Gaal gui (Le navire)

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Saliou Fall
Mboro, Thiès

Je me réveille en sursaut en haletant. J'ai fait un cauchemar. Ces derniers jours, j'en fais beaucoup et cela m'étonne. Je soupire en allumant l'abat-jour et en m'épongeant le front avec un mouchoir. Quand je retrouve mes esprits, je bois une gorgée d'eau à la cuisine. Il fait une chaleur épouvantable même si la climatisation est allumée. Je n'y comprends plus rien.

- Saliou ? fait une voix du haut des escaliers qui mènent au salon.

- Maman, répondis-je à voix basse en quittant mon téléphone des yeux. Tu ne dors pas ?

Ma daronne descend vers moi et je vois mieux son visage. Il était inquiet.

- Tu es souffrant ?

- Non, je vais bien. Enfin, j'ai fait un cauchemar mais ce n'est rien d'alarmant.

Elle acquiesce et se dirige vers le réfrigérateur. Comme je retournait dans ma chambre au premier, elle m'interpelle une dernière fois.

- Fane nga tolou si limala wahone ? (Où est-ce que t'en es avec ce de quoi on avait parlé ?).

Je me retourne vers elle.

- Tu sais très bien que c'est compliqué d'épouser une fille en juste l'espace de trois mois, m'man.

- Quand il s'agit de forniquer, ce n'est pas aussi compliqué ? Je ne suis pas ton égale Saliou Fall.

Inutile de discuter davantage avec elle. Surtout à cette heure de la nuit où j'ai juste envie de replonger dans les bras de Morphée.

- Je trouverai une fille s'il plaît à Dieu, bougonné-je entre mes dents.

- J'aime mieux ça, réplique-t'elle d'une voix sévère.

Ma mère me menace soit gestuellement, soit en paroles, depuis le jour où elle a tout découvert sur mes agissements. Cela ne me dérange pas, elle en a le droit. Ce qui me dérange, c'est qu'elle ne veuille pas m'aider à récupérer Kany. C'est un peu injuste, vous ne trouvez pas ?

De toutes façons, je m'en fous de votre avis.

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Lieutenant Mar
Hann Maristes,

- Binetou, je t'ai dit que je suis en train de suivre un traitement sérieux qui n'a rien à voir avec cette sorcellerie que maman et toi me proposez !

Je suis presque en train de crier, tellement je suis remonté par l'entêtement de ma petite sœur. Elle fait mine de ne pas m'avoir entendu et s'assoit sur le sofa, à côté de mon père. Celui-ci tenait la télécommande de la télévision sans nous quitter des yeux, l'air étonné.

- Papa, tu es d'accord n'est-ce pas ? C'est maman qui m'a demandé d'aller chercher chez le marabout une corne de bœuf et des œufs. On ne veut que l'aider !

Je regarde mon père pour guetter sa réaction. Il parle toujours peu et est de loin plus sensé que ma mère.

- Ma fille, Bilal est avant tout ton frère et tu lui dois du respect. Il est ton aîné de dix ans.

Binetou fait une moue mais n'interrompt pas notre père.

- En plus de cela, il est formellement interdit de venir à bout d'une sorcellerie avec une autre sorte de sorcellerie, en islam. Ce n'est pas pour rien que je vous ai envoyé apprendre le Coran, poursuit mon père en posant ses yeux sur la corne que j'ai laissée tomber sur le tapis.

- Exactement papa, appuyé-je en la ramassant. Le Coran est le meilleur remède contre la magie et les djinns en général. Je sais que mon traitement prendra du temps mais je ne risque pas au moins d'encourir la colère d'Allah en consultant un marabout.