car je n'ai toujours pas saisi pourquoi ton amante me pourrit la vie.

J'avais parlé très calmement, mais l'expression de son visage avait totalement changé.

- Ne me regarde pas comme ça, LIEUTENANT (en mimant les guillemets avec mes doigts). Je sais tout ce que vous manigancez ! Damalen bayi si biir rek (j'ai juste fait la sourde oreille depuis) !

Il est toujours choqué de mes aveux car il se lève d'un coup et s'approche de l'un des hublots ouverts du "carré". Sa respiration semblait être devenue saccadée car je voyais son torse se lever et s'abaisser plus vite. Je m'approche de lui, inquiète.

- Hakil. . .je ne veux pas te tourmenter. . .dis-je en lui touchant le bras mais il me repousse assez brutalement.

- Donc pendant tout ce temps Kany, tu. . .tu nous as démasqués ? bégaie-t'il en me regardant avec de grands yeux.

Je ne répondis pas et me contente de lui tourner le dos pour aller me rassoir. Je n'ai pas envie de péter un câble. Je sens sa poigne ferme me retenir le bras et je me retrouve presque nez à nez avec lui. Ses yeux trahissaient une colère noire que je ne comprends pas.

Avait-il quelque chose à me reprocher ? Moi, la principale victime ?

- RÉPONDS-MOI !

- Hakil, ne recommence pas !

- Je vais pas te lâcher si tu t'entêtes à la boucler !

Un silence s'installe tandis qu'on se dévisage comme deux lions en furie. Il dessère peu à peu son étreinte et se prend la tête par les mains.

- Je ne te veux aucun mal. Et la dernière chose que je ferai, c'est de te chercher à ruiner ta carrière Hakil. Je ne supporte juste pas le comportement de cette méchante femme envers moi.

- A quel point tu en sais ? me demande-t'il en me regardant de nouveau.

- Pas plus que tu ne m'as déjà dit, répondis-je sincèrement. Calme-toi et trouvons un terrain d'entente.

Je repars me rassoir et tapote la place à coté de moi pour l'y inviter. Il hésite un moment, va coller son oreille contre la porte et me rejoint, la mine abattue. Je n'aimais pas le voir aussi faible. Il est très difficile à vivre, mais il n'était que la pauvre obsession d'une tarée de femme cougar et profiteuse.

- Comme je viens de te le dire, Hakil Diop, je ne suis pas à bord pour nuire à qui que ce soit. Tout ce que je veux, c'est un stage des plus tranquilles et productifs. est-ce trop demander ?