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Point de vue omniscient
Vendredi, 14 heures 32

Myriam et Fatiha s'étaient rendues à l'agence nationale de la marine marchande sénégalaise pour les formalités de stage. La grande sœur n'arrivait pas à être d'accord avec la cadette sur plusieurs points concernant le désir de cette dernière de côtoyer Hakil Diop son ex mari.

- Pourquoi diable faut-il que tu t'énerves sur tout ce que je te dis ? lui lance Myriam sous le coup de la colère. On s'est déjà mises d'accord sur mes raisons, sœurette !

- Je ne t'ai jamais donné mon accord, alors ne me fais pas dire ce que je n'ai jamais dit !

Myriam presse le pas vers le boulevard qui menait au bureau de l'administration. Sa sœur aînée la suit en soufflant de rage.

- Myriam, bon sang !

Elle fait la sourde oreille et franchit le seuil de la porte.

Une fois à l'intérieur, elle est menée au bureau du chargé des attestations. Une fois les démarches réglées, elle retrouve Fatiha qui l'attendait impatiemment à la salle d'attente.

Sans lui adresser le moindre regard, Fatiha se lève et la devance à la sortie.

- Sœurette ? la hèle Myriam d'une voix lasse.

Fatiha se retourne au bout d'un moment. Son visage est fermé.

- Qu'est-ce que tu me veux encore ?

- Que tu arrêtes d'être sur les nerfs pour si peu.

- Je ne suis pas sur les nerfs.

- Ce n'est pas ce que ton humeur massacrante montre.

Fatiha laisse échapper un long soupir. Elles sont maintenant au rond point qui fait face à la gare du train inter régional de Dakar. Quand elles se dirigent vers le parking qui longeait l'un des trottoirs, la petite sœur déverrouille sa voiture et elles s'y engouffrent en soupirant sous le contact de la climatisation.

- Mon histoire avec Hakil vient tout juste de commencer, continue Myriam tandis qu'elle faisait marche arrière pour sortir du parking. Personne ne m'empêchera de me venger. Même pas toi.

Le regard qu'elle lance à sa sœur est chargé d'une colère inouïe.

***
Le lundi après-midi, Demba se rend au point de rencontre convenu pour voir ses cousines.
Il appréhendait un petit peu ce moment mais voulait une bonne fois pour toute enterrer la hache de guerre.

La crêperie Chocolate Sarayi située au 95 avenue Place 52 à quelques minutes de marche de l'embarcadère est le lieu en question. Demba n'y est jamais allé mais Myriam lui a assuré un service de qualité. Elle lui a même envoyé des photos du menu.

Quand il pousse la porte d'entrée, une douce odeur fumante l'accueille aussitôt. Il balaie du regard la vaste salle et finit par apercevoir les deux jeunes femmes dans un coin.

Quand il s'avance vers elles, un sentiment de nostalgie le prend. Il sourit en venant à leur rencontre. D'abord surprise, Myriam lui tend joyeusement la main. Sa grande sœur en fait de même.

La gêne qu'ils craignaient entre eux n'a finalement pas lieu d'être. Comme au bon vieux temps, ils discutent de leurs familles respectives et échangent beaucoup de blagues. Myriam est un peu soulagée que leur cousin n'ait pas fait mention de ce qu'il lui reprochait jusqu'à maintenant. Elle décide d'aborder un sujet sensible quand le serveur a fini de prendre leurs commandes.

Elle se doutait bien que cela allait troubler, voire énerver Demba mais il fallait qu'elle obtienne dès maintenant son aide.

- Demba, commence-t'elle en essayant d'être la plus naturelle possible. Ton travail semble prendre tout ton temps, apparemment.

Gaal gui (Le navire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant