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Kany

Je suis fatiguée et j'ai grave envie de rentrer mais il n'est que 19hres. Après avoir fait nos ablutions, nous faisons la prière derrière les adultes les mamans, Kadia et moi.
Peu après qu'elle soit finie, une sonnerie retentit depuis la porte. Saliou se lève précipitamment pour ouvrir.

- Assalamoualaykoum ! lance timidement la voix de Aladji.

Je suis surprise de voir Coumba avec lui.
Et très élégante dans sa camisole et jupe de même couleur beige. Je me rends compte qu'elle me manque terriblement.

- Aksi len ak diam ! ( soyez les bienvenus ! ) annonce madame Fall après les salutations d'usage.

Ma meilleure amie se met alors en face de nous sans nous adresser un seul regard à Kadia et moi.

- Arame, va donc aider Bintou à la cuisine ! propose madame Fall à sa fille. Le dîner sera plus rapidement servi.

Elle s'exécute.

Je suis embarrassée par cet atmosphère soudain tendu entre Coumba et moi donc je m'excuse et sors prendre l'air. Je me balade dans le petit verger dans la cour arrière en répondant au message de Hakil.

** Oui boy ! **

Heureusement, il est en ligne en ce moment. J'ai besoin de me confier à quelqu'un pour diminuer le stress qui me ronge.
Cependant, il ne lit pas encore le message.
Même après cinq minutes. Je me dis avec un pincement au cœur qu'il doit être occupé ou qu'il me fait juste la gueule parce que j'ai tardé à lui répondre. Je soupire et rentre à l'intérieur après avoir encore tourné en rond en attente de sa réponse. Toujours rien de lui.
Je résigne à garder mon mal en patience et à bien passer le reste de la soirée. Je ne peux pas laisser un inconnu gâcher mon mood.

Le dîner est rapidement servi et on se met tous autour d'un bon plat de méchoui de viande d'agneau fumant et chatouillant les narines délicieusement. Les hommes avaient leur repas séparément. Coumba se concentrait à manger et à discuter avec Arame. Je ne sais pas depuis quand elles se sont réconciliées, car ma meilleure amie ne supportait pas Arame auparavant.

De mon côté, j'entendais de temps à autre Kadia me parler de faire cette recette à la maison un de ces jours mais mes pensées étaient bien ailleurs, à me demander pourquoi Hakil me faisait autant d'effet alors qu'on vient à peine de se rencontrer.

Il n'a toujours pas lu mon message. Je me sens soudain seule et bête. Tout simplement parce que je suis ces genres de personnes qui s'attachent trop rapidement à une personne.
J'aurais dû apprendre de ma mésaventure passée avec Saliou. D'ailleurs ce dernier ne m'a heureusement pas calculée toute la soirée et je le remerciais intérieurement de ne pas me rajouter de stress.

Je me lève soudain et m'excuse pour partir me rincer la main à la cuisine.
Madame Fall s'inquiète que je n'aie pas beaucoup mangé et maman me toise de son regard inquiet et menaçant à la fois.

- Bilay lekk na ba sour (  j'ai bien mangé ).
Le dîner est délicieux ! Ça doit être le thé qui m'a un peu engourdie, dis-je en revenant m'asseoir.

Saliou me dévisageait calmement. Je veux lui faire un doigt d'honneur mais me retiens et souris à son encontre. Je ne veux pas lui donner cette satisfaction.

Lorsque le dîner est enfin terminée, je me décide à casser le froid entre ma meilleure amie et moi. Elle évite encore mon regard et je ne le supporte plus. Je lui envoie un message pour qu'elle me rejoigne dehors avant de l'y précéder.
J'étais là dans le petit verger à l'attendre sans trop croire qu'elle allait se présenter facilement. Connaissant le caractère de Coumba, je ne porte pas trop d'espoir qu'on se réconcilie ce soir mais bon, faisons un petit pas en avant.

Gaal gui (Le navire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant