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Le marchand de glace nous donne une belle glace à la fraise et menthe mais Hakil ne voulait pas de la tienne alors je la prends volontiers sans plus insister. Il me regarde en fronçant les sourcils.

- Rew nga, beugue nga waneu, soff nga. (Tu es impolie, gourmande, embêtante).

- Je ne te permets pas.

- Ton humeur changeante m'énerve parfois. Je sais que je ne suis pas facile à vivre, Kany, mais tu dois comprendre que Ouly en est la principale cause.

Je suspends ma cuillère avec un petit rictus.

- Non ne l'accuse surtout pas ! Tu es un homme et de surcroît un musulman. Kham nga lou bakh ak lou bone Hakil Diop ! Oulimata ak loum meuneu def ioe yako wara tek si yone bou dioup afin qu'elle ne nuise à personne.
(Tu sais pertinemment discerner le bien du mal Hakil Diop ! Malgré tout ce que Oulimata peut faire comme bêtise, il est de ton devoir de la remettre sur les rails afin qu'elle ne nuise à personne.)

Il ne dit rien pendant un moment. Sans doute mes paroles l'avaient enfin touché.

- Tu as raison, fait-il finalement en tout observant ses mains avec intérêt. Mais ce que tu ignores, c'est que Ouly est le second capitaine à bord et je ne suis que le lieutenant.
Même s'il te semble que c'est moi qui lui donne des ordres, c'est loin d'être le cas, explique-t-il en me voyant plisser les yeux.

- Ah ouais ?

- Oui. Elle a le pouvoir de demander mon débarquement ou au moins, l'influencer, continue-t'il. Je dois m'y prendre autrement pour lui régler enfin son compte et lui rendre la pièce de sa monnaie.

Je secoue catégoriquement la tête.

- Je ne te demande pas de lui "régler son compte" ou de lui "rendre la pièce de sa monnaie", mais plutôt de faire en sorte qu'elle ait une meilleure attitude envers moi.

- Parce que tu te crois être la seule victime dans toute cette histoire ? questionne-t'il irrité.

- Voilà, ça recommence ! On ne me peut même pas discuter un moment que tu hausses le ton !

- Je suis désolé.

Il adopte une petite mine de chien battu. Je l'observe sans broncher.

- Et avant tout ça, j'aimerais connaître les raisons qui t'ont poussé à t'intéresser soudain à moi, lâché-je sans détour.

La surprise se lit sur son visage. Il réfléchit un bref instant.

- J'ai commencé à avoir ce que je n'ai pas eu depuis tout ce temps.

- Et c'est quoi ?

Il me fixe du regard avec une expression que je n'arrive pas à déchiffrer. Nous étions retournés dans sa voiture après que j'aie récupéré ma glace et la sienne commençait déjà à fondre.

- Tu vas salir ma bagnole !

- Aide-moi à ne pas le faire en mangeant ta foutue glace !

- Tu es incorrigible mais donne.

Il récupère sa glace en grimaçant de dégoût.
Mon téléphone se met soudain à sonner. J'écarquille les yeux en voyant que c'est Amadou et qu'il doit sûrement s'inquiéter de ne pas avoir de mes nouvelles depuis tout ce temps. Il est presque seize heures. Je décroche sous le regard intéressé de Hakil qui suçait sa glace en faisant un bruit irritant.

- Amadou ! Je t'avais complètement zappé, excuse-moi !

- Ne me dis pas que tu n'as même pas quitté le navire, sœurette ! Ou sinon je te retrouve là-bas et ça va barder ! dit-il d'un ton moqueur.

Gaal gui (Le navire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant